Les bourses mondiales sur le Titanic !

Le plan de sauvetage de 700 milliards, trop peu trop tard.

Chronique de Jean-Claude Pomerleau


Le plan de sauvetage des banques américaines adopté vendredi le 3 octobre 2008 après la fermeture des marchés (européens et asiatiques) n’a pas convaincu la planète financière qui en attendait plus. Dès lundi, le 6 octobre 2008, les marchés en Asie plongeaient, suivis par ceux d’Europe, qui ont connu les plus importantes baisses de leur histoire ! De toute évidence, le Plan Paulson (secrétaire au Trésor américain) ne répond pas au défi qui se pose : une crise systémique mondiale.
Non seulement ce plan n’est pas d’un grand secours pour le système financier international, dont ses acteurs devront trouver leurs propres réponses sans se fier aux Américains, ce à quoi s’affaire l’Europe, mais s’avère qu’il ne répond pas au défi que pose la crise au États-Unis même. L’économiste américain, qui a tout vu venir, M Nouriel Roubini,(1) reproche au secrétaire au Trésor américain, Henry Paulson d’avoir concocté ce plan d’abord pour servir les intérêts de ses amis banquiers de Wall Street. Selon ce dernier, il manque à ce plan 2 volets indispensables pour stabiliser la situation : la mise en faillite de 700 banques qui ne sont plus solvables afin d’assainir le système et rétablir la confiance dans les institutions financières et des mesures d’aide aux propriétaires en difficulté pour leur permettre de garder leurs maisons. Mesure indispensable pour consolider le marché immobilier qui est la base de la pyramide sur laquelle les titres de dettes, qui posent des problèmes critiques de solvabilités, sont adossés (Collateral Debt Obligation : CDO), ainsi que ses dérivées (Credit Debt Swap : CDS). Sans ces 2 volets ce plan n’est pas viable.
Ce sont ces titres de dettes (CDO et CDS), que Wall Street, a « manufacturés » à la tonne et répandus dans le système financier international qui causent présentement une crise systémique globale. L’ampleur de la contamination est telle que certains petits États craignent de ne pas avoir les moyens pour sauver leurs systèmes bancaires ! Le défi qui se pose c’est celui pour le monde de produire un plan de contingentement qui soit à la mesure de cette crise systémique globale que très peu de gens avaient vu venir, sauf le Laboratoire Européen d’Anticipation Politique (LEAP) qui avait déjà prévu l’ampleur de cette crise depuis plus d’un an et qui recommandait en juin 2008 un plan (2) concerté entre différentes banques centrales pour y faire face. Le coût : 5 000 milliards d’euros. Ce plan devait servir à rétablir la « valuation » et la transparence du marché des CDO et CDS (plus de 50 000 milliards). Ce plan était complété par un plan mondial d’investissements dans les infrastructures pour relancer l’économie et un plan d’investissement pour convertir l’économie vers le développement durable. Maintenant que les autorités ont pris la mesure, reste à concerter les acteurs à cette stratégie commune (méchant défi).
Le plan Paulson est venu trop tard pour empêcher l’économie américaine de rentrer dans une profonde et durable récession. (Roubini). Et si s’était la Très Grande Dépression US ! Cette crise est la faillite de la stratégie d’État en économie instaurée par Reagan, poursuivie par Bush. Cette « révolution » a mené au déclin programmé de l’Amérique. Il est maintenant temps que « We the people » reprennent leur État des mains de « We the lobby ». C’est ce que propose M Robert Steele (un ami du Québec) dans un livre où il expose la stratégie à suivre pour refonder l’État américain sur la démocratie participative.
M. Steele dénonce, entre autres, la corruption des 2 grands partis politiques américains, les fraudes électorales endémiques, l’absence de lois sévères sur le financement des partis politiques et la connivence entre les politiciens corrompus, les grandes corporations et les intervenants des marchés financiers. Ce livre est gratuit et on peut le télécharger à l’adresse qui apparaît en bas de page.(3)
***
Depuis Janvier 2008 que je suis en mode de veille sur une crise économique d’importance annoncée par le Laboratoire Européen d’Anticipation Politique (LEAP). J’en suis arrivé à la conclusion que cette crise est d’abord géopolitique avant d’être économique. Elle découle de la stratégie d’état des américains en matière économique et consacre la faillite de la révolution reaganienne du néo libéralisme.
S’agissant de stratégie d’état je me demande pourquoi l’état du Québec n’a pas une cellule de veille en intelligence économique (Anticipation). Si un gérant d’estrade, sans qualification comme moi peut repérer une crise sérieuse un an à l’avance en utilisant simplement des sources ouvertes d’informations, comment se fait il qu’il y ait autant de gens en autorité qui la découvre soudainement sans y être préparer ? Ne dit on pas que gouverner c’est prévoir.
Comme cette crise est là pour durer et qu’elle nous affectera toutes et tous, il devient important de trouver des sources d’informations, indépendantes et fiables, pour mieux la comprendre. J’espère avoir fais ma petite contribution citoyenne à cet égard.
Il est important de suivre l’évolution de cette crise car elle affectera le Canada et le Québec et créera un contexte géopolitique favorable à notre cause. J’espère pouvoir y revenir.
(1) http://www.rgemonitor.com/blog/roubini/253830/bbc_hardtalk_interview_with_roubini_us_bail-out_special (Cliquez sur « full interview »)
(2) http://www.europe2020.org/spip.php ?article556&lang=fr
(3) http://www.oss.net/dynamaster/file_archive/081006/6fa1167b032d60537f0f5120c7b1d011/PIG%20Book%206%20Oct%2008.pdf
(3) http://www.oss.net/PIG


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