Dans son discours aux Gémeaux, Louis-José Houde a rappelé une vérité terriblement désagréable à propos des radios commerciales : si ce n’était que d’elles, on sent bien qu’elles bouderaient la musique québécoise, ou du moins, qu’elles lui laisseraient une part mineure.
Souvent, très souvent, on les entend se plaindre des quotas leur imposant la diffusion de musique francophone. Et ces quotas, d’ailleurs, elles font tout pour les contourner. Elles multiplient les ruses et les manœuvres pour se détourner de leurs obligations.
On comprend le message : pour elles, la culture québécoise est de trop au Québec. Elles préféreraient diffuser à temps plein la musique américaine qu’on entend partout sur la planète, dans chaque pays et dans chaque ville, comme s’il fallait imposer au genre humain une même trame sonore.
USA
C’est un conditionnement musical global qui, partout, impose les mêmes refrains, paroles et chansons.
Dans cet esprit, les cultures de chaque pays ne sont plus que des folklores locaux qu’on fera jouer le jour de la fête nationale.
Un peu comme on fait avec la musique québécoise à la Saint-Jean, ici. D’un coup, on fait semblant d’être fiers et on redécouvre les grandes figures de la chanson québécoise, que les snobs et les mondains aiment moquer en les décrétant quétaines.
On peut faire jouer des centaines de fois par année Hotel California : c’est un classique et, apparemment, le commun des mortels en redemande. Mais l’œuvre de Robert Charlebois, elle, ne mériterait pas d’être diffusée en boucle, et on décide à l’avance que la jeune génération ne se laissera jamais toucher par elle.
Mais je ne parle pas que des classiques. Les radios peuvent ou non permettre à un jeune talent d’éclore.
Il ne s’agit pas de dire : parce que c’est québécois, c’est bon ; parce que c’est étranger, c’est mauvais. Ce serait imbécile. Nous sommes capables, comme partout ailleurs, de produire des chansons qui ont le charme d’un bruit de tondeuse.
Mais qu’on ne vienne pas nous faire croire que les hits américains qu’on nous inflige en boucle sont tous à classer parmi les grandes réalisations de l’esprit humain.
Mais ce n’est pas de cela qu’on parle, ici, en fait. La question est plutôt de savoir si la culture québécoise sera exotique ou étrangère chez elle.
Culture
Une culture n’est pas qu’un système de divertissement. C’est une manière de voir le monde, de le sentir, de l’habiter. C’est une manière de s’attacher à son pays, aussi.
La chose est encore plus importante pour une petite nation comme la nôtre, qui n’a pas la force du nombre, et qui est campée aux marches de l’empire américain.
Si nous ne faisons pas un effort supplémentaire pour soutenir notre culture, nos créateurs, nos films et nos chansons, nous finirons par nous effacer.
C’est peut-être ce que souhaitent secrètement ceux qui veulent en finir avec la chanson québécoise, comme s’ils voulaient se délivrer d’une identité désormais vécue comme un fardeau trop lourd à porter.
Ils ne veulent pas résister à l’américanisation, mais l’accélérer.
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