Réponse critique au "Manifeste" du RRQ

Réplique de Patrick Bourgeois

L'affaire Bourgeois-Le Québécois

Manifeste du Réseau de Résistance du Québécois (RRQ)

Comme son nom l’indique, le RRQ est une organisation de résistance qui considère l’indépendance du Québec comme nécessaire à la survie et au développement de la nation québécoise. Il tire son inspiration de toutes les situations de notre histoire où les Québécois se sont dressés avec courage contre les manœuvres d’anéantissement ou d’assimilation de la part du conquérant britannique de 1760 et de ses collabos canadiens-français.
Le RRQ se réclame de l’esprit des Patriotes de 1837 qui ont mené la rébellion contre l’occupant impérial. Il fait sien l’héritage du RIN de Pierre Bourgault et du Parti Québécois de René Lévesque qui ont redéfini les cadres de la lutte nationale en la posant désormais non plus comme une lutte pour la survivance, mais comme une aspiration à l’Indépendance nationale. Le RRQ entend réhabiliter également les combattants du Front de libération du Québec, qui ont été parmi les premiers dans le développement de la pensée québécoise à dénoncer et à affronter le régime d’Ottawa comme étant illégitime, exploiteur et usurpateur.
Le peuple québécois s’est déjà prononcé en faveur de l’indépendance lorsque, en 1995, les Québécois étaient invités par le gouvernement de Jacques Parizeau à voter pour ou contre cette option. La population du Québec a répondu oui à 49,4%, mais les manœuvres illégales du gouvernement fédéral nous autorisent à rejeter la « victoire » du camp du non et à reprendre le processus vers l’indépendance sur de nouvelles bases. En effet, il est maintenant de notoriété publique que le référendum a été volé par le camp fédéraliste grâce à un détournement frauduleux de la loi référendaire québécoise, et ce, effectué non pas par des citoyens, mais par le gouvernement illégitime d’Ottawa. Par des caisses occultes et des moyens semblables à ceux de la Central Intelligence Agency (CIA), il est intervenu de façon illégale à plusieurs niveaux pour faire déraper un processus que les Québécois voulaient éminemment démocratique. Notamment par la naturalisation artificielle, précipitée et massive de nouveaux citoyens canadiens et en favorisant le vote illégal de Canadiens anglais au Québec lors de cette consultation (le vote des étudiants ontariens en résidence à l’Université Bishop est un exemple patent), l’État canadien a détourné le processus démocratique. Soyons clairs : le peuple québécois a dit oui à l’indépendance en 1995.
De plus, les Québécois se sont exprimés clairement lors de deux grandes commissions nationales visant à dégager un consensus québécois concernant le statut futur du Québec. D’abord, lors de la Commission Bélanger-Campeau en 1992, ensuite lors des audiences de la Commission sur l’avenir du Québec en 1995. Toutes les composantes les plus représentatives de la nation québécoise se sont alors prononcées en faveur de l’indépendance. Le consensus fut très large et très clair : que ce soient les syndicats, les agriculteurs, les associations féminines, les associations étudiantes, les artistes, les enseignants, presque tout l’ensemble des corps constitués de la nation ont pris partie pour l’indépendance, exception faite du Conseil du patronat et de la bourgeoisie coloniale.
Le résultat de 1995, où d’ailleurs plus de 60% de la majorité française historique a voté oui à l’indépendance, doit donc maintenant être considéré comme une volonté manifeste incontournable. Contre ce désir d’indépendance exprimé de nombreuses fois par le peuple québécois, le gouvernement d’Ottawa oppose sa fausse légitimité basée sur une constitution qui n’a jamais été entérinée par le peuple québécois, basée sur un régime qui nous a été imposé par les armes lors de la Conquête de 1760 puis par la répression des Patriotes de 1837-38. Annexés de force en 1840 dans l’Union des deux Canada puis dans la Confédération de 1867 contre l’assentiment populaire, nous regardons le gouvernement d’Ottawa comme étranger à notre vie nationale, impérialiste et colonisateur.
