Autonomie du Québec, Duplessis 1, Charest 0

Libéraux , champions centralisateurs fédéraux

Tribune libre 2008

Duplessis, à son retour en politique en 1944, fit de l’autonomie fiscale une priorité. Il refusa en 1951 que le fédéral finance les universités québécoises et mit en place la commission Tremblay en 1953 pour dénoncer les ingérences fédérales dans le domaine des compétences du Québec.
Face au déséquilibre fiscal, le gouvernement de Maurice Duplessis, faisait voter le 24 février 1954 un impôt provincial sur le revenu des particuliers de 15 % et exigeait d’Ottawa que cet impôt soit déductible de l’impôt fédéral. La loi fut donc votée en février, mais on n’a pas su avant l’automne suivant si le gouvernement fédéral rendait cet impôt québécois déductible du sien, ce qui ne se conclura qu’en janvier 1955. Louis Saint-Laurent proposait que les provinces se financent par des subventions fédérales. Le premier ministre fédéral présentait cette dépendance du Québec comme normale et inévitable. Jean Lesage, alors ministre à Ottawa, suivait la ligne du Parti libéral du Canada.
Duplessis a mené la lutte jusqu’au bout, expliquant à la population l’importance d’être « maître chez soi » sur le plan fiscal et comment la centralisation fiscale entraînait la centralisation politique. Il fit valoir l’importance pour le Québec de disposer de moyens fiscaux pour exercer ses propres pouvoirs. Le Parti libéral de G. E. Lapalme commit l’erreur de s’opposer totalement à l’instauration de cet impôt. Il se trouva en fort mauvaise situation lorsqu’à l’automne 1954 Saint-Laurent a dû céder sous les pressions populaires et accepter une déductibilité de 10 %.
Grâce à ce nouvel impôt créé en 1954, les grandes réformes de la Révolution tranquille furent rendues possibles. Après ces 10 %, Jean Lesage réclamera 25 % de l’impôt sur le revenu des particuliers. Ce pourcentage continuera d’augmenter : 16 % en 1962 jusqu’à 28 % en 1967. En 1965 et en 1966, avec la possibilité pour la province de se retirer des plans conjoints, des abattements d’impôts permirent au gouvernement du Québec de financer ses propres régimes de santé et d’éducation.
Puis vint Trudeau en 1968. Avec les régimes successifs de Trudeau, Chrétien et Martin, la centralisation fédérale reprit de plus belle, le fédéral s’impliquant tant dans l’enseignement universitaire et la recherche que dans le secteur de la santé.
Le gouvernement conservateur a réduit sa TPS de 1% en juillet 2006 et un autre 1% en janvier 2008. Notre gouvernement libéral de Jean Charest avec Mme Jérosme-Forget ont refusé, malgré les problèmes financiers du Québec, de récupérer ces montants qui pouvaient être ajoutés à la TVQ, pour réduire le déséquilibre fiscal. Ils préfèrent quémander d’Ottawa, manière Libérale québécoise. Raisons électoralistes ? !
Duplessis a pris le risque de lever l’impôt provincial avant que le fédéral réduise le sien, ce qu’il aurait pu faire. M. Charest n’a pas la bravoure de récupérer la TPS même après que le fédéral lui en a donné l’occasion.


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2 commentaires

  • Marcel Haché Répondre

    3 septembre 2008

    J'ajouterais,M.Bousquet,que le "régime" fait le politicien.
    L'idée de l'indépendance du Québec est souvent présentée comme une conquête ardue.Longue et difficile.Cela est vrai.
    Tant de chemin a été fait au Québec !
    Mais le passage lui-même à l'indépendance est plutôt du type embrasement.Et même des politiciens actuellement fédéralistes pourraient retourner leurs vestes assez facilement lors de l'embrasement du Québec.
    Par exemple,beaucoup des anciens dirigents communistes des pays de l'Est(la Russie au premier chef) sont convertis à la démocratie maintenant.(Quand il ne sont pas les propangantistes du capitalisme !)
    Comme quoi, il ne faut pas désespérer de rien, ni de personne!

  • Archives de Vigile Répondre

    30 août 2008

    Dans ce qui précède, il est assez drôle de réaliser que M. Lesage ne voulait pas, comme ministre fédéral libéral de M. St-Laurent, que Duplessis lève un impôt provincial. Quand Lesage est devenu, par la suite, premier-ministre du Québec avec le MAÎTRE CHEZ-NOUS, il a utilisé ce pouvoir, refusé par son parti Libéral fédéral, pour mieux réussir sa révolution tranquille Libérale provinciale. M. Lesage a été centralisateur quand il oeuvrait au fédéral et autonomiste quand il oeuvrait au provincial. "Le poste fait le politicien".
    J'ai indiqué Duplessis 1, Charest 0. Si je me fie aux points d'impôt ou de taxe gangné, il aurait été préférable que j'écrire, après y avoir pensé davantage : Duplessis 15, Charest 0.