Le plan Marois est un plan d’«affirmation nationale»

PQ - post-Marois

Lors du XVe congrès national du Parti québécois tenu à Québec les 3, 4 et 5 juin 2005, les 3,500 délégués demandèrent de présenter à l’électorat un «projet de pays», accompagné d’un référendum «dès que possible» sur la souveraineté et cela, durant le premier mandat.
Par la suite, Bernard Landry, suivi de son successeur André Boisclair,
participèrent, en 2003 et en 2007, à une élection générale, sans tenir
compte des décisions du congrès de 2005. Ils dirigèrent le PQ avec un
programme d’«affirmation nationale», ignorant totalement l’article I du
programme officiel de leur parti qui demandait de travailler à «réaliser la
souveraineté du Québec». Le programme adopté au Congrès général de 2005 fut
complètement ignoré pendant la campagne de 2003 et 2007, mais les chefs ne
le déchirèrent pas publiquement. Ils n’en parlèrent tout simplement pas.
Lors d’un conseil national tenu rapidement après son arrivée à la tête du
PQ en 2007, Pauline Marois proposa de modifier l’article I du programme
officiel du parti de René Lévesque, sans passer par les instances suprêmes
d’un Congrès général. Les mots «réaliser la souveraineté du Québec» furent
biffés du programme officiel du PQ et furent remplacés par les
mots suivants : «faire progresser le Québec en « attendant » son accession au statut de pays».
De plus, elle suspendit l’obligation de tenir, «dès que
possible», durant le premier mandat, un référendum sur la souveraineté du
Québec. Elle remplaça le tout par une expression fort ambiguë : « la
gouvernance souverainiste».
***
Le plan Marois est un plan d’«affirmation nationale» comme celui présenté,
en 1985, par l’ancien chef du PQ, Pierre-Marc Johnson. On peut le résumer
en quatre points (voir à cet effet les articles de Me Pierre Cloutier):

- freiner et combattre les ingérences provinciales ;
- assumer tous les pouvoirs provinciaux du Québec ;
- revendiquer de nouveaux pouvoirs à Ottawa;
- occuper tout l’espace politique dans les compétences partagées.


Le Parti
libéral, l’Action démocratique du Québec peuvent, à des degrés divers,
revendiquer toutes ces choses à l’intérieur du fédéralisme actuel.
Comment cette mutation du PQ s’est-elle opérée ? Elle s’est réalisée tout
en douceur, lors d’un Conseil national du Parti québécois tenu quelques
mois après l’élection de Pauline Marois à la tête du PQ. 250 délégués,
réunis en Conseil national spécial (pas un Congrès national) décidèrent
(vote unanime), de jeter à la poubelle, pour une troisième fois, l’article
I du programme de leur parti avec l’approbation du nouveau chef. C’était du
jamais-vu dans l’histoire du parti. Le Parti québécois a toujours travaillé
en zigzag. Depuis sa création, le parti, sous l’égide de différents chefs
(une exception : Jacques Parizeau, et encore !) ont toujours fait passer le
pouvoir avant la cause.
Je reviens à ce célèbre Conseil national. 250 personnes décidèrent, «en
bloc», de rejeter la décision prise au Congrès de juin 2005 (3,500
délégués) et de faire disparaître l’article I, article fondateur du parti
de René Lévesque. Les délégués du Conseil national acceptèrent de voter un
plan qui allait à l’encontre des orientations générales de leur parti et
qui, de plus, bafouait les articles 90-107 des statuts et règlements du
parti qui stipulent que seul un Congrès général peut modifier l’orientation
générale du parti. Le «décret» Marois tomba et tous les délégués
applaudirent le geste le plus anti-démocratique qu’un parti peut faire :
bafouer ses propres règles.
Le PQMarois, au dernier Congrès des membres tenu en avril 2011 (le PQ
n’avait pas tenu de congrès général depuis six ans), a entériné la position
de ce tragique Conseil national. Le PQ n’est donc plus un parti
indépendantiste (dois-je vous l’écrire en lettres de 30 pieds de hauteur
?). Il est devenu, sous la gouvernance de Pauline Marois, un parti
«nationaliste». Il ne veut plus «réaliser la souveraineté du Québec», comme
le stipulait le programme officiel des années antérieures, mais il veut
«faire progresser le Québec, en attendant son accession au statut de pays».
Plus question de faire une élection sur le thème de l’indépendance
nationale ; plus question de présenter les paramètres d’un Québec
indépendant ; plus question de tenir un référendum, dès que possible, lors
du premier mandat.
Les indépendantistes ont été trahis, une fois de plus, par un chef qui ne
croit pas à la cause de l’indépendance du Québec. Les indépendantistes
doivent savoir qu’en votant la prochaine fois pour le PQMarois, ils
voteront pour demeurer dans le Canada.
S’ils veulent autre chose, ils doivent déserter cette formation politique
et aller besogner ailleurs. Il n’est pas trop tard pour recommencer. Mais,
y aura-t-il suffisamment de soldats pour suivre le chef d’un parti dont la
cause sera prioritaire et non le culte immodéré de sa personnalité.
Nestor Turcotte
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10 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    1 novembre 2011


