André Vincent ajoute à la réflexion

Il y a des choix à faire, mais pas seulement un

Indépendance - le peuple québécois s'approche toujours davantage du but!


[Votre texte me rejoint, monsieur Vincent->29872],

J'ai connu une phase "antipéquiste" assez intense, de 1975 à 1994. Je
barrais "gauche totale", tout en m'affirmant indépendantiste. J'ai changé.
Je pense aujourd'hui en termes de république et nation, plutôt que de me
limiter aux combats entre classes sociales. Les classes sont là, la
république, elle, n'est pas.

J'admire votre courage, car vous portez flanc aux détracteurs du PQ. Vous
demeurez critique sans être assassin. Oui, le PQ est à l'image d'un certain
Québec. Il est à l'image d'une majorité d'indépendantistes acquise ou
nonchalante. Il est en phase avec cette multitude citoyenne. Suis-je
satisfait ? Non. Mais pragmatisme oblige. Prétendre que le PQ fait partie
du problème, ou "est" le problème, ne contribue qu'à la démobilisation.
Pour qu'il puisse avancer, le navire a besoin de vent, non pas de remous.
Le navire seul ne suffit pas. C'est une flotte qu'il nous faut. Mais surtout
pas d'une Invincible Armada (monsieur Pérez, pardonnez-moi) mal préparée
qui s'éparpillera dès les premiers coups de canon ou la venue de la
tempête.

Les anti indépendantistes n'hésitent pas à voter PLQ. Vous le soulignez
avec justesse. De ce côté, l'unité n'a jamais fait défaut. Quant au
"certain Québec" dont je viens de faire mention, il tergiverse. Face à
cela, le PQ tente de se doter d'un plan. On aime ou on n'aime pas. Je
comprends monsieur Pierre Cloutier et je respecte ses réserves : il a
investi beaucoup, moi peu. Mais l'Histoire évolue lentement, et elle ne
supporte que les coups de gueule qui sont résolument nécessaires, ou qui
savent s'imposer de par la nécessité objective de ce qui doit advenir.
L'évolution humaine, dans son sens général, est à la fois chaotique et
dépend en même temps d'une conscience. Nous avons donc la possibilité
d'agir, mais d'autres aussi peuvent le faire, ce qui nous oblige à avoir
des réserves sur les lendemains espérés. Demain peut se déclamer en
siècles, et ces siècles seront un cheminement de victoires, d'erreurs, de
compromis, de défaites. On ne sait pas, et ça je le sais.

On parle beaucoup sur Vigile. En fait, surtout, "on sait". On brette, on
pourfend, on jette l'anathème, on se gausse, on applaudit, on dénature et
on juge. Beaucoup d'idées, bien de coups bas. Surtout des échanges
stimulants.

Des stratégies, des tactiques, des "voies justes à suivre", j'en lis des
"vartes et des pas mûres", des géniales et des "lourdement hypothéquées".
Trop souvent le personnel prime sur le collectif. Nous sommes des Québécois
(j'inclus monsieur Perez, même s'il n'est pas canadien-français) et nous
affichons encore cette tendance très française d'avoir raison sur tout,
quoiqu'on en pense. Nous sommes des américains (pas USA, s'entend), soyons
nous. Gagnons notre guerre à l'américaine, comme dans le temps : travail de
sape, minage, embuscade, alliances. Frontenac, Pierre Lemoyne d'Iberville
et les autres. Pas de luttes fratricides : un seul objectif, gagner. Faire
le pays, la république.

Sans aller dans le détail - et je lis ce que les commentateurs
Cloutier-LeHir-Barberis-Gervais et al. ont à dire sur la question -, je me
plairais à citer en exemple la triste Guerre civile espagnole de 1936-1939,
ce qui intéressera sûrement monsieur Pérez avec qui je suis très souvent en
désaccord. Divisées (républicains, POUM, PCE, syndicats, anarchistes...),
les forces républicaines espagnoles peu soutenues par les républiques
européennes et l'URSS n'ont pas pu tenir le coup devant l'unité des forces
de droite, nationalistes conservatrices et monarchistes coalisées par
Franco, forces soutenues à tours de bras par Mussolini et Hitler. Il en a
résulté une dictature fasciste jusqu'en 1975. Monsieur Pérez nous dira que
c'était ça, ou bedon une dictature stalinienne. Désolé, mais les choses ne
se seraient pas nécessairement passées comme ça. La république a crevé et
il aura fallu du temps aux nations espagnoles pour s'en remettre un tant
soit peu. Pas encore réglées les questions catalanes, basques et autres.
(...).

