Que signifie la montée du NPD au Québec?

Élections fédérales - 2011 - le BQ et le Québec

Les frozen fédéralistes s'imaginent que le pourrissement de la question nationale a fini par donner tort aux indépendantistes et raison aux fédéralistes. Ils devraient comprendre que la montée du NPD signe l'échec de la polarisation fed-souv sans vainqueurs. Et ne jamais oublier qu'une simple étincelle peut rallumer le bûcher de ces vaniteux superficiels souffrant de conjoncturite débilitante et aveuglante!!! - Vigile
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Gilles Duceppe

Photo : Jacques Nadeau - Le Devoir


Comment expliquer la soudaine montée de popularité du NPD au Québec? Comment se fait-il que cette montée semble surtout se faire aux dépens du Bloc québécois? Car les deux phénomènes sont reliés de façon quasi causale: en faisant ouvertement campagne pour la souveraineté, le Bloc a repoussé vers le NPD les électeurs québécois qui veulent d'abord rejeter Harper sans avoir à se prononcer sur l'avenir constitutionnel du Québec.
Le Bloc a commencé à voir son soutien s'effriter dans l'opinion publique au moment du congrès du PQ, où Gilles Duceppe a prêté allégeance à Pauline Marois et à la cause indépendantiste. Ce faisant, le chef du Bloc a brisé le contrat politique «officieux» qu'il avait avec beaucoup d'électeurs québécois. Le Bloc peut bien se déclarer souverainiste à Ottawa jusqu'à ce que mort s'ensuive, mais les citoyens d'ici savent bien que cet enjeu se décide à Québec et non au parlement fédéral. Il n'y a pas de risque à voter pour le Bloc au fédéral. Contrairement au PQ au niveau provincial, le Bloc n'est pas un parti qui peut créer de l'incertitude par la tenue d'un référendum sur l'indépendance du Québec.
En se liant aussi fortement à la cause du PQ en pleine campagne électorale fédérale, M. Duceppe a détruit la crédibilité de l'idée selon laquelle le Bloc parle au nom des «intérêts supérieurs» du Québec à Ottawa. Comment le Bloc peut-il prétendre être un rassembleur qui s'élève au-delà des clivages lorsqu'il prend lui-même parti? Le Bloc peut bien se voir comme le représentant de la nation québécoise à Ottawa, mais cette nation ne parle jamais d'une seule voix, et il est heureux qu'il en soit ainsi. Pourquoi devrait-il en être autrement pour sa représentation politique au niveau fédéral?
Le valet du PQ
En se rapprochant du PQ, le Bloc perd de son autonomie politique par rapport au «grand frère» péquiste. Il perd aussi de son utilité par rapport à l'électorat. Il n'offre plus aux électeurs un produit différent de celui du PQ. Et, surtout, les Québécois ne veulent pas décider des questions relatives à la souveraineté du Québec dans des élections fédérales. C'est au niveau provincial que ces décisions doivent se prendre. Les Québécois prennent ces questions au sérieux et ne veulent pas qu'on les force à se prononcer sur ces enjeux dans des élections fédérales. Ce n'est pas le lieu légitime, ni la juridiction appropriée.
En devenant le valet du PQ, le Bloc perd une partie de son identité. Qu'il le veuille ou non, le Bloc, c'est aussi la «société distincte» par d'autres moyens. Le Bloc est la réponse du Québec au blocage constitutionnel canadien. C'est un parti qui a ses racines historiques dans l'option fédéraliste. C'est un mouvement qui a été fondé par des fédéralistes déçus.
Le Québec dégèle?
Or cette déception est toujours très présente dans l'opinion québécoise, mais elle trouve dorénavant moins de place dans un BQ plus résolument souverainiste. Une hypothèse est que le soutien actuel au NPD soit le signe d'un possible dégel du Québec par rapport au fédéralisme canadien. Les fédéralistes québécois ne sont pas nécessairement déçus du fédéralisme en tant que tel. Ils sont plutôt déçus des libéraux et des conservateurs qui n'ont rien à dire sur les enjeux identitaires qui préoccupent leurs concitoyens.
Seule la voie néodémocrate n'a pas encore été empruntée au niveau fédéral. Au Canada, les relations fédérales-provinciales dépendent beaucoup des forces partisanes qui contrôlent le gouvernement à Ottawa. On ne sait encore rien du fédéralisme de type social-démocrate et cela pique certainement la curiosité.
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Denis Saint-Martin, professeur titulaire de science politique à l'Université de Montréal


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