    Je suis d'accord avec vous. J'ai proposé à plusieurs reprises une élection référendaire radicale à Madame Marois et au PQ et je n'ai reçu aucune réponse.
    Le 30 novembre prochain, mon prochain livre intitutulé: Défense territoriale pour la nation et l'État du Québec sera lancé à 17h à la Maison Ludger Duvernay. C'est un
    travail institutionnel qui a pour de jeter les bases géopolitiques et politiques du programme de défense territoriale du Québec et je sais ce que je fais.
    J'ai invité Madame Marois à ce lancement. Est-ce qu'elle
    viendra?
    Vous êtes tous invités. Je n'ai pas travaillé pour rien,
    je vous assure.
    JRMS

  • Archives de Vigile Répondre

    29 octobre 2011

    Monsieur Turcotte,
    Madame Marois et la quasi totalité des députés qui siègent présentement tout parti confondu n'ont aucune crédibilité et agissent simplement comme des valets des forces de la finance et des affaires.
    Vous rappelez-vous de l'appui presqu'unanime à cette motion en mai dernier:
    "L’Assemblée nationale rappelle que « le Québec a été et continuera d’être un allié de l’ensemble de la communauté internationale en matière de sécurité et plus particulièrement face à la menace terroriste ».
    Elle salue aussi « la persévérance des États-Unis et de ses alliés dans la recherche d’une plus grande sécurité à l’échelle mondiale ».
    Enfin, elle « souligne l’importance de demeurer vigilant et réitère son appréciation de la contribution des Québécoises et des Québécois déployés en Afghanistan »".
    Il n'y avait que Khadir pour voter contre. En effet, je connais des gens peu éduqués qui savent eux que cette guerre au terrorisme est une guerre-bidon. Nos députés eux n'ont pas l'air de le savoir ou font mine de ne pas le savoir pour ne pas que l'aristocratie financière les déloge de leur siège à la prochaine élection et ruine toute possibilité de carrière pour eux après la politique.
    Qui croit encore que c'est une organisation terroriste islamique qui a commis les attentats du 11 septembre 2001 qui sont à l'origine de cette supposée guerre au terrorisme? Si une telle organisation était réellement derrière des attentats d'une telle envergure, elle aurait été capable d'en commettre d'autres aux États-Unis depuis dix ans.
    Il s'agit d'un mensonge pour permettre la conquête des ressources de pays lointains et pour permettre la construction d'une société de surveillance à l'interne afin de perpétuer la mainmise de l'aristocratie financière et d'affaires sur la société occidentale.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 octobre 2011

    Marois s'est entourée d'une bande d'hommes roses, tous plus peureux et soumis les uns que les autres. Les hommes courageux sont systématiquement écartés des postes influents de ce parti.
    La différence entre les purs et durs et les modérés, ce n'est pas que les premiers sont plus pressés. Tous aimeraient que l'indépendance arrive demain matin ! Non, la différence, c'est que les "purs et durs" ont du courage et n'ont pas peur des mots. Les "modérés" ont peur de faire peur au monde, en parlant trop vrai et trop clair. Ce langage modéré se traduit donc par des idées floues qui n'intéressent personne. Quand vous avez peur de dire les choses clairement, vous les dites nécessairement tout croche et vous n'inspirez pas confiance.
    Pour ces modérés, même le mot "indépendance" sonne un peu trop radical, ça vous donne une idée... Bref, ils se sentent coupables quand Charest les accuse de se radicaliser, comme s'ils ne voulaient pas être associés aux méchants purs et durs du parti, qui ne sont pas mieux que des talibans à leurs yeux !
    Laurent Cambon

  • Archives de Vigile Répondre

    29 octobre 2011

    Moi je pense que le probleme du P.Q. ce n'est pas seulement Pauline Marois mais son entourage .
    L'équipe du P.Q. n'a pas les motivations des Parizeau, des Bourgeault et des vraies indépendantistes.
    Le P.Q. a été fondé pour faire l'indépendance du Québec et non pas pour faire un bon gouvernement fédéraliste provincial.
    Ce parti est présentement en négation de sa raison d'etre.
    L'équipe du P.Q. ne mérite pas que le peuple Québécois leur confie le Pays du Québec a naitre.
    Il faut refaire un parti sincerement indépendantiste a partir de la base c'est a dire les députés élus démocratiquement.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 octobre 2011