En conséquence, nous considérons que le gouvernement d’Ottawa doit se retirer de toutes les sphères de la vie québécoise le plus rapidement possible. Il doit se retirer de notre territoire et cesser de vouloir représenter notre nation.
L’État Québécois, par son action et la voix de son gouvernement, représente désormais pour nous la seule autorité légitime sur le territoire du Québec.
L'État fédéral, résidu de l'empire britannique, n'a plus pour nous aucune légitimité. Notre action désormais ne vise qu'une chose : contrecarrer l'intrusion d'Ottawa dans notre vie nationale et redonner à la nation québécoise, dans le respect des nations amérindiennes, la pleine maîtrise de son destin.
Nous ne reconnaissons donc aucune juridiction d'Ottawa sur le territoire du Québec. Nous ne reconnaissons aucune loi fédérale ni aucune décision de la cour suprême comme applicable sur le territoire québécois, si ce n’est dans un cadre transitoire respectueux de la prépondérance des lois québécoises. Nous ne reconnaissons pas l'armée canadienne comme notre armée.
La nécessaire résistance
Bref, le Réseau de Résistance du Québécois est une organisation révolutionnaire qui entend lutter énergiquement pour libérer le territoire du Québec. Car tel est le désir et la volonté d’une majorité des Québécois.
Les militants du RRQ prennent l’engagement solennel d’accomplir cette volonté des Québécois en y investissant toute leur intelligence et cet esprit de sacrifice et d’élévation qu’exige la grande bataille de notre libération. Ils y engageront tout leur être et souderont leur destin à celui de leurs frères et sœurs québécois réunis avec eux pour l’aboutissement de ce dur combat et l’obtention de cette Ô combien nécessaire indépendance.
Nous sommes une nation forte qui a déjà prouvé dans l’histoire qu’elle avait tous les atouts d’une puissance agissante. Réussir ne dépend que de notre capacité à nous mobiliser en refusant toujours de se laisser fallacieusement convaincre par les sirènes de la soumission, en refusant d’abdiquer devant Ottawa. Partout sur la terre, des hommes et des femmes regardent notre révolution, (car l’indépendance en est une), et espèrent notre victoire. Car nous ne nous battons pas que pour nous-mêmes, mais pour une nouvelle humanité, une humanité plus juste et à l’intérieur de laquelle les peuples parviendront à s’émanciper pleinement. Notre indépendance changera la face de l’Amérique et marquera le recul de la Grande alliance anglo-saxonne, elle qui a exploité, au fil des siècles, les humains partout sur la terre. Notre nation libre interviendra enfin dans les affaires du monde avec la sensibilité des peuples opposés aux appétits des grands impérialismes, eux qui ont tant fait couler le sang des peuples qu’ils soumirent. L’Afrique et Haïti ne peuvent qu’espérer notre indépendance. La Palestine nous attend. Les Basques nous observent. Le Québec libre est l’espoir des peuples enchaînés.
Pour toutes ces raisons, nous ne nous laisserons plus jamais voler nos victoires et nous ne nous laisserons plus dicter nos actions par les forces de la soumission qui se terrent dans les officines d’Ottawa. Pour nos enfants, mais également pour la mémoire de nos pères et de nos mères, nous combattrons jusqu’à notre dernier souffle. Nous sommes l’Amérique française qui s’extirpe de sa condition de vaincue. Nous sommes le porteur d’eau qui porte désormais son destin de peuple libre! Nous sommes la liberté en marche ! Nous sommes les résistants du Québec libre ! Nous sommes les Fils et Filles de la Liberté! Nous sommes Québec mort ou vivant! Nous sommes Nous! Et qui participe à notre combat, d’où qu’il vienne en ce monde, est notre frère ou sœur!
Désormais et pour toujours nous sommes maîtres chez nous.
Nous vaincrons, car nous n’avons tout simplement pas le droit de perdre !
Le Réseau de Résistance du Québécois
Publié le 11 octobre 2008.
Les soulignés sont de moi et non du RRQ.

