Québec solidaire

L’affaire Bouazzi

Tribune libre

«Nous voyons malheureusement – et Dieu sait que je vois ça à l’Assemblée nationale tous les jours – la construction de cet Autre. De cet Autre, qui est maghrébin, qui est musulman, qui est Noir, qui est autochtone, et de sa culture qui, par définition, serait dangereuse ou inférieure», a déclaré vertement le député de Québec solidaire (QS), Haroun Bouazzi, devant les membres d’un organisme visant l’intégration harmonieuse des communautés maghrébines. Dans son argumentaire, M. Bouazzi visait notamment François Legault pour sa position devant les effets collatéraux de l’afflux d’immigrants eu égard à la pénurie de logements abordables, et Lionel Carmant pour son argumentaire sur la nécessité d’établir une approche différente concernant l’arrivée d’immigrants dans les DPJ. En bref, rien dans ces propos qui laisse supposer quelque forme de racisme, et qu’on assiste à la «construction de cet Autre».

Par ailleurs, je présume qu’en utilisant le pronom «nous» au début de son intervention, le député de QS incluait les autres membres de son parti. Or ses deux co-porte-parole ont rejeté sans réserve l’argumentaire du député d’origines tunisienne et française sans pour autant manifester quelque représailles envers lui lors du congrès de QS qui s’est tenu au lendemain de l’incident suscité par Haroun Bouazzi.

De ce fait, je suis d’avis que Gabriel Nadeau-Dubois a perdu une belle occasion de faire preuve de leadership en excluant illico Haroun Bouazi de QS, une décision qui aurait démontré sans équivoque toute la bassesse de ses propos explosifs, voire lapidaires envers les députés de l’Assemblée nationale du Québec.

Enfin, en ce qui a trait aux militants présents au congrès de QS, ils se sont montrés divisés sur le sort à réserver au député de Maurice-Richard, certains se montrant conciliants, d’autres plus drastiques, à savoir allant jusqu’à se prononcer en faveur de l’exclusion de M. Bouazzi du parti. En revanche, la nomination de Ruba Ghazal à titre de co-porte-parole féminine du parti est passée malheureusement presque inaperçue devant l’ampleur médiatique suscitée par l’affaire Bouazzi.


https://www.journaldequebec.com/2024/11/16/bouazzi-plus-demagogue-que-pedagogue


Henri Marineau, Québec


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Henri Marineau2101 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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5 commentaires

  • François Champoux Répondre

    19 novembre 2024

    Rebonjour M. Marineau,

    Et vous, M. Marineau, qu’en pensez-vous? Condamnez-vous le député? Considérez-vous ses propos exagérés, racistes, inconvenants : qu’il mérite l’opprobre et l’exclusion. Moi pas, du moins pas au premier réflexe; je pense qu’il a osé aborder une situation qu’on refuse de regarder en face, ici au Québec. Un profond sentiment de «peur de l’autre différent du nous» (ce "nous" qui change, qui n’est plus et ne sera plus jamais comme celui de Pauline Marois). 


    Je viens de terminer «Comment faire l’amour avec un Nègre sans se fatiguer» par Dany Laferrière; ça fait réfléchir et ça m’aide à reconnaître mes failles humanistes… 


    J’ai relu les faits que vous aviez déjà donné dans votre texte, mais ça n’ajoute rien pour m’aider à comprendre l’énormité des propos du député Bouazzi. Quant à votre invitation à citer un député qui aurait pu contribuer à la construction de cet autre, j’ai déjà répondu que la loi 21 était une erreur flagrante, que le non-respect de la charte du Québec de 1975 est un manque flagrant à notre humanisme de société et à la protection de la paix, de notre «vivre ensemble» en harmonie.




