Vrai et faux Canada

Pour un peuple conquis et soumis à une domination coloniale, l’indépendance ne peut se faire que dans une logique anticolonialiste.

Tribune libre 2008

Vrai Canada : le Québec

Faux Canada : le British North America

Certains reprochent à Stephen Harper d’avoir récemment présenté Samuel de Champlain comme le fondateur du Canada. Ce reproche est-il justifié ? Tout dépend ici du sens qu’on donne au mot Canada. Et tout ce problème sémantique explique sans doute en grande partie pourquoi l’indépendance tarde au point où l’on peut craindre qu’elle n’advienne jamais.
Aux XVII et XVIIIe siècles, avant la Conquête anglaise, le territoire vraiment habité de la Nouvelle-France, en gros la vallée du Saint-Laurent, était communément appelé Canada et ses habitants, en très grande majorité de souche française, s’appelaient volontiers Canadiens.
[->archives/pol/culture/riouxquebecois1.html]Par la force du nombre et des armes, les Anglais se sont emparés du pays en 1760. Ont-ils poursuivi l’œuvre de nos ancêtres ? Non. Ils n’ont pas non plus refondé notre pays. Ils en ont fondé un tout nouveau, à leur image, auquel ils ont annexé le nôtre. Le petit peuple, comme on dit, ne s’y est trompé, lui qui a continué pendant des générations à les désigner sous le seul nom d’Anglais, se réservant pour lui-même l’exclusivité du titre de Canadien. C’était d’autant plus normal que jamais les conquérants, sauf exception, n’ont adopté la langue, la culture, les mœurs, les us et coutumes des conquis. Jamais non plus n’en ont-ils partagé le sort et les aspirations nationales, bien au contraire.
Alors, une question se pose, la plus fondamentale de toutes, sans doute. Nous, indépendantistes, avons-nous été bien inspirés lorsque, au cours des années soixante, nous avons commencé à désigner les nôtres sous un nouveau vocable, celui de Québécois ?
Pour ma part, je suis profondément convaincu que non. Surtout, en acceptant d’abandonner aux Anglais le nom de Canadiens, en prenant même l’habitude de les appeler systématiquement Canadiens, nous avons montré qu’entre les deux sens du mot Canadien, ce n’est pas celui retenu par notre petit peuple, nos petites gens, mais bien au contraire l’autre, l’officiel, celui défini par le colonisateur anglais, nous avons montré, dis-je, que c’est ce sens-là que nous considérions comme le plus valable, voire comme le seul acceptable, le seul véritable. Je ne peux m’empêcher de voir là un étrange réflexe de colonisés. Ici, attention, je ne lance la pierre à personne. Je sais, notre situation était et demeure assez particulière. En effet, combien de colonisateurs, de par le monde, ont subtilisé le nom des colonisés au lieu de leur imposer le leur ?
N’empêche. À mon humble avis, mieux aurait valu, pour la suite des choses et le succès de notre lutte de libération nationale, préférer ce qui était alors la signification populaire du mot Canadien, la vraie, à sa signification officielle, la fausse. Au lieu d’opposer le Québec au Canada, opposer plutôt le vrai Canada au faux.
Le vrai Canada, c’est-à-dire ce pays français qui, géographiquement, correspond en gros à l’actuelle province de Québec, puisque c’est là que sont concentrés les vrais Canadiens, héritiers de Champlain, de Talon, d’Iberville, de Lévis, de Papineau, de Mercier, etc.
Le faux Canada, c’est-à-dire ce pays anglais, outre-Outaouais, dont le nom véritable, au fond, est Amérique du Nord britannique (British North America) et dont les habitants sont les British Americans, héritiers de Wolfe, de Colborne, de Durham, de MacDonald, etc.
On m’objectera qu’il était malheureusement déjà trop tard, qu’il n’y avait plus rien à faire, que les Anglos s’étaient approprié le nom de Canadiens et que la communauté internationale leur reconnaissait tacitement le droit de s’en affubler. D’où la nécessité pour nous de nous y faire et de passer à autre chose.
