Le merdier collectif

Le peuple se meurt et agonise dans l’histoire qui devait le faire naître, le créer, l’engendrer. Il ne faut pas chercher qui l’a, pour la dernière fois, poignardé, saigné, rendu à son dernier repos. Inconsciemment ou pas, quelqu’un ou quelque chose a procédé. Je n’ose pas le nommer. A chacun de le trouver.

Enquête - les charestgnards et des Québécois dégoûtés et en colère

Le climat politique actuel permet de mesurer l’épaisseur de l’inintelligence collective, le marasme des esprits, l’égarement du plus grand nombre.
La grisaille assaille la totalité du panorama politique; l’écœurement se mesure à l’aune de l’indifférence généralisée; le dégoût obnubile les chercheurs de vérité; le mensonge détrône toutes les certitudes engrangées. Pour se convaincre d’exister, les uns cherchent la voie du dénigrement et de la dérision; les autres espèrent l’explosion des cages et des prisons préfabriquées par des anonymes d’ici et d’ailleurs et, il va de soi, une ouverture vers la lumière.
Les solutions courageuses et positives disparaissent devant le plongeon dans la saleté collective. Afin d’essayer de faire triompher l’autrement mal défini, on s’amuse à patauger dans le merdier qu’inconsciemment, et depuis de nombreuses années, toute la collectivité a bâti, a élevé, a structuré.
La masse informe, nauséabonde, gluante, colle à la peau. Les pestiférés n’osent pas imaginer s’ils sont responsables du mal généralisée. Ils attaquent, au gré des courants d’opinion fabriqués, celui qui semble, en face d’eux, la cause de leur dégénérescence observée.
Les années soixante-dix annonçaient le début d’un temps nouveau. Il y a avait de la fraîcheur, de l’optimisme, de l’espoir, des grandeurs d’âme essaimées sur le territoire, des hommes et des femmes habités, auréolés d’enthousiasme mesuré mais perceptible, allumés par un feu intérieur qui les faisait vibrer.
Quelque chose est venu et a tué l’espoir. Ce quelque chose a éclipsé les chemins innovateurs, les alignements de l’histoire. Il a ébranlé la foi nouvelle et il a dispersé les solidarités créées, les convictions éprouvées, les ténacités cimentées.
L’égoïsme a triomphé. Le chacun-pour-soi a démobilisé. La critique acerbe, les procès d’intention, les vulgaires allusions, les déclarations du passé, les fouilles systématiques des opinions ont assassiné les meilleurs, les vivants, les debout, les libérés.
Le pouvoir, sa soif calculée, effrénée, démesurée, l’a emporté sur l’aspiration à la liberté, sur la conquête du pays de l’intériorité.
Le maudit pouvoir a tout fait pour tout dénaturer. Pour saborder. Pour éliminer. Pour maquiller l’espoir et les exigences de la liberté. Pour empêcher le rêve des années passées.
Et pour se déculpabiliser du travail de sabotage bien orchestré, la soif du pouvoir s’est amusée à creuser le merdier. Il y a pataugé; il a mesuré son ampleur, sa profondeur, son immensité, pensant qu’en faisant voir le mal dans toute sa généralité, les jeunes pousses allaient tout naturellement pousser. La soif du pouvoir a pensé qu’en fouillant dans le gâchis du passé, il pourrait élever la confiance et préparer l’avenir espéré.
Le peuple se meurt et agonise dans l’histoire qui devait le faire naître, le créer, l’engendrer. Il ne faut pas chercher qui l’a, pour la dernière fois, poignardé, saigné, rendu à son dernier repos. Inconsciemment ou pas, quelqu’un ou quelque chose a procédé. Je n’ose pas le nommer. A chacun de le trouver.
Nestor Turcotte - Matane


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10 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    24 octobre 2011

    À Monsieur Joseph Berbery,
    Comme vous, je ne partage pas cette appellation de Québécois français pas plus que celle de french canadian.
    En 2011, un Canadien parle Anglais, et un Québécois parle français. Un individu qui ne parle pas anglais n'est pas intégré au Canada, en eût-il la citoyenneté. Un individu qui ne parle pas français au Québec, n'est pas non plus Québécois, même si sa famille habite ce territoire depuis 1760... Je ne définirais pas comme Québécois, toute personne qui est née au Québec.
    Je vais vous raconter une anecdote qui illustrera un peu mon propos. Je discutais, il y a quelques années avec un caporal French canadian de la Canadian army. Il me disait " tu comprends, quand j'ai pris ma retraite j'ai préféré m'installer dans la province d'Ontario... plus riche, plus populeuse que la province de Québec..."
    Puis j'ai parlé de différents sujets avec cet "ami". Sa conjointe est french canadian aussi : " mais… tu comprends, même si elles savent le français, mes filles parlent anglais entre elles." Mais ce monsieur et sa conjointe se considèrent toujours québécois parce qu'ils sont natifs d'ici...
    Je m'en suis fait un ennemi, lorsque j'ai dit à ce raciste que pour moi, le citoyen d'origine haïtienne qui vivait en français au Québec, qui travaillait ici, qui avait intérêt à ce que le Québec s'émancipe politiquement, socialement, culturellement, et qui se réjouissait de voir arriver une industrie au Québec plutôt qu'en Ontario, était lui, un vrai québécois.
    Vive l’indépendance du Québec, sans aucune association avec le Canada ennemi !
    Michel Rolland

