Souveraineté - Flous artistiques

PQ - XVIe congrès avril 2011



L'ancien premier ministre Jacques Parizeau déplorait, dans un texte publié dans notre édition de lundi, le flou artistique que cultive le Parti québécois au sujet de la souveraineté, eu égard tout particulièrement à la préparation du prochain référendum sur la souveraineté. Celui-ci se tiendra quand on sera prêt, mais «encore faut-il être prêt», écrivait-il en écho aux militants souverainistes qui trouvent que la «proposition principale» sur la souveraineté qui sera débattue au prochain congrès du Parti québécois pêche par tiédeur.
Cette intervention de M. Parizeau, plutôt modérée dans la mesure où il a pris garde de ne pas attaquer le leadership de Pauline Marois, a été accueillie avec soulagement par ce contingent de souverainistes qui trouvent que leurs leaders cèdent trop souvent aux calculs politiques à court terme. Avec pour résultat que l'objectif premier de leur mouvement s'en trouve occulté.
Une illustration de ce flou artistique nous est d'ailleurs venue de façon impromptue lundi avec le dévoilement du slogan électoral du Bloc québécois. «Parlons Québec» se décline en cinq thèmes, parmi lesquels on aurait pu s'attendre à ce qu'on aborde l'avenir politique du Québec. La chose a étonné.
Qu'il n'y ait pas lieu d'écrire que le Bloc est souverainiste parce que «c'est intrinsèque», comme le dit Gilles Duceppe, n'est pas la réponse souhaitée par ceux que l'on qualifie d'impatients dans le mouvement souverainiste. Ils ne doutent pas des convictions souverainistes du chef bloquiste, tout comme de celles de la chef du Parti québécois. Ils sont d'accord pour que tout soit fait pour bloquer la route au Parti conservateur à Ottawa et défaire le Parti libéral. Ce qu'ils craignent, c'est que dans le feu de l'action, leurs chefs confondent la proie et son ombre.
Ce débat n'est pas nouveau au sein du mouvement souverainiste. Sauf que cette fois, il faut prendre en compte un facteur qui n'existait pas lors du dernier congrès du Parti québécois, voilà six ans. Ce facteur s'appelle «passer à autre chose», une idée que l'ancien ministre péquiste François Legault est en train d'imposer à une partie importante des partisans et sympathisants souverainistes fatigués d'attendre que quelque chose se passe.
Le premier péquiste à «passer à autre chose» avait été Raymond Bachand, aujourd'hui ministre libéral. Son départ en 2005 avait surpris, mais n'avait pas eu d'effet d'entraînement. L'effet Legault lui est bien réel et il sera d'autant plus grand si le mouvement souverainiste ne réagit pas à l'invitation de François Legault à «sortir du déni et à prendre acte de l'état des lieux au plan constitutionnel». Ce que Jacques Parizeau appelle le «flou artistique» de la démarche péquiste peut être vu comme une forme d'acquiescement à l'analyse du porte-parole principal de la Coalition pour l'avenir du Québec. En ce sens, la réflexion de l'ancien premier ministre est tout à fait opportune.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->