Vérificateur général et Charles Lapointe - L’honorable déshonoré

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Un scandale qui n'en finissait pas de durer

La rémunération et les dépenses du baron de Tourisme Montréal, Charles Lapointe, telles que scrutées par le Vérificateur général, étaient non seulement extravagantes, mais manifestement scandaleuses. Comment l’« honorable » a-t-il pu régner en maître sur cet organisme pendant un quart de siècle sans que le conseil d’administration réagisse ? Poser la question, c’est réclamer que cette gabegie soit dûment sanctionnée.
D'abord, il y a le salaire : 398 300 $ (ce qui comprenait un « boni » de 54 100 $). Charles Lapointe, en somme, gagnait plus de deux fois la rémunération due à la première ministre du Québec, 180 781 $. Plus aussi que le plus haut des hauts fonctionnaires de l’État, le secrétaire général du Conseil exécutif, 241 500 $. Et ce, pour vanter Montréal et attirer des congrès !

M. Lapointe était qualifié d’« honorable » parce qu’il avait été député et ministre au fédéral entre 1974 et 1984. Un passé, au fait, qui lui fournit d’autres revenus, en tant qu’ancien élu. Or, malgré cela et son faramineux salaire, malgré une indemnité de départ mirobolante (654 000 $), l’honorable s’est déshonoré dans de petites combines de remboursement qui feraient pâlir d’envie des sénateurs canadiens, Jocelyn Dupuis ou encore Lise Thibault.

Son organisme faisait des dons de charité ? À lui les reçus pour déduction d’impôt ! Pour les trois dernières années scrutées par le VG, cela a permis à M. Lapointe « de déduire un total de 64 000 $». Heureusement qu’il y a le VG, M. Lapointe est en pourparlers avec Revenu Québec et l’Agence du revenu fédérale.

Pour ces trois années (sur 24) du règne de M. Lapointe, le VG a aussi trouvé des remboursements en double ainsi qu’une allocation de quelque 11 000 $ par année pour une voiture… alors que Tourisme Montréal (TM) lui en fournissait déjà une ! M. Lapointe a commencé à rembourser des montants au fisc et à l’État. Ceux-ci apparaissent encore bien insuffisants.

Mais où était donc, tout ce temps, le conseil d’administration de cet organisme ? Les gens qui le composent, dont son dernier président, Jacques Parisien, ne peuvent fuir leurs responsabilités. Leurs réponses au VG Michel Samson, pour l’instant, ont quelque chose de risible. Notamment sur le salaire du p.-d.g. À San Diego, se justifient-ils, le grand vizir du tourisme reçoit 435 121 $. Lorsqu’ils répondent par ailleurs qu’un « comité permanent de gouvernance » a été mis sur pied, assisté par un « cabinet-conseil », et qu’un code d’éthique a été adopté, Tourisme Montréal ajoute de la bureaucratie là où le bon sens aurait dû prévaloir depuis longtemps. A-t-on vraiment besoin d’un « comité de gouvernance » et d’un code d’éthique pour comprendre que les traitements princiers et les dépenses excessives sont inacceptables?

Michel Samson a eu raison de rétorquer en conférence de presse que, d’une part, le maire de San Diego a récemment déclaré que « ce poste-là ne devrait pas être rémunéré à plus de 165 000 $» et que, d’autre part, Tourisme Montréal, dans ses comparaisons, a oublié Chicago et New York, où les détenteurs de postes similaires sont beaucoup moins payés…

Yves Lalumière, le successeur de M. Lapointe, a le même salaire que ce dernier. Le gouvernement Marois pourrait commencer par diminuer le débit dans ce robinet. Et ensuite trouver au plus vite des moyens de faire la recension des organismes publics du type de Tourisme Montréal se trouvant à échapper aux règles propres à la fonction publique. Pour ensuite définir des règles afin d’éviter les excès et les dépenses douteuses révélées par le Vérificateur général à Tourisme Montréal.


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