  • Archives de Vigile Répondre

    21 octobre 2011

    Un vote pour le PI est un vote pour notre pays.
    Messieurs...
    Je vous félicite pour votre excellente analyse de la situation. Maintenant que ferons-nous d’ici les prochaines élections provinciales. Reporter les libéraux au pouvoir? Choisir une gouvernance souverainiste et donc élire des députés provinciaux qui porteront encore et toujours allégeance à une reine étrangère? Un parti qui continuera à quémander ses droits à une nation dominante de langue étrangère. Se contenter d’élire l’homme du moment dans un nouveau parti fusionné d’une bande d’autonomiste de droite? Un parti sans plateforme autre que de solidifier des piliers provinciaux assujettis aux multiples ingérences du fédéral dans les compétences provinciales?
    La question reste toujours la même messieurs. Souhaitez-vous forger une république Québécoise libre et indépendante de langue française?
    Il me semble simple pourtant de se libérer de ce fardeau de 253 ans. Depuis 2008, il existe un parti avec une plateforme concrète et des gens solides pour la défendre. Pour la première fois dans notre histoire ce parti permet aux citoyens québécois de voter pour leur pays aux élections. Un parti véritablement national qui propose d’élire un député national et ainsi libérer la circonscription au nom de ceux qui voteront pour la liberté.
    Pourquoi ne pas former une coalition autour de cette voie?
    Pourquoi ne pas vous libérer aussi comme moi je l’ai fait en 2008?
    N’en tient qu’à vous messieurs.
    Soit la liberté ou un regard cynique devant notre impuissance à empêcher l’érosion lente et inéluctable de notre peuple. Libérons-nous de cette inutile souffrance d'être.
    Luc Duranleau
    Parti Indépendantiste

  • Archives de Vigile Répondre

    21 octobre 2011

    Monsieur Didier!
    Lorsque j'étais jeune, on disait que c'est à 20ans qu'on conteste le système, qu'on est plus à gauche qu'à droite parce que lorsqu'on vieillit, on devient habituellement plus vulnérable face à la vie, plus peureux, plus prudents ce qui nous ramène un peu plus au centre ou à droite.
    Avez-vous imaginé comment seront ces vieillards avant leur temps? Moi, je n'ose l'imaginer!

  • Christian Montmarquette Répondre

    21 octobre 2011

    Toujours heureux de vous entendre Monsieur Turcotte.
    Même si ce texte est plus lyrique qu'à votre habitude.
    Vous dites que «Le peuple se meurt et agonise dans l’histoire qui devait le faire naître, le créer, l’engendrer. Il ne faut pas chercher qui l’a, pour la dernière fois, poignardé, saigné, rendu à son dernier repos. Inconsciemment ou pas, quelqu’un ou quelque chose a procédé. Je n’ose pas le nommer. A chacun de le trouver.»
    Vous dites que vous n'osez pas le nommer cet assassin du peuple... Mais nous l'avons nommé pourtant bien souvent Monsieur Turcotte.
    Cet assassin, c'est le PQ Monsieur Turcotte, un traitre de l'intérieur qui s'est foutu de la cause presque totalement depuis 40 ans !
    Bien sûr...
    À l'occasion du «beau parlage»...
    Mais, rien de concret.
    Pas de militance sur l'indépendance.
    Pas de grande campagne de promotion.
    Pas de ministère de l'indépendance.
    Surtout pas d'argent à mettre là-dessus !
    Et pardessus le marché, des positions et stratégies perdantes.
    Le même maudit genre de gammick alambiquée que la «Commission mauvaise foi» de Jean Charest au fond..
    On prétend vouloir faire quelque chose...
    Mais, dans la pratique, on fait tout pour se mettre soi-même des bâtons dans les roues et perdre.
    Une approche complètement machiavélique et tordue.
    Pour moi,reste l'espoir d'un véritable mouvement non partisan décrit à ce lien :
    «Pour un mode d’accès à l’indépendance par la voie citoyenne non partisane» :
    http://www.vigile.net/Le-NMQ-Un-veritable-mouvement
    À lire pour comprendre :
    «L’erreur fondamentale du PQ» :
    http://www.vigile.net/L-erreur-fondamentale-du-PQ
    Sincères salutations,
    Christian Montmarquette
    Montréal