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Réponse critique au Manifeste du RRQ.
Le présent texte, un peu long je l'avoue, a pour but de critiquer la ligne politique des dirigeants du RRQ et d'exprimer mon désaccord avec certaines idées contenues dans leur Manifeste du Réseau de Résistance du Québécois.
Je l'ai rédigé au meilleur de ma connaissance et le plus soigneusement possible, dans le respect des militants du RRQ et pour tenter de créer une prise de conscience chez ses dirigeants. Il n'a pas pour but d'attaquer personnellement les membres du Bureau Politique du RRQ, messieurs Patrick Bourgeois, Pierre-Luc Bégin et René Boulanger, que j'appelle affectueusement les 3B parce que ça fait plus court. Je respecte ce que ces trois militants ont accompli jusqu'à maintenant. L'étant pas un écrivain de métier, je sollicite votre compréhension pour les quelques fautes que j'aurais pu faire ainsi que pour la pauvreté de mon style.
En juin dernier, désirant reprendre du service, j'ai adhéré au RRQ, considérant que ses militants faisaient du bon travail. J'ai depuis participé à de nombreuses activités et le travail allait bon train. J'habite la couronne nord de Montréal et je militais dans la section Thérèse de Blainville du RRQ. J'ai donc participé à l'organisation de la réunion du samedi le 11 octobre 2008, où le RRQ a lancé son Manifeste.
Mais je n'avais pas eu l'occasion de prendre connaissance du Manifeste avant la réunion. Le texte en avait été gardé secret jusqu'à sa lecture officielle. J'ai été surpris d'y trouver des ambigüités, de la confusion, des contradictions et des erreurs que je voudrais voir corrigées. Plus précisément, je suis en désaccord avec les points qui suivent.
1- Le RRQ avait-il le droit de s'autoproclamer "organisation révolutionnaire"?
En tant que membre en règle du RRQ, je considère que l'organisation n'avait pas le droit de se déclarer une "organisation révolutionnaire" sans, au préalable, consulter ses membres, sans les avertir de ce qui s'en venait et sans leur demander la permission de le faire, question de leur donner le temps de prendre position. Rester ou partir.
Le Manifeste du RRQ ne parle pas au nom de son Bureau Politique, composé des 3B, il parle au nom des militants: " Les militants du RRQ prennent l’engagement solennel …".
N'ayant pas été consulté, je me suis retrouvé de facto, membre d'une "organisation révolutionnaire", autoproclamée. Personnellement, en 45 ans de militantisme, je n'ai jamais assisté à une telle démonstration d'un plus flagrant manque d'éthique. Je ne connais pas d'organisation ayant procédé à une telle manœuvre, ni au Québec, ni ailleurs. Je considère cette tactique comme irrespectueuse des membres. J'ai donc été obligé, après coup, d'envisager mon retrait du RRQ simplement parce que je ne voulais pas faire partie d'une organisation qui, en 2008, au Québec, se prétend révolutionnaire.
2- Notre indépendance changera-t-elle la face de l'Amérique?
Je trouve exagéré et teinté de romantisme l'expression "Notre indépendance changera la face de l'Amérique".
Notre indépendance sera un tournant vital pour notre peuple, oui, c'est certain, mais je ne crois pas que la face de l'Amérique en sera changée. D'abord, est-ce qu'on parle de toute l'Amérique ou de seulement de l'Amérique du Nord? Il y a 107 millions de Mexicains en Amérique du Nord. L'accession du Mexique à l'Indépendance, le 6 novembre 1813, a-t-elle changé radicalement la face de l'Amérique? Beaucoup moins, à mon avis, que la Guerre américano-mexicaine. Lors de cette guerre, de 1846 à 1848, le Mexique a perdu la guerre contre les États-Unis d'Amérique. Il a dû céder plus de 40 % de son territoire aux USA, soit près de 2,000,000 de km². Les États de Californie, Nouveau-Mexique, Arizona, Nevada, Utah, la majeure partie du Colorado et le sud-ouest du Wyoming ont été annexés aux États-Unis. Cette guerre a changé la face de l'Amérique du Nord.
Avoir un État français en Amérique n'est pas révolutionnaire en soit. Ce ne sera pas un précédent. Il y a déjà d'autres états français en Amérique. Il y a Haïti et il y a la République Française elle-même, en Guyane, à Saint-Martin, Saint-Barthélemy, la Guadeloupe, la Martinique, Saint-Pierre et Miquelon. Le gouvernement et l'armée française sont bien présents en Amérique. Je suis passé par Saint-Martin il y a deux ans. Il y avait de plein gendarmes et plein de camions de soldats français en manœuvre. Le Québec indépendant, si on réussi, pourrait un peu déranger Washington, mais ça ne changera jamais d'un poil leur politique intérieure et extérieure. Puis, avec l'élection américaine qui s'en vient, on ne peut prévoir à quoi s'attendre.
3- L'indépendance nationale constitue-t-elle une véritable révolution?
La révolution est un changement brusque et violent dans la structure politique et sociale d'un État, qui se produit quand un groupe se révolte contre les autorités en place et prend le pouvoir.
