Expo 67 et la francophonie

97ddecb72ef1e40c2ef62fe475d4604c

Coup de pouce à la francophonie






Si le Québec dispose d’une voix audible sur le plan international, par lui-même et à travers la francophonie, c’est largement grâce à Expo 67, dont on célèbre le cinquantième anniversaire cette semaine.


 

Car les six mois de cette Exposition universelle, qui a battu tous les records, ont transformé le Québec et le monde francophone. La Biosphère, Habitat 67 et quelques autres vestiges ne sont que le pâle reflet de cet événement de portée planétaire.


 

La connexion francophone d’Expo 67 était particulièrement forte. Ainsi, parmi les 62 pays participants, au moins 21 étaient francophones, soit le tiers. Et cette francophonie pesait particulièrement lourd parmi les 5 premiers pays signataires (Canada, Grande-Bretagne, Belgique, France, Maroc). Par comparaison, 16 pays participants émanaient du Commonwealth, dont 3 (Canada, Cameroun, Maurice) qui sont également francophones.


 

Les organisateurs ont largement profité de l’émergence des réseaux francophones. J’irais même jusqu’à dire que, sans ces réseaux, il n’y aurait jamais eu d’Expo 67.


 

Pour la petite histoire, rappelons que la ville hôtesse de l’Exposition universelle de 1967 aurait dû être… Moscou, à l’occasion du cinquantième anniversaire de la Révolution russe. En novembre 1960, le Canada avait bien été candidat devant le Bureau international des expositions (BIE) à Paris, mais celui-ci lui avait préféré l’URSS par un vote de 16 à 14 au quatrième tour. Or, 18 mois plus tard, en avril 1962, les Soviétiques se désistent — officiellement pour des raisons de coûts ; officieusement par crainte de la contre-propagande capitaliste.


 

Dès lors, les réseaux francophones se mettront en branle. C’est grâce à un télégramme du distributeur en vin Georges Marchais à son ami Jean Drapeau que le maire de Montréal sera le premier au Canada à apprendre la nouvelle du désistement soviétique. Et Drapeau, en plus de persuader le premier ministre Diefenbaker de relancer la candidature canadienne, convaincra la direction du BIE de ne considérer qu’une seule candidature. Et c’est encore Drapeau qui organisera un système de courrier informel en mobilisant les pilotes d’Air France qui feront le convoyage des documents de candidatures entre Montréal et Paris.


 

Sage-femme


 

Si la francophonie a bien servi Expo 67, le contraire est aussi vrai. Et c’est particulièrement évident au Québec, où l’Expo a précipité la création du ministère des Relations internationales et de la Francophonie le 14 avril 1967, à seulement deux semaines de l’ouverture de l’événement !


 

Cette date se range d’ailleurs parmi les faits qui m’ont le plus frappé concernant la nouvelle exposition du Musée de la civilisation : Le Québec et le monde : 50 ans d’action internationale.


 

Convenons que le rôle d’Expo 67 fut celui de sage-femme plutôt que de génitrice. Car l’action internationale du Québec avait débuté en fait bien avant, dès la fin du XIXe siècle, avec l’installation d’« agents généraux » à New York, Paris, Londres et Bruxelles. Et en 1961, le gouvernement du Québec ouvrait une maison du Québec à Paris. Dès 1965, Paul Gérin-Lajoie avait défini les objectifs d’une action extérieure encore informe, mais c’est Expo 67 qui a fourni au Québec le motif pour réaliser cette ambition.


 

Expo 67 sera la première grande opération du jeune ministère. Selon Anik Dorion-Coupal, chargée de projet au musée et qui a brillamment relevé le défi de raconter un sujet plutôt ésotérique, « il est passé plus de 60 chefs d’État et de gouvernements à l’Expo, soit un tous les trois jours en moyenne. Et le ministère a pu rencontrer plus de 800 journalistes. » Sans oublier le fameux « Vive le Québec libre ! » du général de Gaulle, prononcé à l’hôtel de ville de Montréal fin juillet 1967, la veille de sa visite à l’Expo, et qui a déclenché un véritable séisme diplomatique suivi d’un tsunami politique.


 
> Lire la suite de l'article sur Le Devoir



Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->