    François Champoux, Trois-Rivières


  • Henri Marineau Répondre

    18 novembre 2024

    Aplaventrisme de QS


    Après une saga qui aura galvanisé les échanges tenus lors du congrès de Québec solidaire eu égard aux propos tenus par le député Haroun Bouazzi sur le racisme à l’Assemblée nationale, les élus et les militants présents au congrès se sont finalement rangés derrière le député de Maurice-Richard. Selon le texte adopté à huis clos, le parti «condamne fermement les menaces, la violence et la campagne de diffamation dirigée contre le député Haroun Bouazzi et lui offre son soutien face à ces circonstances» tout en prenant bien soin d’ajouter que les membres de l’Assemblée nationale ne sont pas racistes. Une façon cavalière de sauver la chèvre et le chou. Enfin bref, un aplaventrisme éhonté étalé dans le seul but inavoué de préserver coûte que coûte l’unité du parti.




     


  • Henri Marineau Répondre

    18 novembre 2024

    Bonjour M.Champoux,


    Voici les faits: "...la construction de cet Autre. De cet Autre, qui est maghrébin, qui est musulman, qui est Noir, qui est autochtone, et de sa culture qui, par définition, serait dangereuse ou inférieure»...


    Je vous invite à me citer une seule phrase venant de la bouche d'un député qui aurait pu contribuer à la construction de cet Autre.


  • François Champoux Répondre

    18 novembre 2024

    Bonjour M. Marineau,


    De deux choses l’une : ou bien vous tenez un discours contradictoire (les humains sont des êtres de contradiction) en reconnaissant que le député Bouazzi n’a pas tenu un discours raciste et qu’il devrait être remercié par le parti Québec solidaire, ou bien il y a quelque chose que je n’ai pas compris dans l’utilisation de ses mots dans sa longue phrase délicate sur la construction de cet «Autre» au Québec. 


    À me regarder, vous diriez facilement que je suis ce «nous» du Québec, que je suis ce «nous» de Pauline Marois, de cette «souche» du Québec; et pourtant, je suis certes cet être de souches multiples invisibles, cet autre, tout simplement parce qu’on n’y regarde pas assez de près. De même pour vous, j’en suis persuadé.


    Je pense que tout le problème vient de l’interprétation que tout un chacun veut bien donner à la parole du député : tout autant à ce contexte de la parole du député que vous prenez bien soin de tenter de préciser le mieux possible pour que nous saisissions l’énormité des propos du député.


    Pour avoir entendu l’interview entre le député Bouazzi et M. Patrick Masbourian de Radio-Canada (vendredi matin le 15 novembre dernier), je n’ai pu sincèrement jeter la pierre au député Bouazzi. Lui demander des excuses me semblait exagérer. Mais je vous prie de m’expliquer, car il semble que je sois (et quelques autres personnes) incapable de comprendre l’excessif des propos du député Bouazzi.


    Pour ma part, j’ai admiré le courage du député s’il n’a pas dit ses mots en un seul but de réélection; et il semble aujourd’hui que ce ne fut pas seulement pour sa réélection, car il se retrouve plutôt en très mauvaise posture élective : on le condamne de partout et selon la règle démocratique du 50 plus 1, il serait coupable d’une infâme parole qui le condamne d’avance. Et ce, malgré la justesse de son argumentation.


    Nous constatons aujourd’hui les très grandes maladresses de nos élus au pouvoir, à commencer par la loi 21 qui nous fut imposée malgré nous. Cette loi devra maintenant être abroger, car les preuves sont maintenant faites qu’elle n’avait qu’un but : faire disparaître de la vue ce qui ne fut pas arrêté par le prosélytisme : l’endoctrinement à des dogmes religieux après la fin en 2005 de l’enseignement du religieux dans les écoles. Cette loi 21, pleine de trous, a donné le résultat qui était craint : juger les gens que sur leur apparence et sans respect de la charte des droits et libertés de la personne et de la jeunesse du Québec; notre charte du Québec de 1975! Là, avec l'erreur de la loi 21, nous revenons encore à cette délicate situation sociale d'accuser "l'autre" et son apparence, de tous les maux de notre nous!


    Pour celles et ceux qui cherchent à bien comprendre l’échec da la loi 21, vous pourrez lire ce court texte : L’erreur de la loi 21 amplement démontrée; il faut maintenant l’abroger, 15 novembre 2024. Sur le blogue suivant: http://francoischampoux.wordpress.com/

     


    François Champoux, Trois-Rivières