  • Archives de Vigile Répondre

    21 octobre 2011

    Pour monsieur Julien,
    Je suis d'accord avec vous; la génération des 18-25 et je dirais même 18-35 ans est perdue. Ils obéissent d'ailleurs à n'importe quel animateur de radio qui les "pompe" sur tel ou tel sujet. Ils n'ont plus de capacité de discernement et d'opinion personnelle.
    Il faut dire que dans les 30 dernières années, c'est dans les classes les plus appauvries au Québec qu'il y a eu le plus de solitude et le moins d'enfants. On a peut-être ainsi perdu la crème de la société québécoise car ce n'est pas dans la jeunesse dorée en général que l'on retrouve des trempes exceptionnelles d'être humains.
    Ces jeunes sont aussi d'une superficialité navrante. On dit qu'on est à 18 ans ce que l'on sera toute notre vie. Ça veut tout dire. L'avenir ne s'annonce pas bien. Et je ne veux faire peur à personne mais je dirais que nous sommes à la fin d'une ère. Cela me semble évident.

  • Archives de Vigile Répondre

    21 octobre 2011

    Monsieur Turcotte
    Si nous sommes pris dans ce merdier collectif semblable, c'est parce que les politiciens du Québec souffrent du SYNDROME DE STOCKOLM, étant incapables de sortir de 251 années de colonialisme soit depuis la conquête de 1760; ils aiment énormément leurs bourreaux quoique on en dise. La plus belle preuve: Trudeau, avec son rapatriement unilatéral de la constitution canadienne, sans l'accord du Québec, nous a mis carrément à la porte avec ce bris de contrat et le pire c'est que nous n'en sommes même pas encore conscients. LE QUÉBEC EST SORTI DU CANADA, EST-CE ASSEZ CLAIR? Après la nuit des longs couteaux à Ottawa en 1982 et face à cette évidence, le gouvernement péquiste de l'époque se devait d'en appeler au peuple et déclarer unilatéralement l'indépendance du Québec, préparer une constitution québécoise à être approuvée par le peuple et demander une reconnaissance internationale qui aurait suivie, j'en suis sûr. JE DÉFIE UN CONSTITUTIONNALISTE SÉRIEUX DE VENIR ME PROUVER LE CONTRAIRE SUR VIGILE.
    Confronté à la peur de la liberté, nos politiciens québécois préfèrent garder leurs chaînes et tentent par tous les moyens de vouloir rester dans le Canada malgré le fait qu'après 2 référendums-bidons perdus, le gouvernement fédéral des anglos n'ait pas bougé d'un iota. Le PQ, avec ses histoires de souveraineté (hic) et ses référendums de "loosers", a cessé depuis longtemps de m'endormir. En plus, ces politiciens du PQ agissent comme des puristes et ils culpabilisent avec rien; on l'a vu dans l'affaire Michaud le 14 décembre 2000 et en 1995, après la déclaration de monsieur Parizeau, à l'effet que le gouvernement péquiste avait été battu par l'argent et le vote ethnique. Là, la culpabilité a grimpé d'une grosse coche. (C'est sûrement causé par notre ancien fond religieux toujours présent).
    Et puis là, pour se donner bonne conscience, on a décidé de concert avec le PLQ et l'ADQ de hausser les quotas d'immigration avec les résultats qu'on connaît aujourd'hui et en plus la langue française fout le camp. Toujours par culpabilité morbide, on met les anglos du West Island sur un piédestal et on les traite assez bien merci au détriment de la majorité québécoise; est-assez fort à votre goût? Québec devrait déjà faire partie du concert des nations et la question que je me pose est la suivante: allons-nous perdre le pays du Québec par défaut à cause du syndrome de Stockolm dont souffrent nos politiciens québécois?
    André Gignac 21/10/11