    Monsieur Cloutier,
    Je vous lis de Montréal.Merci d'apporter cette précision...
    Merci de me corriger. Je voulais plutôt signaler que durant la camapagne électorale de 2003, la plate-forme électorale du PQ parlait de la souveraineté....mais...où.....?
    J'ai écrit sur le sujet: voir un de mes articles, le 25e carrreau. Sur une feuille de 8 1/2 par 11, le PQ avait dressé ses priorités. Le chiffre magique était 25...
    Je demande aux lecteurs d'essayer de se souvenir où le PQ avait mis la souveraineté sur le tableau carrelé qui contenait 25 priorités, lors de l'élection de 2003? La souverainetté était tout simplement au ....25e rang. La suite, est bien connue. AU DERNIER RANG. C'est ce qu'on appelle avoir de la suite dans les idées.
    Et dire qu'il y avait et qu'il a toujours des lecteurs qui croient que le PQ est un parti indépendantiste...
    NT

  • Archives de Vigile Répondre

    29 octobre 2011

    Le PQ est mort c'est pas compliqué à comprendre plus personne à part les partisans de ce partit vont voté pour le PQ. Les Péquistes ont tuer la marque de commerce de leur propre parti en se comportent comme des diva, en essayant de plaire à tous le monde, En se marginalisant du discourt publique, et en étant absent des grand enjeu de société depuis plus de 10 ans! C'est bien beau dire " Oui mais les gens connaissent pas notre programme" mais crisse si vous êtes pas capable de le faire connaître votre programme c'est de la faute à qui???
    À mon avis les indépendantistes du Québec sont près à voter pour un partit résolument indépendantistes. Les autres ont d'autre option QS, ADQ, CAQ, PLQ, PQ En gros avec la venue d'Option National dans le décor ce sont les indépendantistes qui vont être unis et les Fédés mou qui vont êtres divisé!
    Bonne journée tous le monde et le sondage TVA de demain va peut être en faire sauter plus d'un demain.

  • Archives de Vigile Répondre

    28 octobre 2011

    Je ne suis pas de ceux qui croient que le P.Q. peut encore représenter les espoirs de la Nation québécoise. Je le crois encore moins capable et en mesure de réaliser l'indépendance du Québec. La volonté n'y est pas et ce parti a démontré qu'il est manipulé par les financiers qui sont en train de dépouiller notre Nation de sa langue française, de sa culture, de ses avoirs collectifs, de ses richesses naturelles et de son territoire, bref de son existence elle-même.
    Des indépendantistes ont déjà quitté la militance au sein de ce Parti déchu mais hésitent encore à se ralier au Parti Indépendantiste de Éric Tremblay. Celui-ci a un programme indépendantiste clair, réalisable et viable au sens du droit international. Sur ce plan, la reconnaissance du Pays du Québec indépendant sera toujours contestée par les britanniques, peu importe la manière prise pour accéder à notre Liberté.
    Ce qui, moi, me laisse sans réponse, c'est de constater l'hésitation des indépendantistes dissidents du P.Q. à joindre le P.I. et à agir concrêtement pour l'indépendance du Québec. Les excuses populaires que j'ai pu lire jusqu'à présent (par exemple: immaturité du P.I., trop dur de refaire un nouveau Parti, P.I. pas assez connu ou encore P.I. trop radical) sont de faux prétextes qui ne servent qu'à fuir des responsabilités nationales bien réelles. Est-ce la peur? Je ne peux l'affirmer. Mais cela peut aussi présager d'une réflexion avant l'agir. Ce qui est souhaitable.
    Quoi qu'il en soit, à mon humble avis quitter le P.Q. pour ensuite revenir quémander son pardon pour le réintégrer, serait s'enfoncer encore plus dans l'acceptation du sort réservé aux canadiens-Français par le Royaume-Uni. Ce serait répéter l'erreur commise en septembre 1968 mais à un niveau plus bas encore et fatal cette fois.
    Le pire, c'est qu'on ne fait que parler d'un Parti qui trahi encore les siens et qu'on occulte le P.I. qui ne veut que servir la Nation québécoise. Il y de quoi devenir fou.
    C'est à n'y rien comprendre!
    Cela étant dit, au plaisir de vous relire sur Vigile Monsieur Turcotte. Votre opinion est significative.
    [Réjean Pelletier]