On voudrait nous faire croire que faire l'indépendance nationale constitue une véritable révolution. Est-ce à dire que les 49,42% de québécois qui ont voté oui au dernier référendum ont voté pour la révolution. Poser la question, c'est y répondre. Le Québec serait le seul pays au monde, dans toute l'histoire de l'humanité, où près de 50% de la population aurait voté pour la révolution. On prend nos désirs pour la réalité. On flotte à 50,000 pieds dans les nuages. Jacques Parizeau, serait notre Che Guevara!!!
Ce point de vue, à l'effet que l'indépendance nationale du Québec est une véritable révolution est, curieusement, partagé aussi par les éléments les plus radicaux de l'extrême-droite canadienne, que ce soit par des dirigeants du SCRS ou des dirigeants du Parti Conservateur. C'est exactement ce que déclarait Lawrence Cannon en mai dernier: «Je dois simplement dire que la véritable et la plus grande menace à la sécurité du Canada est la séparation que propose le Bloc québécois.», rapportée dans la Presse du 16 mai 2008.
Pourtant, au référendum de 1995, jamais, les Québécois n'ont voté pour quoi que ce soit de révolutionnaire. Demandez à n'importe quel membre du PQ ou du BLOC s'il est pour l'indépendance et s'il est pour la révolution. La réponse à la première question sera OUI, et l'autre, NON. Il y a quand même une limite à pelleter des nuages.
Je ne considère pas qu'aujourd'hui, en 2008, travailler à faire l'indépendance du Québec constitue une activité révolutionnaire en soi. On a le droit d'être indépendantiste au Canada. La Cour Suprême du Canada et le gouvernement du Canada l'ont déjà reconnu. Il y a de très nombreux pays au 20ème et 21ème siècle qui ont accédé à l'indépendance nationale sans aucun bouleversement social. Ne mentionnons que la République Tchèque et la Slovaquie. Et il y en a des dizaines d'autres.
Accéder à l'indépendance nationale, c'est réformer la société, ce n'est pas la révolutionner. C'est un changement juridique du statut d'un état. Ça se négocie. Accéder à l'indépendance nationale ne peut pas être autre chose qu'une réforme sociale à moins qu'en même temps, on décide de bouleverser le mode de production, en passant par exemple, du mode de production capitaliste au mode de production socialiste.
Là, on serait justifié de parler de révolution sociale et ça ne pourrait se faire que par la violence révolutionnaire puisque, bien évidemment, les capitalistes ne se laissent jamais exproprier sans riposter eux-mêmes par la violence réactionnaire. Or, même si les 3B utilisent souvent une grille d'analyse marxiste, jamais le RRQ n'a annoncé qu'il voulait passer à une économie socialiste, dans un Québec indépendant.
À cause de l'usage de ce terme, par ailleurs, il y a danger, si le RRQ persiste dans cette voie, que le RRQ soit ostracisé. Un cordon sanitaire va être déployé autour du RRQ par toute organisation ou individu qui a les deux pieds sur terre. Des personnes qui, de différentes façons, sont déjà des résistants, ne voudront plus s'approcher du RRQ. Le RRQ va être isolé parce que, dans le contexte actuel, on ne peut organiser l'unité dans l'action quand on s'affiche comme une "organisation révolutionnaire".
4- Pertinence de l'emploi des mots Révolution et FLQ.
J'ai proposé aux 3B que, dans le Manifeste, le passage "le Réseau de Résistance du Québécois est une organisation révolutionnaire qui entend lutter énergiquement pour libérer le territoire du Québec." soit simplement remplacé par "le Réseau de Résistance du Québécois est une organisation qui entend lutter énergiquement pour libérer le territoire du Québec." et que le passage "des hommes et des femmes regardent notre révolution" soit remplacé par "des hommes et des femmes regardent notre lutte".
Cette proposition très raisonnable et sensée a été rejetée sans qu'aucun argument de soit avancé pour expliquer en quoi l'accession du Québec à l'indépendance serait révolutionnaire.
Pour connaître l'opinion d'un juriste sur l'emploi du mot "révolution" dans un manifeste politique au Canada, j'ai consulté maître Pierre Cloutier, un patriote québécois bien connu. Maître Cloutier est un avocat impartial vis-à-vis du RRQ. On ne peut douter de son honnêteté et de sa compétence.
Son propre frère a été membre du premier réseau du FLQ en 63 et membre de l'ALQ en 64. Maître Cloutier a été membre fondateur du Mouvement pour la Défense des Prisonniers Politiques du Québec (MDPPQ), de la Commune Juridique et du Comité d'Information sur les Prisonniers Politiques (CIPP), avec Robert Lemieux, Bernard Mergler et d'autres. Il a connu et défendu des dizaines de "terroristes felquistes" gratuitement pendant des années et intervient régulièrement sur Vigile.net. C'est un homme d'expérience qui a le nez fin et qui a vu neiger.
