Bien-pensants contre culs-terreux

Tribune libre - 2007



Les bien-pensants montent aux barricades avec leurs discours habituels : « Mais qu’est-ce qu’ils vont dire de nous dans le monde? Hérouxville est en train de briser l’image du Québec sur la scène internationale. Les gens des régions et du monde rural vont passer pour des pèquenots. »

Voilà comment les Québécois ont toujours été des hyper tolérants et des froussards face aux étrangers. Nos élites nous ont si souvent remis sur le nez nos défaites et nos incapacités que c’est devenu une seconde nature que d’oublier notre personnalité.
Au contraire de la plupart des peuples qui affichent leur fierté et même leur génie, nous du Québec, on est des modèles de modestie et d’effacement, « les gens les plus tolérants du monde », dit-on au Parlement, ouverts à tous les accommodements, selon nos institutions, mais aussi les plus oublieux de leur propre identité et les plus négligents sur le plan de leur affirmation.

Soudain, la réaction du petit conseil municipal d’Hérouxville vient sonner le réveil en adoptant un « code de vie ». Bien entendu, cette déclaration est un peu caricaturale, mais il n’empêche qu’elle secoue notre indolence à un moment où se multiplient les concessions humiliantes et même parfois illégales au regard des principes de nos chartes des droits civils. En effet, il est plus que temps de dénoncer les effets pervers des arrangements raisonnables qui découlent du multiculturalisme, élaboré justement pour avoir raison du nationalisme québécois. Dormir sur cette question serait le refus de nos origines et de nos valeurs, soit une sorte de trahison.

Nous avons autant le droit d’exiger de vivre en Québécois sur notre sol que les musulmans ont le droit de faire respecter les règles de l’Islam à La Mecque ou que les Juifs ont le droit d’imposer la viande kascher dans les boucheries de Jérusalem et le port de la kippa dans leurs écoles. Quand nous allons dans les pays arabes et que nous visitons les mosquées, nous enlevons nos chaussures; quand les femmes mahométanes sont dans nos écoles, elles enlèvent leur voile. À Rome, fais comme les Romains, dit la sagesse populaire.

Il est vrai que beaucoup de personnes ont perçu dans la réaction de la petite population d’Hérouxville un réflexe normal aux coups d’épingles des communautés ethniques qui vivent dans nos villes. Mais il s’en trouve chez nos chers maîtres à penser pour nous ramener à notre propension à plier l’échine comme l’ont fait nos curés d’hier pour préserver leurs privilèges et comme le font nos hommes d’affaires d’aujourd’hui pour des raisons de « grosse argent ». La leçon est toujours la même : il faut accepter tout de l’autre, car l’autre est notre maître. Vieil atavisme hérité de notre défaite historique.

Tant que nous ne serons pas fiers de notre identité et solidaires dans la lutte de notre reconnaissance en tant que peuple qui a sa culture, ses us et coutumes et ses exigences, nous ne pourrons pas prétendre au statut d’une nation. Bien plus conséquent aussi, nous ne pouvons pas caresser le projet d’un pays égal à tous ces États qui siègent aux Nations Unies, quels que soient leur population, leur étendue ou leur revenu national brut.

Voilà la leçon que veulent nous faire comprendre les gens de ce petit village de Gaulois mauriciens.

Gilles Néron

Charlesbourg



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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    6 février 2007

    Ce geste, bien que maladroit, des Québécois de Hérouxville, en est un d'indépendance.
    C'est un cri du subconscient national qui se manifeste tel une stigmate sur le corps d'un possédé. La plaie est horrible à voir, mais le signe qu'elle forme se veut un message à la conscience qui aurait dûe depuis trop longtemps déjà poser elle même ce geste d'indépendance en voie à sa libération.
    Il est grandement temps pour l'élite de la nation québécoise, sa supposée conscience, de redescendre de son nuage et se remettre à écouter un peu plus son intérieur au lieu de critiquer la qualité d'un geste qui lui revenait en premier de poser avec tout l'art dont il ne cesse de prétendre maîtriser.