Mais les Anglos se sont aussi approprié notre territoire laurentien, sur lequel leur gouvernement, celui d’Ottawa, exerce toujours sa souveraineté, avec l’assentiment tacite de la même communauté internationale. Est-ce que nous nous y sommes faits et avons passé à autre chose ? Non, car nous sommes des indépendantistes. La meilleure attitude au ras du sol n’aurait-elle pas été aussi la meilleure au niveau des symboles ? Oui !
Pour un peuple conquis et soumis à une domination coloniale, l’indépendance ne peut se faire que dans une logique anticolonialiste. Et dans une telle logique, le discours que nous aurions dû tenir, nous indépendantistes, c’est le suivant : « Écoutez, là, vous autres, les Anglos ! Puisque vous ne vous êtes pas assimilés à nous, puisque vous ne partagez ni notre sort ni nos aspirations, puisque vous êtes demeurés les conquérants et nous les conquis, nous ne vous reconnaissons pas le droit de porter notre nom. Vous n’êtes toujours que des Anglos et nous sommes les vrais Canadiens. Alors, comme le droit de conquête n’a jamais été un véritable droit et comme du reste il n’existe plus, nous allons faire du territoire où nous sommes majoritaires un État indépendant. Ce territoire que nous habitons depuis près de quatre siècles, ce territoire qui correspond à ce que vous appelez la province de Québec, il portera le nom de Canada, comme toujours, et vous, outre-Outaouais, eh bien, vous n’aurez qu’à vous en trouver un autre, à votre image et à votre ressemblance. Adieu ! ».
Hélas ! ce n’est pas ce que nous avons entendu. C’est même presque tout le contraire. Pensons-y. Le gouvernement d’Ottawa, ce gouvernement dont nous rejetons la tutelle, ce gouvernement dont nous voulons nous débarrasser, nous l’appelons le gouvernement du Canada, le gouvernement canadien. Nous voulons, avec raison, le faire apparaître comme un corps étranger à notre nation, ce qu’il est bel et bien, mais, pour ce faire, nous ne trouvons rien de mieux que de lui accoler un nom que dix, onze, douze générations des nôtres ont considéré, au mépris justifié de la paperasse officielle, comme leur, comme nous appartenant en toute exclusivité.
Et après, on s’étonne encore de la confusion ambiante et du succès funeste de la célèbre formule d’Yvon Deschamps machiavéliquement remaniée par Harper !
Non, je regrette. Quand bien même je serais demain le seul à raisonner encore ainsi, tant pis, je ne céderai jamais. Pour moi, le gouvernement d’Ottawa ne sera toujours que le gouvernement de l’Amérique du Nord britannique, le gouvernement british american. Quant à Stephen Harper, ses prédécesseurs et ses successeurs, ce ne seront toujours à mes yeux que des premiers ministres british american, fussent-ils issus de nos rangs tels des collabos au petit pied ! Car il est entendu que le vrai gouvernement du Canada, le vrai gouvernement canadien, le vrai gouvernement du vrai Canada et des vrais Canadiens, même s’il ne s’agit toujours que d’un moignon de gouvernement, c’est à Québec qu’il se trouve.
Ce n’est pas du tout à la mode de raisonner ainsi ? Je m’en sacre ! Au risque de paraître gonflé à l’hélium, quand il s’agit de notre histoire, je ne pense pas à l’échelle des années ni même des décennies, mais bien à l’échelle des siècles. Du moins, je m’y efforce. Et à cette échelle-là, à la hauteur de laquelle correspond une profondeur équivalente, à cette échelle-là, dis-je, j’estime en toute humilité avoir raison.
Aussi, rassurez-vous, je ne me prends pas du tout pour un autre. Si j’ai péché par lyrisme dans le paragraphe précédent, c’est que, je vous le répète, j’ai la conviction profonde que, si l’indépendance n’est pas encore faite, ce n’est certes pas seulement, mais c’est principalement en raison de l’abandon irréfléchi aux Anglos de notre nom ancestral de Canadiens.
Luc Potvin
Verdun