Voici ce que dit maître Cloutier.
"Je ne suis pas membre du RRQ, mais je connais ses principaux dirigeants. Cependant, j'ai lu le manifeste et personnellement, si j'étais membre, je demanderais des amendements aux passages que tu as soulignés.
Loin de moi l'idée que ces gens-là ne soient pas de bons militants sincères et dévoués - et il faut le dire - mais pour éviter l'infiltration de la part du SCRS, il vaudrait mieux que le texte soit plus subtil."
Les agents du "Service canadien de renseignement de sécurité (…) sont quasiment les seuls à utiliser ce vocabulaire dépassé ce qui leur permet de classer la cible dans les menaces prévues à la loi constitutive de ce service."
"Je voudrais juste attirer ton attention sur la définition des "menaces envers la sécurité du Canada" que l'on retrouve dans la Loi sur le Service canadien de renseignement de sécurité" et qui sert de base au SCRS pour infiltrer certains organisations qui se livrent à de telles activités :
«menaces envers la sécurité du Canada » Constituent des menaces envers la sécurité du Canada les activités suivantes :
a) l’espionnage ou le sabotage visant le Canada ou préjudiciables à ses intérêts, ainsi que les activités tendant à favoriser ce genre d’espionnage ou de sabotage;
b) les activités influencées par l’étranger qui touchent le Canada ou s’y déroulent et sont préjudiciables à ses intérêts, et qui sont d’une nature clandestine ou trompeuse ou comportent des menaces envers quiconque;
c) les activités qui touchent le Canada ou s’y déroulent et visent à favoriser l’usage de la violence grave ou de menaces de violence contre des personnes ou des biens dans le but d’atteindre un objectif politique, religieux ou idéologique au Canada ou dans un État étranger;
d) les activités qui, par des actions cachées et illicites, visent à saper le régime de gouvernement constitutionnellement établi au Canada ou dont le but immédiat ou ultime est sa destruction ou son renversement, par la violence.
La présente définition ne vise toutefois pas les activités licites de défense d’une cause, de protestation ou de manifestation d’un désaccord qui n’ont aucun lien avec les activités mentionnées aux alinéas a) à d).
J'attire ton attention sur les termes "activités qui, par des actions cachées et illicites, visent à saper le régime constitutionnellement établi au Canada". C'est large et cela peut englober pas mal de choses.
Donc, il faut faire attention et ne pas utiliser des mots (révolution, FLQ) qui donneraient carte blanche à ces gens pour infiltrer le RR ou d'autres organisations.
Je ne suis pas paranoïaque mais j'ai une assez bonne connaissance des ces questions. Outre ma formation d'avocat et de juriste, j'ai fait ma maitrise en droit public et mon mémoire de maitrise a porté sur le droit de la sécurité et du renseignement au Québec et au Canada. Pour cela, j'ai étudié en profondeur les rapports des commissions Keable et McDonald. En plus, j'ai vécu certains événements très précis comme l'enlèvement en pleine rue de Me André Chamard - un ami personnel à l'époque- qui travaillait à notre bureau d'avocat (Lemieux, Cloutier et associés) durant les années 70. Je m'en souviens comme si s'était hier, car c'est moi qui est allé le chercher dans le Rang de la Présentation à Saint-Hyacinthe où les policiers du SS de la GRC l'avaient amené et attaché à un arbre pour l'interroger.
Je connais Patrick Bourgeois, Pierre-Luc Bégin et je sais qui est René Boulanger et je ne mets nullement en doute leur bonne foi. Je dis tout simplement qu'il faut éviter d'utiliser un vocabulaire qui peut donner prétexte à infiltration.
On peut fort bien militer dans un réseau de résistance sans tomber dans ce piège."
Voir l'annexe 1 sur le sens du mot "révolution".
5- La réhabilitation du FLQ
Cette posture et cette phraséologie révolutionnaires adoptées subitement par le RRQ se conjugue avec une ligne pro-felquiste matérialisée par la prétention de "réhabiliter (…) les combattants du Front de libération du Québec" dont je suis un ex-militant.
Pour bien comprendre pourquoi cette fanfaronnade est déplacée, il faut la décortiquer, l'analyser. Voir l'annexe 2.
6- Le rejet de toute loi fédérale
Le Manifeste du RRQ déclare: "Nous ne reconnaissons donc aucune juridiction d'Ottawa sur le territoire du Québec. Nous ne reconnaissons aucune loi fédérale, ni aucune décision de la cour suprême comme applicable sur le territoire québécois, si ce n’est dans un cadre transitoire respectueux de la prépondérance des lois québécoises."
Le problème est qu'au moment où on se parle, le code criminel est une loi fédérale sans équivalence en terme de loi québécoise.
Les 3B sont-ils sérieux? Si les gens du RRQ voient un voleur, un pédophile ou un assassin en action, vont-ils le dénoncer à la police? Vont-ils témoigner contre lui devant un tribunal de Sa Majesté? Si non, ils ne sont pas mieux que lui et si oui, ils reconnaissent bien que les lois fédérales s'appliquent au Québec.
