Votez Bloc : un choix intelligent même pour les fédéralistes!

Élections fédérales - 2011 - le BQ et le Québec

Chaque élection, c’est la même chose : on remet en question la pertinence du Bloc québécois. Pourtant, élection après élection, les Québécoises et les Québécois continuent d’appuyer massivement les troupes de Gilles Duceppe; au grand désarroi des troupes fédéralistes qui voudraient bien faire une percée en sol québécois afin de s’assurer d’une majorité de sièges à Ottawa. Mais non, au Québec, on vote Bloc!

Il existe de multiples raisons de voter pour le Bloc québécois. Certains le font par conviction profonde, certains le font par choix rationnel ou par appui à une idée (ou projet) politique, certains encore le font par dépit ou par intérêt stratégique. Toutes ces raisons s’équivalent d’un point de vue électoral, car au final, elles engendreront toutes un vote pour le Bloc. Le sénateur Jean-Claude Rivest, sous la plume de Robert Dutrisac, dans le Devoir, nous donne aussi une autre raison de voter pour le Bloc : « si le Bloc existe, c'est parce que les trois autres partis sont nuls ». On ne peut le contredire. C’est parce que les grands partis canadiens sont totalement déconnectés de la réalité québécoise que le Bloc existe et qu’il possède un appui aussi massif.
Rappelons que le Bloc a été fondé après que les Canadiens aient dit non à une tentative de réinsertion du Québec dans l’ensemble canadien. D’une certaine manière, le Bloc n’est donc que le résultat du choix des Canadiens eux-mêmes, c’est-à-dire isoler le Québec et le maintenir dans un état paradoxal « d’exclus intégrés ». Se met ainsi en marche un cercle vicieux du manque de représentants québécois au sein des grands partis canadiens, engendrant une déconnexion toujours plus grande avec la réalité québécoise. Soyons réalistes, ce n’est pas les Justin Trudeau, Thomas Mulcair et encore moins les Maxime Bernier qui représentent le Québécois moyen… Non, si les Québécois votent Bloc, c’est que le Bloc parle la même langue qu’eux, et je ne parle pas que du français!
Il est toutefois intéressant d’étudier plus en profondeur cet appui, quasi unanime, du Québec au Bloc québécois. De tout temps, les Canadiens et les Québécois ont eu des visions opposées du fédéralisme canadien. En effet, si l’on remonte l’histoire constitutionnelle canadienne, on s’aperçoit que la crise de 1982 n’est pas la seule à avoir eu lieu dans l’ensemble canadien. C’est certainement la plus longue et la plus grave de conséquences, mais pas la première ni la dernière, comme le prouvent Meech et Charlottetown. En fait, on s’aperçoit qu’au moment même de constituer la fédération canadienne en 1867, les « Québécois » de l’époque et les Canadiens avaient des visions diamétralement opposées. C’est justement la raison pour laquelle la Constitution de 1867 n’a pas été adoptée par référendum, mais par un simple vote du parlement. En effet, Macdonald craignait un rejet du projet dans le « Bas-Canada », où la population était plutôt opposée à l’idée d’association durable avec les autres colonies britanniques de la région. On voit donc que cette aversion pour le fédéralisme canadien ne vient pas d’hier.
Plus encore et d’un certain point de vue, le Bloc québécois, même s’il est officiellement souverainiste, s’inscrit dans une logique confédérale, c’est-à-dire des provinces fortes et un État central au pouvoir limité. Ce n’est pas aussi évident à percevoir, car les positions se radicalisant d’un côté ont entrainé la radicalisation de l’autre, jusqu’au point où le dialogue et le compromis ne se produisent qu’à grand-peine. Reste que l’approche du Bloc québécois correspond bel et bien à une approche confédérale. En fait, si chaque province canadienne possédait un « Bloc » n’ayant comme objectif que de défendre l’intérêt de la province au sein des institutions fédérales, nous aurions sous les yeux non pas un gouvernement fédéral, mais un véritable gouvernement confédéral, formé par des gouvernements de coalition entre les « blocs » de plusieurs provinces.
Sous cet angle, le Bloc québécois peut aussi représenter un choix logique, même pour un électeur fédéraliste. En effet, en prônant un recul de l’ingérence du Fédéral dans les champs de compétences provinciales (fin du pouvoir de dépenser), la redistribution de la richesse fédérale aux provinces (fin du déséquilibre fiscal), voire même l’augmentation des compétences provinciales (notamment en matière de culture, de télécommunication, etc.), le Bloc se comporte comme un parti, certes souverainiste, mais aussi comme un parti prônant la décentralisation de la fédération canadienne au profit des provinces. C’est justement cet aspect qui fait défaut aux grands partis canadiens. Aucun ne propose de rouvrir la constitution, non pas pour accommoder le Québec, mais pour augmenter significativement les pouvoirs provinciaux. Or c’est peut-être justement ce qui fait en sorte que la majorité des Québécoises et des Québécois préfère appuyer le Bloc québécois plutôt que les grands partis canadiens. L’électorat du Bloc est d’ailleurs plus diversifié que celui du Parti québécois, allant chercher des souverainistes modérés, mais aussi des partisans du fédéralisme asymétrique – qui a été abandonné par tous les partis fédéraux au profit du statu quo. D’ailleurs, je suis certain que si le Bloc avait une vocation pancanadienne, il serait en mesure de faire élire quelques candidats dans l’Ouest et dans l’Est du pays où l’idée d’une décentralisation de la fédération en séduit plus d’un.

En définitive, un vote pour le Bloc québécois représente bien plus que le choix d’un représentant au parlement d’Ottawa. Un vote pour le Bloc, c’est exprimer son mécontentement à l’égard non seulement du gouvernement en place, mais aussi du système politique canadien. Un vote pour le Bloc, c’est aussi exprimer son amour de la nation québécoise et son désir de la préserver et de la défendre contre vents et marées. Un vote pour le Bloc, c’est finalement, et d’une certaine manière, un vote pour de la révision du fédéralisme canadien et la décentralisation du pays bien davantage qu’un vote pour l’indépendance du Québec.

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Marc-André Pharand12 articles

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Étudiant en
Affaires publiques et Relations internationales à l'Université Laval,
Blogueur, Militant politique. Combat l'entêtement idéologique !

Québec





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    8 avril 2011

    Voter fédéraliste
    1) c'est voter colonialisme
    2) c'est voter pour nous laisser voler notre droit de vivre en français au Québec ,
    3) c'est nous fermer le monde et toutes les institutions internationales
    4) c'est voter impérialiste, orangiste Waps.
    5) c'est voter pour enrichir les marchands de canons US et Canadians
    6) c'est voter royaliste pour un faux système fédéraliste de 1982 anti Confédéraliste de 1867,
    7) c'est voter pour soumettre le Québec à des étrangers canadians et des ministres unilingues anglais ,
    8) c'est voter pour laisser se détruire toutes nos institutions Québecoises et toutes nos infrastructures ponts , ports et aéroports .
    9)C'est voter pour la disparition -anglicisation de la Nation Québecoise
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