  • Archives de Vigile Répondre

    21 octobre 2011

    Chaque jour je regarde les stands des compagnies de téléphonie cellulaire où s'aglutinent nos jeunes. Chaque jour, l'homme crée lui-même ses propres chaînes, fabriquenet ses nouveaux esclavages.
    Ces jeunes deviennent de plus en plus des automates serviles, des handicapés affectifs. Tantôt on leurs dira comment penser!Déjà sur les nouveaux appareils, il y a une fonction Find Friends qui fait en sorte qu'on sache où ils sont, avec qui etc... Big brother en action!
    Regardez-les marcher comme des automates ignorant complètement l'environnement immédiat. Ils parlent à des gens qui sont à des kilomètres d'eux ne voyant pas passer des gens à un pied d'eux.
    Les derniers rapports nous démontrent qu'il y a une baisse de l'activité physique chez les 16 à 25 ans de 30%. On ne les voit plus dans les cafés, les bistros, les pistes cyclables, les centre de skis. Où sont-ils? Ils twittent,facebooquittent et s'abrutissent devant des écrans d'ordinateur. Ils ne lisent pas les journaux, n'achètent pas de livres. Écoutez les conversations d'une insignifiance déconcertante et navrante.
    Je me suis assis à la halte-bouffe de la Place Laurier pour en observer quelques uns. J'ai calculé la fréquence qu'ils regardent leur téléphone portable. J'en suis venu au résulat de 30 secondes. Si cela ne s'appelle pas de la dépendance affective de savoir aux trentes secondes qui tentent de les rejoindre, je voudrais bien savoir comment cela s'appelle.
    Il y a un phénomène d'abrutissement collectif qui s'installe lentement mais sûrement chez nos jeunes qui commencent à m'inquiéter fortement.Je souhaite qu'ils ne soient pas tous ces nouveaux esclaves du système et espère que l'un d'eux me répondra pour me rassurer!

  • Joseph Berbery Répondre

    21 octobre 2011

    Je note dans un des commentaires l'expression suivante : «Québécois français». Notez les rétrécissements progressifs.
    Dans le passé, on a glissé de «Canadiens» à «Canadiens français», puis à «Québécois». Et maintenant on passe allègrement à «Québécois français». Quelle sera la prochaine étape vers l'auto-anéantissement?
    Excusez mon pessimisme. Mais les temps sont durs pour ceux qui ont opté pour le QUÉBEC, et à qui on dit maintenant qu'ils ne font plus partie de la famille.

  • Bruno Deshaies Répondre

    20 octobre 2011

    20 octobre 2011, par Bruno Deshaies
    Votre propos, monsieur Turcotte, m’inspire cette courte réflexion.
    Aussi longtemps que les Québécois-Français vont mener une lutte nationale au deuxième degré comme ils le font en ce moment et qui est très bien illustré par les Tribunes libres sur Vigile et ailleurs par la grosse Presse montréalaise à la suite de la pelure de banane d’une Commission d’enquête sur la construction, on risque d’être encore longtemps dans « Le merdier collectif ». Comme vous l’avez écrit : « …la conquête du pays de l’intériorité […] Le maudit pouvoir a tout fait pour tout dénaturer. […] Le peuple se meurt et agonise dans l’histoire qui devait le faire naître, le créer, l’engendrer. »
    Avec tout ce vacarme et cette fumée, il n’est pas facile de voir clair. Le MOUVEMENT DE L’INDEPENDANCE NATIONALE n’est pas près en ce moment de voir le jour. L’individualisme perdure avec ténacité. Le partage des idées essentielles met du temps à s’organiser. Nous ne cherchons pas à trouver une façon de parler d’une seule voix. Notre cerveau collectif est encore prisonnier de la pensée fédéraliste. Et le premier obstacle porte sur les fondements de l’indépendance nationale.
    « L’égoïsme a triomphé », dites-vous. Probablement. Mais je crois plutôt que c’est l’individualisme qui nous divise et nous affaiblit collectivement. L’indépendance, on vous le dira partout, ce n’est pas possible. Et que font efficacement les indépendantistes pour sortir du merdier ? Vous nous dites : « Il ne faut pas chercher qui l’a [le peuple], pour la dernière fois, poignardé, saigné, rendu à son dernier repos. Inconsciemment ou pas, quelqu’un ou quelque chose a procédé. Je n’ose pas le nommer. »
    Pour s’en sortir, il faut travailler efficacement à se DÉSANNEXER collectivement du système canadian. La réflexion sur notre annexion collective est bloquée. Les conséquences sont sous nos yeux. Des dérives, des fuites en avant et, finalement, n’importe quoi. On jase. On s’agite. On piétine.

  • Archives de Vigile Répondre

    20 octobre 2011

    Vous avez raison en bonne partie monsieur Turcotte. Les contrôlants et les ambitieux ont pris justement le contrôle du Québec et du reste du monde en passant.
    Une autre raison aussi a joué. C'est la démographie du Québec qui a beaucoup changé depuis les années 1970. Les Québécois de souche sont en pourcentage moins nombreux qu'ils étaient car beaucoup d'immigrants sont venus au Québec et ont eu des enfants au Québec depuis 40 ans.
    Il faut admettre qu'il est beaucoup plus difficile de créer des solidarités et un sentiment national au sein d'une société cosmopolite. Une telle société aura toujours tendance au repli vers le chacun pour soi, le chacun pour sa famille et ses proches sans tenir compte de la collectivité.