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5 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    12 mai 2008

    Monsieur Gébé Tremblay,
    Je constate que nous sommes pas mal sur la même longueur d'ondes. Si jamais un jour, comme j'en rêve, je trouvais le moyen et la force de fonder le MIVC, le Mouvement pour l'indépendance du vrai Canada, je vous en informerais.
    L'une des choses tristes dans tout ça, c'est que le dédoublement identitaire dont vous parlez, il vient de l'élite, pas du populo. Il vient d'une élite impressionnée par le colonisateur anglais, puis cette élite a fini par le répandre dans le populo, depuis une quarantaine d'années.
    Une autre chose triste, c'est le caractère schyzophrène que cela confère à l'enseignement de notre histoire. Que l'on parle de d'Iberville, de Papineau, de Mercier ou de Parizeau, il faut d'abord bien vérifier à quelle époque chacun appartient pour savoir si l'on doit dire le Canadien, le Canadien-Français (quel pléonasme !) ou le Québécois, sinon on risque de commettre un terrible anachronisme, comme, par exemple, en disant le Québécois d'Iberville. Mais c'est ridicule, c'est absurde, toutes ces contorsions ! Si les conquis de 1760, c'étaient les Canadiens, et que nous en sommes les héritiers, les seuls héritiers, alors nous sommes toujours les seuls véritables Canadiens ! Accepter l'usurpation de notre nom de Canadiens, c'est nous voir nous-mêmes avec les yeux, à travers les yeux du colonisateur anglais ! Drôle de comportement pour des indépendantistes qui, normalement, devraient être des anticolonialistes et des décolonisateurs. Et pas étonnant que nous n'allions nulle part !
    Je ne dis pas ça pour vous, monsieur Tremblay, je sais que vous comprenez déjà tout ça. Je le dis dans l'espoir que ça contribue à désengourdir l'esprit ne serait-ce que d'un ou deux rares lecteurs capables au moins d'entrevoir le choc terrible que serait pour Ottawa et les colonialistes british american un mouvement indépendantiste régénéré et proclamant enfin et avec éclat notre droit exclusif aux noms de Canada et de Canadiens.
    Contre la surface de l'actualité, la profondeur de l'Histoire !
    Contre la niaiserie des textes officiels rédigés par et pour le colonisateur anglais, l'âme, oui, l'âme de notre nation, cette âme qui brûle encore dans ce que notre petit peuple a de moins déculturé, de moins éloigné du terroir !
    LP

  • Archives de Vigile Répondre

    10 mai 2008

    Très justes, vos précisions, M. Potvin.
    Nous faisons du sur-place à s'entêter à combattre des moulins à vent. Nous combattons les duperies de l'Anglais par nos propres duperies.
    C'est le réel qu'il faut changer. C'est à la duperie de l'Anglais qu'il faut s'attaquer et rétablir les faits.
    Le faux Canada de l'Anglais est en réalité la Nouvelle Angleterre, un territoire arraché à la Nouvelle France qui est maintenant et en fait non-pas le ROC (Rest Of Canada) mais bien le RONE (Rest Of New England), c'est à dire ce que les Américains n'ont pas réussi à libérer de la colonie anglaise.
    Il est aussi illusoir de croire qu'un Québec indépendant va faire disparraître cette duperie qui nous maintient dans un état de schizophrénie (dédoublement identitaire), car notre histoire ne changera pas, à moins de pratiquer le même révisionnisme que l'Anglais. Nous-nous duperions nous-mêmes à la place de et sans l'Anglais !
    Nos livres d'histoire nous répéterons sans cesse que nous sommes les seuls et unique et véritables Canadiens et que notre territoire est le véritable Canada des origines et que sa capitale est Québec.
    C'est en tuant le mensonge de l'Anglais que la reconnaissance internationale de l'évidence historique de notre peuple et de notre pays pourra être rétablie de plein droit.
    Sa naissance date de 400 ans.