Comment les jeunes militants du RRQ vont-ils interpréter cette rupture majeure du RRQ vis-à-vis la légalité? Est-ce que je me trompe ou bien ne plus reconnaître aucune loi fédérale comme applicable sur le territoire québécois, c'est un appel à l'anarchie.
7- La pratique du RRQ
Les 3B ont autorisé sur leur Forum Internet la création d'un item pour faire la promotion des graffiti. On conviendra que les graffiti, c'est du vandalisme. Le premier juillet dernier, à Québec, les 3B ont commandé à leurs militants de faire des graffiti publiquement sur le monument de Wolf. Oh! À la craie, bien sûr, j'en conviens, mais tout le monde a compris le message.
Entendons-nous bien! Je n'ai pas le moindre respect pour ce monument que j'aimerais bien voir disparaître. Cependant, malgré qu'on n'ait pas vu les 3B en faire eux-mêmes, le message était clair: Les graffiti, c'est "cool".
Depuis mon adhésion au RRQ, j'ai observé que celui-ci encourageait et faisait la promotion, dans l'anonymat clandestin, des graffiti et du vandalisme, qui sont des actions cachées et illicites. Un officier du RRQ m'a remis un document confidentiel: "Le guide du parfait graffiteur", (voir annexe 4). Il distribue ce Guide aux militants et, d'après ce qu'il raconte, a participé lui-même à des opérations. Au départ, dans ce guide, on suggère, "En cas de doute, demandé (sic) conseil à un coordonnateur du RRQ".
Dans ce guide, on peut lire, sous la rubrique "En cas de problèmes:
Si ils vous amènent au poste, demandé (sic) un avocat et suivez ses conseils.
Communiquez avec le bureau politique dès que possible si vous avez besoins (sic) d'aide".
Je comprends que c'est amusant et excitant pour un jeune ado d'aller faire des graffiti et autre vandalisme du même genre. Mais ces actions ne sont pas nécessaires ni indispensables. Ensuite, quand un militant du RRQ se fait prendre, les 3B se lamentent, pleurent comme des madeleines, jouent aux victimes mais, finalement, ont couru après. C'est bon pour l'image "révolutionnaire". Youppie! On a des prisonniers politiques. Contactons Amnistie International.
Dans la ville de Québec, trois militants du RRQ ont été arrêtés en train de vandaliser des panneaux publicitaires. Les 3B se sont solidarisés avec ces trois braves. Ils en parlent beaucoup sur le site web, mais à part ça, ils semblent se foutre des conséquences. Qu'est-ce qui va arriver aux militants après? Du moment que ça fait de la bonne nouvelle à mettre sur le web ou dans le journal! Les trois militants vont peut-être perdre leur emploi, pas grave. Ils vont avoir un dossier criminel, pas grave. Ils peuvent se blesser en escaladant un panneau-réclame, pas grave. Ils peuvent se faire blesser ou tuer par la police en fuyant, pas grave. Pourtant, le RRQ prétend fonctionner avec une hiérarchie militaire. Ils en sont donc responsables.
J'ai demandé aux 3B d'arrêtez d'encourager ça. Ces actions, ce sont des enfantillages et elles sont dangereuses. J'ai demandé qu'on interdise aux militants d'en faire et qu'on expulse ceux qui persisteraient à en faire. Parce que, en plus des dangers énumérés plus haut, quand on commence à former des groupes secrets pour procéder à des opérations clandestines, à utiliser des radio-émetteurs et des gants de plastique, l'étape suivante, c'est les cocktails Molotov, les incendies criminels et les bombes-tuyau. J'ai demandé qu'on arrête de jouer aux apprentis-sorciers. La réponse qu'on m'a donné: c'est moi qui aie été expulsé.
Ça n'est pas des histoires de bonhomme sept-heures comme certains m'ont dit. C'est un "build-up", un crescendo, qui conduit directement en prison les meilleurs éléments des organisations indépendantistes. En avril 1970, beaucoup parmi les acteurs de la crise d'Octobre travaillaient pour le PQ lors de l'élection. Quand ils ont vu le résultat du vote, 23% du vote et seulement 7 députés sur 108, ils ont perdu patience et ont rapidement décidé de changer de méthode. Ils sont passés à l'action. On connait la suite. L'armée dans les rues, la lutte qui s'arrête pour 5 ans.
Quelqu'un connaît-il le résultat de la prochaine élection provinciale?
Aux dernières élections provinciales en 2007, le PQ a perdu 9 députés. Il a eu 28% du vote et 36 députés. En termes de %, on est presque revenu en 1970. Si le PQ perd un autre 5%, que ce soit à sa gauche ou à sa droite et se ramasse avec 7 députés, le RRQ fait quoi? Et les jeunes du RRQ, ils vont faire quoi avec leurs radio-émetteurs et leurs gants de plastique? Des graffiti?
Le désespoir peut conduit au terrorisme.
Conclusion
Dans ce Manifeste du RRQ ainsi que dans les écrits et les positions de 3B, on trouve tous les ingrédients indispensables pour présenter une façade d'organisation révolutionnaire, laquelle ils se sont eux-mêmes proclamés:
référence pro-FLQ,

