(Québec) Même si le gouvernement Charest doit rajuster le tir pour apaiser la grogne qu'a suscitée son budget dans la population, il vient néanmoins de réussir un tour de force. Celui de faire accepter à la population l'idée qu'elle devra dorénavant débourser davantage pour préserver ses services de santé.
Les critiques et les manifestations inciteront peut-être dans quelques semaines le ministre des Finances à revoir l'application de la «contribution santé» prévue en juillet, afin de la moduler selon les revenus des contribuables. Ce qui s'avérerait une façon beaucoup plus juste de procéder, car elle respecterait davantage la capacité de payer de chaque citoyen.
Au cours des prochains mois, le gouvernement cherchera aussi une autre formule plus appropriée que la «franchise-ticket modérateur-ticket orienteur-prime» pour alimenter le réseau de 50 millions $ de plus en 2012-2013 et de 500 millions $ l'année suivante. Il abandonnera peut-être même cette option qui semble faire l'unanimité contre elle et qui n'est pas assurée de passer le test de la Loi canadienne sur la santé.
Une chose semble sûre cependant. Qu'importe la forme, les Québécois devront dès juillet payer plus pour les soins de santé. Après avoir accumulé les diagnostics de sous-financement du réseau de la santé (rapports Clair, Ménard, Castonguay), un gouvernement prend enfin des moyens pour corriger la situation.
Bien sûr, cela est impopulaire. D'autant plus lorsque les libéraux supposent qu'une facture de 200 $ (la contribution santé) a le même poids pour une personne gagnant 26 000 $ par année que pour celle touchant 160 000 $. Notre voisin ontarien a saisi que le fardeau n'était pas le même pour tous. La Health Premium oscille entre 60 $ et 900 $ par année.
Il est temps que nous cessions de jouer à l'autruche et de croire que les dépenses de santé et de services sociaux peuvent croître de plus de 5 % par année sans que personne ne débourse un sou de plus. Même si le gouvernement met fin à toutes les séances de formation de yoga, même si les nombreux gestionnaires qui partent pour la retraite ne sont pas tous remplacés et même si des gains de productivité sont toujours possibles dans les établissements, la pression sur la croissance des coûts persistera à cause du vieillissement de la population et de l'introduction de nouveaux médicaments et technologies. La contribution santé permettra d'aller chercher 180 millions $ de plus en 2010-2011 et 945 millions $ à compter de 2012.
Le gouvernement aurait pu faire le choix de prendre une plus grande part des impôts recueillis pour les consacrer à la santé. Le ministère de la Santé et des Services sociaux s'accapare cependant déjà 45 % du budget et les autres ministères doivent plus que jamais se serrer la ceinture dans l'exercice de rééquilibrage des finances publiques. Que veut-on sacrifier?
Les Québécois ont plutôt tendance à ajouter des éléments dans leur panier de services plutôt que de vouloir en retirer. Récemment, le ministre Yves Bolduc a accepté d'inclure dans le panier de services la procréation assistée, même si le Collège des médecins et la Commission de l'éthique de la science et de la technologie jugeaient que des besoins étaient plus pressants. La décision du ministre n'a pas soulevé d'indignation dans le public, même si la province est la première en Amérique du Nord à se montrer aussi généreuse.
L'introduction d'une contribution santé envoie un message clair : les soins de santé ont un prix. La création d'un fonds dédié à la santé a aussi l'avantage que l'argent sera distribué dans les établissements de santé et non éparpillé dans le fonds consolidé de la province. Des doutes planant depuis plus d'un an sur la façon dont le gouvernement accorde certains contrats de construction, d'ingénierie ou de permis de garderie, cela est plus rassurant.
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