Absurde "politiquement correct"

Tribune libre - 2007

L'être des Québécois culmine trop dans l'absurde du politiquement correct
outrancier.
Si venant du Canada c'est vraiment sans surprise par contre qu'au Québec
de la part de nombreux concitoyens l'on crie au loup contre la loi sur la
citoyenneté québécoise en dit long sur notre inconscient culturel marqué
par un trop long catholicisme pratiqué sous la domination coloniale. Cette
vieille habitude d'obéir pour obéir, d'intérioriser maladivement la
conscience du bien et du mal au point d'en être paralysé semble subsister
de nos jours quoique sous des formes différentes. Souvenons nous que cette
paralysie d'être dans les situations extrêmes par exemple dans les années
30 et 40 a affecté la santé psychique de milliers de Québécois les privant
d'une vie épanouie. La conscience des interdits moraux traversé par le
sentiment possible de sa culpabilité s'est avéré être un phénomène répandue
jusqu'en 1967-1975 pour décroître progressivement par la suite mais n'en
reste t'il pas quelque chose lorsque en face d'un projet de loi futur on
n'en retient que deux ou trois contraintes au détriment de sa logique
d'ensemble.
Nous souffrons aujourd’hui d'une excessive rectitude politique héritière
toujours d'une foi catholique qui en privilégiant l'angélisme ne réussit
qu'à nous diriger vers les tourments du masochisme. Parce que comme l'a dit
Pierre Bouchard dans son article, "nous ne pouvons êtres plus catholiques
que le pape".
Dire le nous ne signifie pas nécessairement être contre le eux, dire nous
ne signifie pas déclarer la guerre! Le "nous" est inclusion d'abord dans
l'espace et le temps, sa dimension géopolitique s'inscrit dans une culture
pourvue de son histoire qui peut accueillir les histoires singulières
d'immigrants qui viennent ici afin de s'inclure dans ce nous.
Si de l'extérieur on tient à diaboliser ce "nous" c'est parce qu'on ne l'a
jamais reconnu. Le Canada s'est construit en tant que pays anglophone
unitaire jouant toujours sur le capital politique du temps pour que
l'isolation de la province québécoise de culture française par minorisation
la transforme en seconde Louisiane assimilée à l'anglais. Les accusations
de fascisme larvées provenant du Canada contre le Québec doivent être
analysées sous cet angle qui a toujours été celui de la non reconnaissance
des Québécois.
L'histoire qui relève de la pensée critique observe scientifiquement que
le vainqueur se procure le droit de définir et de représenter la vertu
contre le vice tandis que le vaincu lui est reconnu coupable du seul fait
d'être dépourvu de ce pouvoir. La
définition canadienne du Québec est celle d'un rapport de force historique
et présent. Parce qu'en l'occurrence le Canada par les faits ne peut
prétendre à quelque supériorité morale sur l'ensemble des nations.
Ainsi cessons donc de réfléchir en vaincus de l'histoire, d'êtres
sensibles davantage au "mal" que l'on peut faire aux autres sans trop se
soucier du mal qui est fait ailleurs partout. Nous sommes humains ici ou
ailleurs pas supérieurs ni inférieurs aux autres peuples.
Malgré tous les beaux principes judéo-chrétiens, nous savons très bien que
nous évaluons les autres toujours à travers le respect que l'on ressent à
leur égard. Or le respect n'est pas gratuit, il est la traduction d'une
estime de l'autre qui est conditionnelle à ce que la personne a fait ou n'a
pas fait, les choses qu'elle a réalisées ou n'a pas réalisées. D'une part
nous travaillons en tant qu'êtres humains au dépassement des rapports
*conditionnels aux autres mais d'autre part il faut savoir que dans
l'immédiateté des rapports humains nous sommes incapables de ne pas évaluer
ni juger. Dans ce phénomène nous trouvons comme "deux étages" de niveaux de
réalité, nous ne pouvons ne pas en tenir compte. De là, l'impossibilité de
la tentation angélique à la Gil Courtemanche ou à la Bernard Descôteaux
dont l'un des inspirateurs a été certainement Claude Ryan.
La vie comme phénomène brut n'est pas compatible avec une harmonie qui
serait totale. Dans une bonne mesure, il y a une notion d'harmonie qui est
mythique. Dans toutes les sociétés comprenant celles qui sont démocratiques
des autorités naturelles se dégagent, des affirmations sont en concurrence
et un certain nombre de lois sont appliqués afin d'organiser ces rapports.
En conclusion. La laïcité québécoise devrait travailler encore sur nos
mentalités imprégnés par un trop grand laxisme religieux catholique.
*conditionnels:il est vrai que la notion de respectabilité introduit
souvent des préjugés.
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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