Politique québécoise

Le long chemin vers l’indépendance

Aplaventrisme de QS

Tribune libre

Lors de la dernière campagne électorale de 2022, le chef du Parti québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon (PSPP), s’est engagé à tenir un référendum sur la souveraineté du Québec dès son premier mandat s’il est élu à la tête d’un gouvernement majoritaire, un discours qu’il tient toujours aujourd’hui en 2024. Or nonobstant le fait que le dernier sondage place le PQ confortablement installé en tête eu égard aux intentions de vote des Québécois à 33% , l’appui à la souveraineté du Québec piétine depuis plusieurs années, se situant aux alentours de 35%. En bref, un futur gouvernement péquiste en 2026, qu’il soit minoritaire ou majoritaire, sera confronté à un long et périlleux chemin qui le conduirait à l’indépendance du Québec.

De passage dans la métropole, où il était invité récemment par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, Paul St-Pierre Plamondon refuse d'envisager la possibilité d'un troisième référendum perdant s'il prend le pouvoir. En aucun moment, le doute n'effleure l'esprit de PSPP. «On est prêts à tenir un référendum gagnant et on va le faire, c'est notre programme. Et c'est le même message qu'on a constamment», argue le chef péquiste.

À la suite du référendum crève-coeur de 1995, les premiers ministres péquistes qui se sont succédé, notamment Lucien Bouchard s’entêtant à marteler sans relâche son leitmotiv sur les «conditions gagnantes», le processus d’accession du Québec à sa souveraineté a été reléguée dans le placard. Il aura fallu attendre presque 30 ans pour que la raison d’être du PQ refasse surface avec PSPP.

À mon avis, PSPP incarne le type de politicien qui s’affirme en faisant sans contredit de la politique autrement, ne serait-ce que par sa transparence, sa force de caractère et sa propension à bâtir ses argumentations à partir des faits. À partir d’une infime équipe de trois députés, il a réussi à hisser le PQ en tête des intentions de vote.

C’est le philosophe stoïcien Sénèque qui disait que «ce n'est pas parce que nous avons peur que nous n’osons pas, c'est parce que nous n'osons pas que nous avons peur». Dans la foulée de cette pensée, le chef du PQ arrivera-t-il à extirper cette peur systémique d’une majorité de Québécois et à les amener à «oser»?

Aplaventrisme de QS

Après une saga qui aura galvanisé les échanges tenus lors du congrès de Québec solidaire eu égard aux propos tenus par le député Haroun Bouazzi sur le racisme à l’Assemblée nationale, les élus et les militants présents au congrès se sont finalement rangés derrière le député de Maurice-Richard. Selon le texte adopté à huis clos, le parti «condamne fermement les menaces, la violence et la campagne de diffamation dirigée contre le député Haroun Bouazzi et lui offre son soutien face à ces circonstances» tout en prenant bien soin d’ajouter que les membres de l’Assemblée nationale ne sont pas racistes. Une façon cavalière de sauver la chèvre et le chou. Enfin bref, un aplaventrisme éhonté étalé dans le seul but inavoué de préserver coûte que coûte l’unité du parti.



Henri Marineau, Québec


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Henri Marineau2101 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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1 commentaire

  • François Champoux Répondre

    21 novembre 2024

    Bonjour M. Marineau,


    Merci de votre texte sur l'indépendance du Québec.


    Toute ma jeunesse, j’ai milité pour l’indépendance du Québec. J’ai voté «pour» celle-ci à deux reprises. Maintenant, je ne milite plus, car la démocratie m’indique que plus de la moitié des habitants de la province de Québec refuse de se donner (se payer) un pays. 


    À mon humble avis, pour une question aussi importante (se faire un pays) il faudrait une double majorité à la question référendaire (66,7 % «pour» l’indépendance du Québec du reste du Canada). Ce serait plus prudent, d’une prudence élémentaire, pour assurer l’accouchement et la naissance du pays en toute joie et sérénité, en cette Amérique du nord trop près des États-Unis, si cela est possible… La prudence, ce n’est pas la peur; la prudence c’est une vertu qui donne la force d’agir intelligemment, avec doigté et respect. Je pense que Sénèque approuverait…


    La naissance d’un pays, ça doit être particulièrement pénible et dispendieux sans parler des tracas sociologiques du genre «ils sont des nôtres » et «ceux-là sont des étrangers… qu’en faisons-nous?» Non, nous ne sommes pas des racistes au Québec, mais si nous votons l’indépendance, il faudra absolument le prouver. Voyez dans quel tracas se dirige nos voisins actuellement: sont-ils racistes les Américains de Donald Trump? Et tout le reste du monde qui aime à les imiter parce que la peur dirige plus qu'on ne le pense. Non pas la prudence...


    Le PQ n’est pas le parti de l’indépendance du Québec : c’est le peuple du Québec qui doit l’incarner, cette indépendance : surtout pas un parti politique ni un autre (QS).


    Il y a un coût pour être indépendant; aucun enfant n’est indépendant tant qu’il ne l’assume pas financièrement : logement, nourriture, habillement, éducation, et j’oserais ajouter, son équilibre émotif. Tous les oiseaux savent ça: pour sortir du nid, il faut savoir voler de ses propres ailes. De même pour un pays. L’enfantement d’un pays ne tient pas qu’à sa culture, sa langue et sa bière; il y a tout le reste qu’on ne doit pas négliger. 


    Combien ça coûtera notre pays? Qui a été capable de répondre en toute transparence à cette question de je ne sais combien de milliards de dollars et de sueurs au front? Sortir du nid exige de la maturité et du respect en plus de l’audace.


    C’est en tout respect de mes convictions indépendantistes que j’interroge mes politiciens, ceux-là mêmes que je rétribue très bien pour qu’ils me fassent, me bâtissent, m’enfantent un pays où il fait bon vivre. C’est là ma faim et ma soif sans plus, mais c’est là toute ma faim et ma soif.


    François Champoux, Trois-Rivières