Pauline Marois était dans l’eau chaude jusqu’au cou, et voilà que cette même eau continue à monter, toujours plus chaude.
La présente vague de mécontentement vient du caucus cette fois-ci. Et ça, c’est plutôt mauvais signe pour la chef.
« Elle ne pogne pas ». C’est vrai qu’elle ne pogne pas. Allure bourgeoise détestée par le citoyen dit « ordinaire », plan Larose édulcoré, épine du couac de l’amphithéâtre de Québec bien plantée dans le pied, démissions intempestives, montée de Legault, back lash du 2 mai, caucus divisé, tout converge pour lui indiquer la sortie. Si elle quitte, elle ne pourra pas le faire dans la dignité. L’humiliation sera à son comble, comme l’a vécu Boisclair. Pourtant, je suis de ceux qui considèrent qu’elle ne mérite pas une telle fin.
Je respecterai toujours cette femme
Il y a quelques mois à peine, le PQ dominait les sondages. À 35-36%, ce n’était pas faramineux, mais on pouvait espérer voir le PQ prendre le pouvoir avec une députation assez solide, de par sa compétence. Par ailleurs, Pauline Marois avait réussi à remettre sur pied un parti lourdement endetté. Elle a au moins réussi cela, et c’est tout à son honneur. Elle a aussi sauvé les meubles en 2008, ne l’oublions pas. Mais tout s’est écroulé à partir du 2 mai.
Legault y est pour quelque chose dans cette descente en vrille, certes, mais cela confirme surtout que les Québécois allaient voter PQ en se pinçant le nez. L’option souverainiste en serait-elle la cause? Pas vraiment, si on fie aux sondages. Mais on le sent bien : la souveraineté n’est plus considérée comme une priorité par une bonne part des souverainistes eux-mêmes, surtout parmi ceux dont les valeurs portent plus à droite. D’où l’engouement pour Legault, cela en dépit que plusieurs parmi ceux-là ont voté NPD. Au cynisme de l’électorat s’ajoute la confusion. Pas facile de trouver la ligne directrice qui nous fera sortir du bourbier dans une telle situation.
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Donc, Pauline Marois ne pogne pas. Le PLQ est ostracisé, en perte de crédibilité grave. Rien n’y fait : on lui préfère Legault, même si son futur parti ne sera rien de plus qu’une imitation d’un PLQ d’une autre époque.
Je n’ai jamais critiqué ouvertement Pauline Marois sur ce site. Tout au plus ai-je dit que le nouveau programme était une version amoindrie du plan Larose. En rabaissant la barre, on se place dans une position de gestion provincialiste du genre « on jappe, mais la caravane passe ». J’ai senti que la volonté politique n’y était pas. Au mieux, pouvions-nous espérer un certain redressement de l’État. C’est bien, mais pas suffisant. On a qu’à regarder aller la droite idéologique bien installée à Ottawa pour comprendre. Quant au NPD, j’estime, comme Françoise David de QS, qu’il est pour le moins très décevant. Quiconque suit l’actualité le voit bien.
Aujourd’hui, je le dis : il est préférable que Pauline Marois quitte la direction du PQ. Il est clair que le mouvement souverainiste -celui toujours actif- et tout ce qui se trouve à la gauche du centre s’en va directement à l’abattoir. Je suis pour une coalition PQ-QS, mais dans l’ordre actuel des choses, cette coalition pourrait tout au mieux obtenir le statut d’opposition officielle par la peau des dents, compte tenu que le PLQ, même avec seulement 22-23% du vote exprimé, aura toujours sa bonne part de députés (la fameuse prime aux urnes, comme le disait Robert Bourassa). Legault au pouvoir, avec un PLQ en back up, la belle affaire…
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Quoiqu’il advienne, la crise au PQ n’est pas terminée. Même si Pauline Marois tire sa révérence. Restera en son sein les forces du statu quo qui tenteront de résister aux générations (et aux idées) montantes. Néanmoins, mieux vaut aller jusqu’au bout maintenant, sans compromission. Une course à la chefferie s’impose, avec tous les risques que cela comporte. Je l’ai répété à maintes reprises : nous sommes entrés dans une nouvelle ère, et le PQ doit évoluer ou disparaître. Darwinisme politique oblige, à la différence que cette évolution rendue nécessaire ne sera pas le fruit du hasard, mais bien le résultat d’une action consciente.
Les candidats d’envergure sont rares. Certains avancent des noms : Duceppe, Drainville, Curzi, voire Aussant ou Beaudoin. Duceppe, dans un autre contexte, aurait pu être le candidat idéal, mais je crains que ce ne soit plus le cas aujourd’hui. Si c’est pour que le PQ demeure ce qu’il est devenu, si ce n’est que pour arracher des votes par-ci par-là et si ce n’est que pour nous amener à jouer à l’intérieur des mêmes paradigmes partisans, alors je dis non. Je respecte toutefois l’homme et ses convictions. Si jamais il décide d’y aller, il devra démontrer sa capacité d’agir en homme d’État, et aussi en tant que rassembleur.
Mais au moment où l’on se parle, rien n’est joué. Il est possible que Pauline Marois persiste et signe, quitte à démobiliser pour de bon les militants et un caucus en bonne partie persuadé de son anéantissement. Qu'on me comprenne bien: je ne suis pas un anti Marois. Cette femme mérite le plus grand respect. La situation actuelle m'oblige cependant à prendre position, non pas contre elle, mais en regard des tâches essentielles à accomplir. J'aimerais qu'elle demeure avec nous, je sais pourtant que cela lui sera impossible si elle accepte de s'éclipser. Trop dur le rejet quand on a consacré sa vie à bâtir le Québec. Ce sera une grande perte.
Alors, qui a la stature, tout en étant assez suicidaire, pour prendre la direction de ce parti?
S’il n’y a personne, et considérant l’horreur de la débandade à venir advenant l’impossibilité de créer une coalition un tant soit peu fonctionnelle, alors il faudra tout recommencer à la dure. Longue vie, donc, aux provincialistes «lucides » dédiés à la gestion de la décroissance de la nation.
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L'état de la nation m'oblige à prendre position
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1 commentaire
François Ricard Répondre
27 octobre 2011Il faut profiter de l'occasion pour faire la coalition des forces souverainistes. Une fois l'indépendance obtenue, les différentes chapelles pourront reprendre selon leurs objectifs propres.
Un peu de bonne volonté, un leadership clairvoyant dans chacune des chapelles existantes pour créer le front commun et une course à la chefferie similaire à la primaire du PS français où le grand public pourra faire connaître son choix. Nous avons des candidats de valeur: Drainville, Aussant, Lisée, et même Khadir qui vient dès ce jour de faire une belle déclaration pour l'indépendance dans le sein de l'Assemblée nationale.
Et voilà qu'en avril prochain nous serions prêts à affronter Charest, Legault et tous les autres.
Il faut nous rendre compte qu'il y a urgence en la demeure. Ces pourpalers, il faut les mettre en marche dès maintenant.