Hommage à grand-papa

Pour lui, la suite pour le Québec était l’indépendance.

Tribune libre 2008

En 70, mon grand-père avait 40 ans. Il vivait de jobines, nourrissant ses
cinq enfants et sa femme avec un véritable salaire de misère.
Durant sa vie, mon grand-père a eu deux grands rêves.
Le premier, c’était d’avoir sa terre, de pouvoir la cultiver. Il avait
d’ailleurs suivi son cours d’étude agricole. Plusieurs fois, celui-ci eut la
chance d’avoir une petite terre. Sauf qu’il était beaucoup trop fier pour
ne posséder qu’une parcelle de ce qui constitue une véritable culture
agricole. Il a attendu toute sa vie, essayant de se garder de l’argent pour
trouver la terre idéale. C’était un vrai connaisseur de la faune et de la
flore du Québec. Il a défriché, comme mes ancêtres, la région du
Lac-St-Jean. Mon grand-père a toujours travaillé en forêt .Bref ce petit
gars du Lac aimait son patrimoine, la nature.
Je m’amuse quelques fois à fouiller dans sa bibliothèque. À la voir, on
sait qu’il a lu beaucoup sur l’histoire du Québec.
Malgré sa 10ieme année, il suivait la politique du temps. Ne lui parler
pas de Trudeau, il l’aime autant (sinon moins) que les Canadiens. Dans ma
famille, on prend contre Montréal. Il n’y a rien à faire. Depuis le départ
des Nordiques, ils n’ont jamais rien voulu savoir des Canadiens de
Montréal.
Il avait bien beau avoir des intérêts personnels, mon grand-père voulait
le mieux aussi pour sa patrie. Il n’a pas fait de grandes études, ni été
partout dans le monde pour constater que les nations vivent libres, sans
subordination. Ça ne l'a pas empêché non plus d’adhérer à l’idée qu’une
nation a de nombreuses ambitions et que ce n’était pas avec le Canada qu’on
allait les réaliser. Il a même osé adhérer au Parti Québécois en 74.
Sa vie, il l’a fait pour sa famille, pour sa nation. Malgré le fait que
dans ma généalogie, on ait des racines irlandaises et amérindiennes, on
peut se considérer comme de vrais Québécois. Ne dit-on pas que l’habit ne
fait pas le moine?
Pour lui, la suite pour le Québec était l’indépendance.
Pendant des années, il a attendu leurs réalisations; ses grands rêves.
Mais, pour la plupart, il n’a pu les réaliser.
Puis, Il y a près de deux semaines, mon grand-père a été diagnostiqué
Alzheimer. Cela faisait déjà quelques mois que notre famille sentait qu’il
y avait quelque chose. Mais, fier comme il est, il n’a jamais voulu aller
voir le médecin. Maintenant, on ne peut retourner en arrière. On espère
seulement que tout finira sans trop s’éterniser. Car il y a pire que d’être
mort, c’est de ne plus savoir qui l’on est, qui on a été.
Je vais me souvenir grand-papa.
Simon Duchesne,
Membre du P.I.
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