Retraites - La mauvaise voie

Réforme des retraites - Sécurité de la vieillesse


Dans le dossier des retraites, tant le gouvernement Charest que l'opposition péquiste font preuve d'un manque de perspectives désolant. C'est bien de renflouer les coffres de la Régie des rentes, mais il y a cette autre crise qui privera des millions de travailleurs d'un revenu de retraite minimum décent.
Au Québec, moins de 2 millions de salariés participent à un régime de retraite auquel contribue leur employeur. De plus, chaque année, 1,1 million de personnes versent un peu d'argent à leur REER, mais nombre d'entre elles font déjà partie du premier groupe. Malgré ces régimes privés, 45 % des revenus de retraite des Québécois pris globalement proviennent toujours des prestations de la Régie des rentes (RRQ) et de la Sécurité de la vieillesse (SV).
Si ces prestations, qui représentent souvent la totalité des revenus des plus pauvres, permettent à ceux-ci de maintenir leur niveau de vie, il n'en va pas de même des salariés de la classe moyenne inférieure qui gagnaient entre 20 000 $ et 40 000 $ au travail puisque 4 sur 10 d'entre eux retirent moins de 60 % de ce revenu antérieur une fois retraités.
En outre, prenant prétexte de la crise financière, plusieurs grandes sociétés ont profité de la faiblesse syndicale au cours des dernières années pour imposer un système à deux vitesses: régime à prestations prédéterminées pour les anciens (qualifié de Cadillac); régime à prestations soumises au rendement pour les nouveaux employés.
À cause de cette approche très nord-américaine, de plus en plus de travailleurs sont donc laissés à eux-mêmes. C'est pourquoi il est si important de protéger et d'améliorer les régimes publics auxquels tous les salariés et leurs employeurs doivent contribuer.
Lorsque les conservateurs de Brian Mulroney ont voulu abolir l'indexation des prestations de la Sécurité de la vieillesse, dans les années quatre-vingt-dix, ils ont été rabroués par la population. De même quand les libéraux ont voulu abolir l'universalité pour faire passer ce programme de la base de la pyramide de notre système des retraites au rang de programme d'aide aux plus démunis.
En augmentant lentement les cotisations au RRQ et la pénalité imposée aux prestataires de moins de 65 ans, le gouvernement Charest se décide enfin à protéger le Régime des rentes du Québec contre l'érosion à laquelle le destinaient les mauvais rendements de la Caisse de dépôt. Mais ces modifications ne changent rien à la crise des régimes privés.
C'est pour faire face à cet autre problème que le ministre Raymond Bachand vient d'annoncer la naissance prochaine d'une nouvelle catégorie de régimes multientreprises auxquels les travailleurs pourront adhérer volontairement. De son côté, le Parti québécois propose une formule semblable, à la différence que les salariés des entreprises qui auront choisi d'offrir le régime y seraient inscrits automatiquement, mais pourraient s'en retirer par la suite.
Malheureusement, ni le gouvernement ni le Parti québécois n'entendent forcer les employeurs à contribuer à ces nouveaux régimes. Ce qui n'a aucun sens puisque la préparation à la retraite est autant, sinon plus, la responsabilité des employeurs. D'ailleurs, tous les exemples étrangers cités à l'appui de ces propositions incluent une participation obligatoire des employeurs.
Au lieu de créer une cinquième voie d'accès à la retraite pour se donner bonne conscience, le gouvernement Charest et surtout le Parti québécois devraient rejoindre les rangs des provinces qui demandent que l'on rehausse les avantages du régime des rentes public (RRQ) auquel tous les salariés et leurs employeurs doivent contribuer.
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j-rsansfacon@ledevoir.com


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