Des cours de français au travail pour les immigrants

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Le français à Montréal


La ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles, Yolande James, lancera au cours des prochains jours une offensive pour renforcer la francisation des immigrants des les milieux de travail. (Photo La Presse)

Tommy Chouinard - Au moment où beaucoup de nouveaux arrivants travaillent en anglais, le gouvernement Charest réanimera un programme de francisation des immigrants dans les entreprises, moribond et négligé depuis des années, a appris La Presse.

Québec tente de rejoindre les milliers d'immigrants allophones qui, chaque année, boudent les cours de français offerts par l'État ou les abandonnent après avoir décroché un emploi.
Les allophones immigrés récemment qui utilisent surtout l'anglais au boulot sont aussi nombreux que ceux travaillant en français, selon les études les plus récentes. L'anglais a gagné du terrain au cours des dernières décennies.
La ministre de l'Immigration et des Communautés culturelles, Yolande James, lancera au cours des prochains jours une offensive pour renforcer la francisation des immigrants dans les milieux de travail, ce qui fait actuellement défaut. Cette mesure sera au coeur de son plan sur l'intégration des nouveaux arrivants. Son annonce surviendra après des semaines de controverse entourant l'état du français au Québec, à Montréal en particulier.
À l'heure actuelle, Québec offre bien peu de cours de français dans les entreprises par l'entremise de son Programme d'intégration linguistique pour les immigrants (PILI). Douze entreprises - de l'hôtellerie, de la pharmaceutique et du textile par exemple - participent à ce programme en ce moment. À peine 387 travailleurs immigrants sont inscrits aux cours de français.
Le budget consacré à la francisation en milieu de travail se chiffre à 200 000$ seulement. Il s'élevait à près de 2 millions de dollars au début des années 2000, un effort qui était jugé insuffisant à l'époque. La francisation en milieu de travail est si négligée que le MICC n'en fait même pas état dans ses rapports de gestion.
L'offensive du gouvernement Charest vise notamment les entreprises qui comptent entre 25 et 50 employés. Les entreprises de cette taille, où se concentre une forte proportion d'immigrants, échappent à plusieurs dispositions de la loi 101. Seules celles de plus de 50 employés sont obligées d'adopter un programme de francisation en vertu de la Charte de la langue française. Elles doivent utiliser le français comme langue de travail et de communications internes.
Le gouvernement Charest refuse d'amender la Charte pour inclure les entreprises de moins de 50 employés. Avec son programme de francisation en milieu de travail, il veut intervenir dans ces entreprises sans avoir à rouvrir la loi 101. Mais le gouvernement ne forcerait pas les entreprises à participer au programme. Il tenterait plutôt de persuader celles qui emploient plusieurs immigrants d'y prendre part.
Les 12 entreprises qui participent au PILI ont décidé de le faire après avoir été approchées par le ministère de l'Immigration et des Communautés culturelles (MICC) ou avoir interpellé elles-mêmes le Ministère.
L'entreprise fournit un local pour les cours de français. Le Ministère leur envoie un professeur pour enseigner aux immigrants. C'est l'État qui paie son salaire. Les cours se tiennent sur l'heure du midi ou en fin de journée, après le travail. Ces cours à temps partiel durent entre 4 et 12 heures par semaine environ.
En 2006, 42% des immigrants arrivés au Québec n'avaient aucune connaissance du français, c'est-à-dire 19 000 des 45 000 nouveaux arrivants.
Selon le MICC et des spécialistes de l'immigration, entre 30% et 40% de ces 19 000 nouveaux arrivants - de 5700 à 7600 personnes - boudent les cours de français offerts par l'État dans les établissements scolaires et les organismes communautaires. Et plus du tiers des 9800 étudiants inscrits aux cours à temps plein chaque année les abandonnent avant même d'avoir terminé leur formation. Bien souvent, c'est parce qu'ils ont obtenu un emploi.
La stratégie de francisation adoptée par l'État jusqu'ici n'est pas adaptée à cette réalité. Elle comporte des failles que Yolande James a l'intention de corriger. Son cabinet a confirmé l'information obtenue auprès de plusieurs sources.
Selon un rapport de Statistique Canada publié en 2003, mais basé sur les données du recensement de 2001, 42% des allophones immigrés entre 1996 et 2001 utilisent surtout l'anglais au travail contre 43% qui travaillent surtout en français.
L'organisme doit présenter de nouvelles données sur la langue de travail, basées sur le recensement de 2006, au début du mois de mars.
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