La semaine se termine sur les pires pertes boursières de l’histoire (25% à Tokyo et 20 % à New York). On appelle cela une « capitulation » des marchés. Qui survient quand il n’y a plus de soutien du coté acheteurs, peu importe les prix. Il s’agit d’un signal clair que le marché, qui escompte le futur, en est arrivé à la conclusion que le plan de Washington (1000 milliards en tout et le plan de sauvetage de Londres (900 milliards) ne suffiront pas à contingenter la crise systémique qui est devenue globale. Et qui menace à court terme de plonger le monde dans une dépression profonde.
C’est pour prendre des mesures « urgentes et exceptionnelles » que le G 7 s’est réuni à Washington en fin de semaine. On s’est entendu sur un Plan d’action en 5 points. Essentiellement pour stabiliser le système bancaire, par tous les moyens, y inclus la nationalisation ; pour rétablir le marché des crédits (inter bancaire). Pour le moment ce plan en est un d’intention et sa crédibilité tient à la détermination des acteurs politiques qui auront à l’appliquer. Le temps pour agir se fait court. Sinon la « capitulation des marchés boursiers va se poursuivre !
On n’en serait pas en mode panique pour produire un plan de sauvetage planétaire à minuit moins une, si les autorités avaient découvert la gravité de la situation plus tôt. Bref si les états avaient eu des outils performants d’anticipation en intelligence économique. Pourtant ces capacités d’anticipation existent, c’est ce qui permet à certains observateurs d’avoir un plan de sauvetage à proposer depuis un certain temps déjà. Voici 2 plans, qui auraient pu limiter les dégâts (on parle ici de milliers de milliards) :
Le Laboratoire Européen d’Anticipation Politique, dont le plan est ici :
http://www.europe2020.org/spip.php ?article556&lang=fr
Et, l’économiste, Nouriel Roubini :
http://www.rgemonitor.com/blog/roubini/242290
http://www.rgemonitor.com/roubini-monitor/page/0
Pendant que l’on cherche les failles dans le système financier pour expliquer une crise que peu de gens ont vu venir, on oublie qu’elle est d’abord géopolitique : La stratégie d’état que les néo cons ont imposée aux États-Unis en matière de déréglementation des institutions financières est la cause de cette crise. La conséquence de la perte du fiat que le monde avait envers les capacités des États-Unis d’assumer un leadership mondial sur le système financier international aura des conséquences géopolitiques considérables.
Autre erreur de stratégie d’état que révèle dramatiquement cette crise : Les lacunes des mécanismes d’anticipation en intelligence économique que cette crise révèle. Comment expliquer que le monde entier se réveille au bord de l’abîme et qu’aucun de ces gouvernements ne savait qu’ils étaient à « Dîner sur le Titanic » ! Je soupçonne l’administration américaine d’avoir manipulé le timing de leur intervention pour faire passer leur plan de sauvetage (The Shock Doctrine). Mais les autres qui dirigent des états importants, frappés durement aux flancs par un iceberg, comment expliquer qu’ils n’ont rien vu venir. Les voilà tous sur le pont du Titanic, aux ordres du capitaine Bush. On est mal barré.
Et nous, qui sommes enfermés dans le garde-robe du provincialisme, quelles leçons pouvons nous en tirer à cet égard ? Quelle est notre capacité d’anticipation, sommes-nous capables de ne pas confondre l’économiste Roubini avec Jojo Savard.
Faut-il se fier à notre grand stratège de l’état qu’est Jean Charest pour voir venir. Celui qui a dit, en janvier dernier, que 2008 serait l’année de l’économie, au moment même ou l’on entrait dans l’année Titanic de l’économie américaine ! Et ajouté, cette semaine, que sa stratégie de veille sur la crise était de se fier à ses amis du monde des affaires, qui ne manqueront pas de l’aviser du danger des icebergs possibles pour notre économie. Méchante stratégie d’état en matière d’anticipation en intelligence économique !
Ne dit-on pas que gouverner c’est prévoir. Et que la qualité des décisions prises par nos dirigeants dépend de la valeur des informations sur lesquelles elles s’appuient. Et si le bilan n’est rien d’autre que la somme de ces décisions (prises ou négligées), qui peut signifier des milliards de dollars pour un état, alors comment se fait-il que l’on ne se donne pas une stratégie d’état d’envergure à cet égard ?
Eh bien je vous le donne en primeur, une telle proposition de créer un organisme a déjà été présentée au Québec par une sommité internationale dans le domaine, le fondateur de la doctrine du renseignement ouvert lui-même : M. Robert Steele. Eh bien les dirigeants de l’époque n’ont pas vu la pertinence d’avoir un institut national de l’information au Québec ! Et un plan contingent pour faire de notre état, un des premiers états intelligents (smart nation) au monde !
Titanic, touché et presque coulé
Pour une stratégie d’état en matière d’anticipation en intelligence économique
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2 commentaires
Archives de Vigile Répondre
27 juin 2009"Le Laboratoire Européen d’Anticipation Politique et l’Ecole doctorale "Histoire moderne et contemporaine" de l’Université Paris-Sorbonne fondent à la rentrée universitaire de l’année 2009-2010 un séminaire de recherche intitulé "Europe. Anticipation. Stratégie"
Exactement ce qu,il nous faudrait ici au Québec.
http://www.europe2020.org/spip.php?article611&lang=fr
JCPomerleau
Archives de Vigile Répondre
14 février 2009Nouriel Roubini, celui qui a vu venir la crise des 2006, nous explique sa manière de voir ou se mêle l'audace et la rigueur. Deux qualités qui manquent généralement chez les provinciaux.
The Death of 'Rational Man'
http://www.washingtonpost.com/wp-dyn/content/article/2009/02/06/AR2009020602742.html?sub=AR
JCPomerleau