auto-proclamation,

révolution,

combattants,

résistance,

guerre,

structure militaire,

rejet des lois fédérales et du code criminel,

graffiti et vandalisme,

opérations secrètes,

etc.
Il faut se demander si ces pratiques ainsi que l'utilisation de ces mots et expressions sont un hasard innocent et romantique ou s'ils ne servent pas plutôt à se donner une crédibilité, une auréole et une posture "révolutionnaire", de façon un peu narcissique, et extrêmement contre-productive.
Eh bien! Elle n'est pas innocente. En discutant avec les 3B, on m'a dit: "C'est à dessein et après y avoir longuement réfléchi que nous avons installé cette référence (au FLQ). Elle va nous servir beaucoup plus qu'elle ne va nous desservir, à condition que nous contrôlions notre message".
Ça veut dire quoi ça: "cette référence. Elle va nous servir beaucoup". Servir à quoi? Servir comment? Il faut le dire. Est-ce un aveu d'opportunisme politique. Surement pas juste pour vendre plus de journaux, de livres et de T-shirt sur le site web du mouvement.
Pourquoi alors? Pour d'attirer ceux qui, à juste titre, ont de l'admiration, de la reconnaissance et du respect pour les sacrifices qu'ont fait les Patriotes des années 1960-70, sacrifices de leurs années de jeunesse et parfois de leur vie. Pour attirer des militants très motivés, mais aussi pour attirer les excités, les têtes fêlées, les intégristes, les provocateurs, les infiltrateurs et les agents de police.
On veut faire quoi avec ça? La révolution!!! Je n'en crois pas un mot.
Un jour va venir où les 3B vont être obligés de se justifier devant leurs militants, devant l'opinion publique, devant l'histoire. Ils vont être obligés de dire pourquoi, dans le contexte de 2008, ils ont choisi de se démarquer comme une "organisation révolutionnaire", militaire, guerrière et secrète au lieu de se lier aux masses. La théorie élitiste de l'avant-garde ou peut-être le foco (foyer révolutionnaire) de Che Guevara (voir le Journal Le Québécois, page 23, numéro 2, mai - juin 2008)? Attirer la frange extrémiste, peut-être? Mais à coup sûr, inutilement attirer la répression sur les militants indépendantistes.
Rhéal Mathieu.
Ex-felquiste.
Accusé faussement des attentats de la BAF. (Voir Le Journal le Québécois, numéro 3, 2008).
3 novembre 2008.