  • Bertrand Malenfant Répondre

    28 octobre 2011

    La proposition de "gouvernance souverainiste" m'apparaît, à moi aussi, comme une concession au fait qu'il n'est plus réaliste de s'enligner sur un référendum gagnant - donc un projet de souveraineté. Le mot "référendum" auquel plusieurs semblent allergiques, et qui en fait sourire plusieurs autres, n'est qu'une des modalités du processus d'accession à la souveraineté. Y renoncer, parce qu'il est difficile de le gagner (à froid, comme maintenant, alors que rien n'est fait pour nous mener à la souveraineté), c'est aussi y renoncer, c'est renoncer au projet de pays, c'est renoncer à la bataille. Pas étonnant, puisque le PQ, au pouvoir durant 16 ans depuis sa création (1976-1985, puis 1994-2003), n'a pas réalisé l'article 1 de son programme. J'ai déjà dans une entrevue téléphonique avec Mme Marois bien avant qu'elle soit devenue la chef, proposé qu'on s'arrête à cette question pour essayer de comprendre ce qui a manqué... elle n'a pas su répondre. Les textes de M. Cloutier, et de M. Turcotte aujourd'hui, posent des questions tout aussi essentielles, directes, auxquelles les militants devraient pouvoir répondre pour aller sur le terrain convaincre d'autres Québécois de se mobiliser pour la souveraineté. Ceux et celles qui crient à la division du mouvement n'ont qu'un motif: rassembler derrière eux (!!) tous ceux et celles qui ne se posent pas de questions, et qui refusent d'adopter une perspective - RIN, Lévesque, Johnson,etc.

  • Jean-Jacques Nantel Répondre

    28 octobre 2011

    Cette fois-ci, le roi (ou plutôt la reine) est nu.
    Parce que le PLQ était discrédité et usé par le pouvoir, c'était le temps pour le PQ de proposer qu'on l'élise pour former un bon gouvernement avec la promesse de tenir un référendum sur la souveraineté. (Mais où est donc le danger de tenir un référendum, bon sang?) De cette façon, le PQ aurait disposé de plusieurs années pour faire une promotion active de la souveraineté en répétant à la population les avantages que celle-ci procurerait dans tel ou tel cas.
    Comme les dirigeants du PQ craignent en fait de dépasser la barre des 50%, ils ont décidé de s'en tenir à ce score et de se servir des souverainistes comme d'un électorat captif (tout en exploitant leur travail et leurs contributions de militants), pour ensuite courtiser les fédéralistes mous en leur faisant de malhabiles et très visibles clins d'oeil pour les avertir qu'ils pouvaient voter pour eux ¨sans danger¨ puisqu'il n'y aurait pas de référendum dans un avenir prévisible.
    Malheureusement, cette stratégie méprisante a échoué. Alors qu'au début de 2011, les sondages indiquaient que le BQ et le PQ se dirigeaient vers des victoires respectives, tout changea à la suite du dernier congrès du PQ quand la population et, surtout, les souverainistes eurent compris qu'en dépit de la conjoncture favorable à son élection, le PQ avait de nouveau reporté la souveraineté à la semaine des quatre jeudis. La chute dans les intentions de votes, qui commença dans les jours suivant le congrès, se transforma vite dans le raz-de-marée qu'on a vu. La population a donc massivement rejeté le BQ avant d'indiquer qu'elle allait faire exactement la même chose avec le PQ de Pauline Marois.
    Il y a quand même un maudit boutte à rire du monde. Les jeux sont faits.
    Jean-Jacques Nantel, ing.

  • Archives de Vigile Répondre

    28 octobre 2011

    Merci de me citer car j'ai bien expliqué tout cela en détails dans un article publié dans l'Action nationale sous le titre : L'accession à l'indépendance et le Parti Québécois : 42 ans de contorsions.
    Vous avez fait cependant une petite erreur : Bernard Landry ne pouvait pas lors de l'élection de 2003 appliquer le programme "Un projet de pays" qui a été voté seulement en juin 2005.
    Il faut rendre à César ce qui appartient à César. C'est lui qui a déclenché l'Opération "La Saison des idées" en 2004 qui a débouché sur le "projet de pays" de 2005.
    D'ailleurs, soit dit en passant, et j'étais là pour le vérifier, Pauline Marois et bon nombre de députés péquistes actuels parmi les anciens, comme Sylvain Simard, François Gendron, Danielle Doyer, Agnès Maltais, Marie Malavoy et beaucoup d'autres étaient tous là et ont voté pour le "projet de pays" lors du congrès de juin 2005.
    2 ans après, sous Boisclair, ils l'ont mis dans les poubelles et cela a continué en 2008 sous Marois.
    Je n'ai aucun respect pour des gens-là. Aucun.
    Pierre Cloutier