Au delà du cynisme, Québec Solidaire

Tribune libre 2008

L'appel aux urnes par le Premier ministre du Québec en a surpris plus d'un.
Les commentaires sont unanimes; pourquoi faire ? On cherche encore dans
certains milieux des justifications pour ce faire. Le bilan du PLQ depuis
les dernières élections équivaut au néant. Toutefois, deux choses sont à
retenir et non les moindres, son immobilisme gouvernemental et le camouflet
de la Cour Supérieure concernant la syndicalisation du personnel des CPE.
Pour un gouvernement qui prônait l'égalité homme/femme, il en réfutait son
élargissement et son accomplissement dans les faits. Jean Charest, a
maintes reprises, est revenu sur la question du cynisme des citoyens à
l'endroit de la politique, en vilipendant celui-ci. Il oublie qu'il en est
lui-même le maître d'œuvre et son principal gestionnaire.
Le Premier ministre affirme sans rire, qu'il a un plan ? L'a-t-on vu ?
Existe-t-il ? Ou encore, est-il comme celui de Stephan Harper ? Un
bâillon sur les institutions démocratiques, une chape de plomb sur la
marmite de la société civile ? Est-ce pour cela qu'il désire une majorité
? Sinon le reste demeure comme sa saine gestion de l'économie; de la
poudre aux yeux. Le premier ministre du Québec sait pertinemment que seul
un fort taux d'abstention peut augmenter sa majorité et le reconduire au
pouvoir. D'autre part, que l'ADQ est en perte de vitesse et que les coffres
du PQ sont obstinément vides. Mais derrière ce paravent de fumée, il n'en
demeure que le Québec s'interroge. Les signaux, si ce n'est déjà fait,
annoncent une crise économique sans précédent et dans le paysage lointain,
une crise politique pan canadienne qui s'amorce.

Il faut sortir du jour de la marmotte, remettre en branle la société
civile, réformer nos institutions politiques, et surtout redonner la parole
aux citoyens/ennes. Québec Solidaire avec peu de moyens est actuellement en
train d'en paver la voie. L' appui de la communauté artistique, n'est pas
le fruit du hasard, loin de là, mais un indice du ras le bol citoyen.
Depuis nombres d'années, les commentateurs politiques et analystes
s'entendent sur le fait que le mode de scrutin est dépassé, en fait qu'il
ne favorise que les partis politiques en place, et qu'il ne permet pas la
reconnaissance démocratique des voix exprimées par de tiers partis. Cette
question ne date pas d'hier, au lendemain des élections de 1972, au sein
même du PQ, la question était à l'ordre du jour. Par la suite, et par ceux
là même qui s'en réclamaient, la réforme du mode de scrutin était mise sur
les tablettes suite à une Commission parlementaire. Bref, sur cette
question fondamentale, le PQ qui se drapait du manteau démocratique y a
renoncé pour des motifs purement électoralistes. Les élections générales
du 8 décembre prochain si la tendance se maintient (pourquoi ne se
maintiendrait-elle pas ?) confirmeront sans éclat l'abstentionnisme
citoyenne à l'endroit d'un mode de scrutin de l'époque de Duplessis. La
cacophonie médiatique va connaître de beaux jours et le cynisme citoyen en
prendra pour son rhume. Nous sommes dans de beaux draps. Quatre ans de plus
avec les libéraux, quatre année d'immobilisme, belote et re belote, quatre
ans de demi-vérités, d'entourloupettes, et de quelques commissions
parlementaires plus tard, serons nous mieux loger ?
Pourtant, au cours de cette dernière campagne électorale de nouvelles voix
se sont élevées, des figures plus ou moins connues du grand public ont
émergé. Même, qui plus est, à force de se faire valoir et voir, ces figures
ont été entendues par certains médias, dont notamment Radio-Canada et le
Journal Métro. Les porte-parole de Québec Solidaire ont tant fait qu'il
aurait été indécent de ne pas les entendre.
La parole à donc été donné à Mme Françoise David, qui n'à pas sa langue
dans sa poche et qui propose de faire de la politique autrement. J'entends,
ici et là, rire quelques cyniques mais le temps fait son œuvre et les
appuis s'accumulent, non pas tant en raison de la personnalité de ses
chefs, mais en raison de la qualité du programme de son parti qui au fil
des années répond aux nombreux défis que le Québec devra faire face d'ici
peu.
L'idée est commune et largement partagée, en période de crise, les grands
travaux s'imposent. Mais encore là, tout est affaire de jugement, on n'a
qu'à prendre le projet du CHUM pour se rendre compte que rien n'est joué,
et malgré les millions investis en analyse, sa réfection risque aussi de
dormir sur les tablettes. Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres.
Tiens, prenons le projet de Jean Charest sur les grands travaux
hydrauliques, du vent mes amis, du vent, les premières nations n'ont même
pas été consultées. Il en a glissé un mot, deux peut-être et puis silence.
Pourtant cette question est d'une importance capitale, non seulement
l'est-elle sur le plan environnemental mais elle l'est davantage si l'on
aborde la question de l'écologie dans son ensemble. Les premières nations
méritent d'être non seulement consultées, mais entendues. Québec Solidaire
sur cet aspect est en contact avec elles. Sur le plan écologique, Québec
Solidaire est partisan du développement durable, moins de béton, plus de
réflexions. Plus d'éoliennes, des projets citoyens/ennes, bref repenser
l'économie, non pas en faveur des multinationales, mais des communautés
d'intérêts qui visent au bien commun. Mais avant de ce faire, reformuler
nos rapports citoyens à la vie politique. Lors de l'entrevue avec Bernard
Derome à la SRC jeudi le 4 décembre, Françoise David à non seulement
parler de souveraineté, mais à mise de l'avant l'appel à la création d'une
Assemblée Constituante. L'idée n'a pas été saisie au vol par Derome,
pourtant elle valait la peine qu'on s'y arrête.
En peu de mots, une Constituante est une assemblée de constituants/tes
élus par le peuple et réunis afin de débattre du contenu d'une
constitution, qui est la Loi des lois. Le Québec est une nation, merci
Harper, et pour ce faire, les constituants élaboreront l'architecture de
base du fonctionnement de l'État. Non seulement s'agit–il de fixer les
limites des pouvoirs que le peuple délègue aux gouvernants et gouvernantes,
mais également des contours des différentes juridictions propres à chaque
sphère d’exercice du pouvoir. Une constitution énonce également les grandes
valeurs aux sources de la vie commune. Un projet de constitution, soumis au
peuple après un exercice en profondeur de démocratie participative, reste
la meilleure réponse à la loi sur la clarté et au renvoi de la Cour suprême
du Canada qui esquive l’essentiel : la reconnaissance du Québec comme
nation. Voilà en peu de mots l'essentiel de ce que Mme David aurait pu
rajouter concernant la pertinence de Québec Solidaire. A défaut d'être
entendue, l'idée fait son chemin au sein de citoyens/ennes qui rejettent le
cynisme comme programme politique et estiment qu'il est l'heure d'agir sans
plus tergiverser.
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --

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Michel Pilon2 articles

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Ex jounaliste et photographe, pratique du droit de 1988 à 2004.
Président du Comité pour le Oui pour le comté de Verdun.
Membre de Québec Solidaire.





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1 commentaire

  • Christian Montmarquette Répondre

    7 décembre 2008

    Seulement deux mots Monsieur Pilon :
    Excellent et merci.
    Christian Montmarquette