Cela dit, je suis d'accord avec vous en bonne partie. Pour ma part, et les
gens qui lisent Vigile le savent, je milite contre la division. Cela ne
veut pas dire que j'estime que seul le PQ détient la vérité, ce que vous ne
prétendez pas par ailleurs. Disons que je suis pour l'union des forces,
pour un programme commun. Et je suis en même temps pour les initiatives
citoyennes, comme le RIN, les États Généraux ou tout autre initiative
visant la convergence.

Donc, je résume : on prône l'union des forces souverainistes (et non pas un
sabordage pour rejoindre le PQ), on se débarrasse du PLQ, et on souscrit à
l'action citoyenne, pour une convergence éclairée qui saura mettre au pas
les sectarismes et les egos par trop exaltés.

Michel Gendron


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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    23 août 2010

    À madame Fortin et monsieur Julien de Lotbinière,
    Concernant la république: j'en suis. Le PQ n'en parle pas : je sais. Je constate que c'est avec un immense retard que nous commençons à aborder la question. La tendance est cependant la suivante: nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir mobiliser autour de l'idée de Constitution québécoise. Je constate une évolution positive en ce sens, et de plus en plus de citoyens se sentent concernés. Toutefois, une certaine intelligentsia "souverainiste" se sent plus près d'une conception d'État de type libéral anglo-saxon et multiculturaliste. Bizarrement, la notion de république passe mal chez certains progressistes qui sont en voie d'assimilation idéologique. Je le sais, car j'échange parfois sur cette question pour me faire dire que je prône presque l'intolérance. C'est assez paradoxal...
    Quant à la convergence, bien sûr, je la veux citoyenne. Mais pas seulement. Le PQ et QS devront en tenir compte. En ce sens, je souhaite qu'il y ait une dynamique suffisamment structurée de cette base dont nous faisons partie pour amener "nos partis" à s'entendre sur un programme commun pour l'indépendance et la république. L'articulation de tout ça ne se fera pas de façon linéaire, ou encore par simple volonté de l'esprit.
    Pour moi, des États généraux peuvent y contribuer, puisque ce sera la place pour discuter de tout ça.

  • Archives de Vigile Répondre

    22 août 2010

    Monsieur Gendron,
    J'essaie de comprendre votre exemple de l'Espagne de 1936-39. Êtes-vous à tenter d'associer le mouvement républicain québécois qui se dessine, timidement je l'admets, à la situation des « forces républicaines espagnoles » de l'époque ? Car on me l'a servi celle-là en me parlant aussi de la République de Weimar !! Et pourquoi pas de l'Union des républiques socialistes soviétiques pendant qu"on y est ?! C'est en faisant l'économie de la question républicaine au Québec que la confusion persistera.
    Et si le mot « république » donne de l'urticaire à l'establishment péquiste, faudra-t-il taire cette forme de régime et n'en parler qu'au lendemain du « Grand Soir » ?! Tout ça pour assurer « l'union des forces souverainistes » ?!
    Il y aurait-il donc tant de monarchistes à l'intérieur de nos rangs que la question républicaine, s'incarnant dans la Constitution du peuple québécois, risquerait de mettre à mal cette union ?
    Dois-je rappeler que sur les 194 États membres de l'Organisation des Nations unies, 135 sont des Républiques ! Ne serait-il pas temps que nous discutions de la nôtre qui tarde tant à venir ?
    Depuis sa fondation, le Pq n'a jamais ou très peu parlé de principes républicains appliqués au Québec. C'est là une aberration difficile à comprendre. Or, si le Pq reste statufié dans son rêve d'une « souveraineté-dans-le-vide », on ne peut empêcher d'autres indépendantistes de vouloir enrichir le discours en discutant de l'avenir de cette souveraineté. Il n'y a pas 56 façons d'appréhender la suite des choses. Le Québec indépendant se doit d'être républicain et nous devons en parler !
    -

  • Archives de Vigile Répondre

    22 août 2010

    y a pas de convergence possible autre que citoyenne et non partisane.

  • L'engagé Répondre

    21 août 2010

    Et Vlan!
    J'ai écrit chez André Vincent : on ne jouera pas Stalingrad!
    À vous lire, j'aurais dû écrire : on ne rejouera pas Barcelone!
    Je remarque un regain d'histoire ces temps-ci.
    Yé!