  • Luc Potvin Répondre

    9 mai 2008

    À Monsieur Tremblay,
    Merci bien de vos commentaires. Vous avez raison. Sur les bords du Saint-Laurent, il y a eu du métissage au sens strict du terme. Mais, évidemment, pas autant que dans l'ouest, là où se rendaient nos coureurs de bois. Sinon, ça serait plus évident, à l'oeil. Toutefois, indéniablement, il y a eu assez fort métissage quant aux moeurs, c'est vrai. De là est née, en partie, une nouvelle nation, la nation canadienne. L'affirmer, de votre part comme de la mienne, n'a absolument rien de francophobe, j'en suis sûr. Il ne faut quand même pas oublier que, sans la Conquête anglaise, nous aurions fini un jour, tôt ou tard, par avoir un conflit avec la France et une rupture s'en serait suivie, comme pour les colonies de l'Espagne, du Portugal et de l'Angleterre. Et une fois la poussière retombée, de bonnes relations auraient été renouées.
    Au Dr Fléau,
    Merci de vos commentaires à vous aussi.
    Je comprends votre réserve sur un point, bien que je ne la partage pas. En s'affublant de notre nom, les Anglos ne nous obligeaient pas à le leur abandonner. Pas plus que leur souveraineté sur notre terre du Saint-Laurent ne nous oblige à leur laisser cette terre. Ce qui est à nous est à nous, c'est d'ailleurs ce que le petit peuple comprenait d'instinct avant le déferlement médiatique de l'après-guerre.
    Je respecte, bien sûr, ceux qui, depuis une quarantaine d'années, ont développé un sentiment d'attachement aux vocables Québec et Québécois. Mais, si au moins, nous tous, indépendantistes, cessions d'employer les mots Canada et Canadiens quand nous parlons de tout ce qui est relatif à Ottawa et aux Anglos, rien que ça, ça ferait avancer de beaucoup la cause de l'indépendance.
    Cela dit, ce qui aurait pu être et qui aurait été merveilleux, c'est que, pour la fédération de 1867, on ait retenu l'un des autres noms qui furent envisagés, par exemple, la Boréalie. Que serait-il advenu alors du Haut-Canada ? Est-ce que ça aurait pris quand même le nom d'Ontario ? On peut le présumer. Auquel cas, le Bas-Canada aurait sans doute alors, et tout naturellement, repris son nom de Canada. De sorte qu'au XXe siècle, notre lutte pour l'indépendance, tout aussi naturellement, aurait consisté à sortir non pas le Québec du Canada, mais bien le Canada, pays français, de la Boréalie, pays anglais. Il n'y aurait pas eu alors de distorsions ! Bien sûr, là, on fait dans l'histoire-fiction, mais l'exercice n'est pas inutile dans la mesure ça aide à comprendre des aspects de l'âme de notre peuple.
    Il n'est pas vrai par exemple que les vieux votent souvent non seulement par peur des conséquences économiques de l'indépendance. Plusieurs ont un attachement au Canada, un attachement réel et profond. Sauf que, quand on les écoute, on se rend compte que ça n'a absolument rien à voir avec les provinces anglaises. Le Canada qu'ils chérissent, c'est celui des Canayens, donc c'est un Canada qui géographiquement correspond au Québec actuel, bref c'est le vrai, l'authentique Canada, pas le faux des Anglos. Le plus triste, c'est qu'on laisse les fédéralistes les récupérer. Personnellement, quand j'ai l'occasion de parler à ces gens et que je cherche à les rallier à l'indépendance, je ne leur dis jamais «le Canada» en parlant de (con)fédération ni «le gouvernement canadien» en parlant d'Ottawa. Me semble que c'est élémentaire.
    Quant à votre conclusion, vous savez, une personne férue de linguistique m'a déjà dit qu'on peut changer de signifiant sans changer de signifié. Je comprends ça. Sauf que, pour Monsieur et Madame tout le monde, le signifiant et le signifié, c'est tout un, et se mettre à appeler table une chaise et chaise une table, ça sème la confusion et ça ne fait guère sérieux.
    Mais, bon, je le répète, je comprends vos réserves sur ce point, j'en ai déjà eu un peu, moi aussi, jadis. Mais une attention particulière à la façon dont les gens parlent ou parlaient, la réflexion et la lecture, notamment celle des écrits d'un pionnier du mouvement indépendantiste, Raoul Roy, ceux du géographe Jean Morrissette et quelques autres, entre autres le roman Maria Chapdelaine dont tout un passage porte là-dessus, passage que Gilles Carle a d'ailleurs fort bien rendu au cinéma, lorsque la mère Chapdelaine répond avec simplicité et profondeur à une remarque archi-superficielle de Lorenzo Surprenant, tout cela a achevé de me convaincre d'une chose. C'est que, s'il faut bien sûr dépasser le terroir, il ne faut surtout pas, dans une lutte de libération nationale, rompre totalement avec lui. Et rien, non, rien n'est plus profondément terroir chez nous qu'une personne qui vous dit sans flafla : «Ah! moi, là où je travaillais, on était bien au moins 50 Canadiens, et puis les 10 ou 15 autres, c'était des Anglais.»

