EMPLOI

Décembre déçoit au Québec et au Canada

Les perspectives sont bonnes pour 2015, mais la chute des prix du pétrole risque de modifier le portrait du marché du travail

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La gestion Libérale fait la preuve de son ineptie

Après un sursaut chaudement accueilli en novembre, le marché de l’emploi québécois a de nouveau reculé en décembre avec la perte de 6700 postes et clôt ainsi l’année 2014 en terrain négatif. La baisse de l’emploi à l’échelle du Canada a également déçu les analystes, qui gardent malgré tout espoir pour 2015.

Les données publiées vendredi par Statistique Canada indiquent qu’il s’est perdu 4300 emplois au Canada en décembre, bien loin de l’augmentation de 15 000 postes anticipée par les économistes. La création de 53 500 emplois à temps plein a été annulée par la diminution de l’emploi à temps partiel (-57 700). Le taux de chômage s’est toutefois maintenu à 6,6 %.

De son côté, le Québec n’a pas été en mesure de profiter de l’élan du mois de novembre (+19 600 emplois). Il a connu un sort semblable à celui du Canada en perdant 6700 emplois en décembre. Les 16 900 postes à temps plein créés ont été contrebalancés par la perte de 23 600 emplois à temps partiel. Le taux de chômage a diminué de 0,1 point en raison de la baisse de la population active, pour s’établir à 7,5 %.

« Décembre s’affiche comme un mois terne au chapitre de l’emploi au Canada. On se serait attendu à plus de mouvement compte tenu de la force qui caractérise le marché du travail et l’économie chez nos voisins américains depuis plusieurs mois », souligne l’économiste principale chez Desjardins, Joëlle Noreau.

La publication des dernières données mensuelles de 2014 permet de dresser un premier bilan des douze derniers mois. Il s’agit d’un portrait provisoire puisque Statistique Canada dévoilera des chiffres révisés le 28 janvier.

La comparaison des données de décembre 2013 et décembre 2014 révèle que le marché de l’emploi canadien a fait le plein de 185 700 postes en 2014 (+1,0 %), tous à temps plein, surtout grâce aux hausses enregistrées au cours des six derniers mois. Le Québec a quant à lui perdu 15 800 emplois, la majorité à temps plein.

En calculant la moyenne annuelle de création d’emplois en 2014, on constate que 141 000 postes ont été créés au Canada et 2300 ont été perdus au Québec.

L’année 2014 se termine « sans éclat » au Canada, souligne Mme Noreau, qui estime toutefois que les perspectives sont positives pour 2015. Elle estime que l’amélioration de la conjoncture économique américaine et canadienne, combinée à la faiblesse du huard, favorisera les échanges avec les États-Unis. « Toutefois, la baisse des prix du pétrole pourrait limiter les gains escomptés, notamment dans l’ouest du pays, prévient-elle. Cette nouvelle donne changera également l’équilibre des forces entre les provinces et le portrait du marché du travail pour l’année qui vient. »

Selon l’économiste de la Banque TD Jonathan Bendiner, le marché de l’emploi canadien profitera cette année de l’impulsion de la seconde moitié de 2014. En revanche, le secteur des exportations n’a pas un aussi grand potentiel de création d’emplois que celui du pétrole, fait-il remarquer.

De la même façon, l’économiste principal de la Banque Nationale, Matthieu Arseneau, croit que la faiblesse des prix des matières premières ne permettra pas aux provinces de l’Ouest de créer 71 % des emplois au pays, comme ce fut le cas en 2014. « Même si le centre du Canada devient le moteur de la croissance en 2015, nous pensons que le rythme de création d’emplois ralentira à 150 000 cette année », dit-il.

Réactions opposées

Sur la scène québécoise, les partis politiques ont interprété les données de l’emploi à leur façon. Le porte-parole de la Coalition avenir Québec en matière d’économie, André Lamontagne, juge que 2014 a été une année « désastreuse » pour le Québec. « Le gouvernement libéral affirmait, en décembre, que la situation économique du Québec s’améliorait et que les indicateurs étaient au vert. Il faut se rendre à l’évidence que ce n’est toujours pas le cas. »

De l’avis du Parti québécois, l’« effet libéral » promis en campagne électorale ne se matérialise toujours pas et la stagnation de l’emploi nécessite le dépôt immédiat d’un plan d’action.

Le gouvernement libéral préfère de son côté mettre en évidence la création nette de 14 000 emplois depuis son arrivée au pouvoir en avril — ce qui est vrai lorsqu’on compare les données d’avril et de décembre 2014. « Malgré tout, nous sommes conscients des défis auxquels nous faisons face et nous devons maintenir nos efforts pour que davantage de personnes puissent trouver des emplois », admet le ministre de l’Emploi, François Blais.

Le ministre des Finances, Carlos Leitão, affirme pour sa part que les indicateurs économiques sont effectivement au vert et que la croissance va continuer de s’accélérer au cours des prochains mois.


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