  • Archives de Vigile Répondre

    9 mai 2008

    Je suis d'accord avec vous en grande partie quant à la distinction du nom de Canadien. Nous étions en effet des Canadiens, LES Canadiens, et les anglais se s'ont peu à peu approprié ce nom. Et oui, je trouve étrange que l'envahisseur ait pris notre dénomination au lieu de nous imposer la leur. Ceci dit, la manoeuvre aurait eu au final le même résultat, c'est à dire celui de nous priver de notre nom à nous. Nous avons été contraints, je crois, en tant que nation à part entière, de nous identifier d'une autre façon afin de conserver le plus intact possible notre spécificité francophone. Que ce soit le nom de "Québécois" au autrement, le but était de se (re)donner une identité, une appartenance propre, que les anglais ne voudraient pas. Dans les mots du poète : "Une rose d'un autre nom sent aussi bon".
    Faisons l'indépendance pour conserver notre identité et nos valeurs. Devenons souverains pour ne plus jamais connaître la survivance.

  • Archives de Vigile Répondre

    9 mai 2008

    Enfin un peu de bons sens dans cette guerre de mensonges historiques de la part des Anglais ET des Français.
    Merci M. Potvin.
    Je me permet toutefois de préciser quelque chose de fondamental et qui manque à votre récit du Canada:
    Déjà au temps de Cartier, vers 1534, on parle de la "province du Canada" à "l'intérieur de la Nouvelle France" (Unie?). Cette province du Canada est en fait le territoire du Chef Donnacona et consiste en toute la vallée du St Laurent (essentiellement le Québec d'aujourd'hui).
    En 1608, lorsque Champlain fonde la ville de Québec dans la province de Canada, le peuple (sédentaire) de Donnacona et son successeur Agona ont quitté depuis longtemps et ce sont des Montagnais et un autre peuple, nomades, qui alors se déplacent sur ce territoire pour y suivre les migrations des animaux dont ils dépendent pour se nourrir. Nous ne connaissons pas le nom véritable de cet autre peuple amérindien, autre que le nom de la province que nos premiers aventuriers Français leur ont donné à cette époque; c'est à dire Canadiens.
    Le récollet Gabriel Sagard (1632) est clair à ce sujet et est aussi très descriptif pour ce qui est de la liberté sexuelle des Amérindiens(nnes) ainsi que de la grande participation des Français dans l'assimilation de ces moeurs "du pays".
    Il y décrit aussi très bien l'amour inconditionel des Amérindiens envers leurs enfants qui de par leur extraordinaire frivolité rendait impossible leur identification d'affiliation. C'étaient les enfants de tout le monde et ils les aimaient tous comme s'ils étaient tous les leurs. Incluant biensûr ceux des Français.
    Donc, lorsqu'on disait alors que son enfant était Canadien, dans une province Canadienne où se côtoyaient des Français sans femmes et une tribue amérindienne appellée Canadienne, on a pas besoin faire un dessin, n'est-ce pas ?
    Ces enfants ont grandi et ont fait d'autres enfants. De plus en plus se disaient Canadiens et seuls les quelques rares nouveaux arrivants colons étaient identifiés comme "Français" (maudits).
    C'est ce métissage qui a produit le nouveau peuple appellé Canadien.
    Puis il y a eu la terrible épidémie de vérolle qui a décimé une grande partie de la population amérindienne. Ce sont les métissés qui ont survécu car immunisés.
    Donc, le peuple Canadien original est partie de nous et survi en nous.
    L'Anglais le savait et le sait. Il ne pourra jamais se réclâmer être un Canadien.
    C'est pourquoi il a changé le nom de la province de Canada en une province qu'il nomma Québec. Il s'appropria alors le nom Canada pour se faire lui-même Canadian, artificiellement, sans ancêtres ou ascendance.
    Oui, nous avons renié notre nom, nos ancêtres, pour adopter celui que l'Anglais nous a donné, et avons renié nos racines amérindiennes pour se refaire de purs Français, comme l'Anglais le souhaitait pour pouvoir se légitimer la possession de notre nom, symboles, et enfermer les Amérindiens dans des enclos tout comme nous dans le nôtre, tels des animaux domestiques.
    Et aujourd'hui on s'offusque que la France nous renie ou abandonne une nouvelle fois!
    Nous-nous sommes abandonnés nous-mêmes.