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Annexe 1. Sur le sens du mot Révolution.
Puisque le Manifeste utilise des mots controversés et qu'il faut minimalement s'entendre sur le sens de ceux-ci, analysons-les. Concernant le mot révolution, ou le mot révolutionnaire, qui, d'après moi a un lien indissociable du mot "violence", c'est la définition du Petit Larousse que j'utilise. La première définition concerne le domaine de l'astronomie, la deuxième définition concerne le domaine politique et social.
Évidemment, on n'est pas en train de discuter de la rotation de la terre. On est dans le domaine politique, au Québec. C'est donc la deuxième définition qui s'applique.
Mais la deuxième définition a trois sens:
1- Changement brusque et violent dans la structure politique et sociale d'État, qui se produit quand un groupe se révolte contre les autorités en place et prend le pouvoir. - Le Révolution de 1848. - La Révolution française de 1789. - Révolution de palais.
2- Changement brusque, d'ordre économique, moral, culturel, qui se produit dans une société. – Une révolution dans la peinture. Révolution culturelle.
3- Agitation soudaine et passagère, provoquée par un fait inhabituel.
En politique, il y a un consensus sur le sens de ce mot, surtout quand on produit un texte qui parle de l'indépendance du Québec, de la Résistance, des combattants et du FLQ. Tout le contexte mène directement au premier sens. Les gens vont faire l'amalgame violence-révolution. C'est normal. On ne peut pas y échapper. Le RRQ ne pourra y échapper. Et ça sera dommage parce que ce n'est pas vrai que le RRQ est violent, actuellement, et qu'il est absurde de donner gratuitement à nos adversaires cette prise sur nous, pour nous discréditer.
Si on était dans le domaine de la culture ou de la technologie, le deuxième sens s'appliquerait: révolution technologique, révolution des mœurs, etc.
Mais dans le domaine politique, il faut avoir un l'esprit assez subtile, d'une subtilité assez rare, pour échapper à l'amalgame violence-révolution. Demandez à monsieur Tout Le Monde ou demandez à un militant ordinaire du RRQ, c'est bien dans ce sens que les gens l'entendent et l'utilisent, en général.
Pourquoi est-ce que tout le monde et même le Petit Larousse font l'amalgame violence-révolution? Parce que l'expérience historique démontre que "les autorités en place" ne laissent jamais se faire un "changement radical de régime" sans se défendre (voir l'histoire récente du Chili, de la Grèce, du Nicaragua, etc.) même si ce changement survenait suite à une décision de la "Démocratie Québécoise".
Dans le domaine de la politique et du social, il y a aussi le deuxième sens du mot révolution. Il y a eu la Révolution des Œillets et de la Révolution Bolivarienne, et il y a eu de la violence dans les deux cas, puis il y a eu la Révolution tranquille.
Ce sont les média bourgeois qui ont baptisé ainsi la Révolution des Œillets. Parce que la population s'est rassemblée au marché aux fleurs de Lisbonne, alors richement fourni en œillets, pour appuyer les militaires. En réalité, au Portugal, il s'est agit d'un coup d'État organisé par l'armée, par des officiers d'extrême gauche. Ils ont mis une junte au pouvoir et ont procédé à la décolonisation. Point final. Il y a eu de la violence puisque les militaires étaient évidemment armés. Il y a eu plusieurs morts aussi, car la police politique de Salazar, armée elle aussi, a offert une résistance armée.
À part de laisser tomber les colonies, la junte n'a pas touché au système capitaliste. Ils n'ont donc pas touché à l'essence même du système économique et social. Aujourd'hui, les Portugais sont aussi exploité qu'avant, par leurs capitalistes autochtones et étrangers. Et les colonies sont aussi exploitées qu'avant, par les impérialistes étrangers. Donc, en réalité, il n'y a pas eu de révolution. Ça n'a pas été un changement radical de régime. Si la junte avait voulu changer le système capitaliste, le gouvernement des USA serait intervenu comme au Chili, en Grèce et au Nicaragua et aurait organisé une contre-révolution.
La Révolution Bolivarienne est en cours. Attendons pour voir sa conclusion. Seul Chavèz sait jusqu'où il veut aller. Il y a déjà eu plusieurs morts et ce n'est rien à côté du prix que les Vénézuéliens vont devoir payer en vies humaines s'ils essaient d'aller aussi loin que Cuba, c'est-à-dire faire une vraie révolution (renverser le système capitaliste). Les USA ne laisseront pas aller le morceau facilement. Il y a beaucoup de pétrole au Vénézuela, peut-être que l'Irak n'est rien à côté de ce que les Américains préparent pour l'Amérique du Sud.
De toute façon, si le RRQ utilise le mot "révolution" dans le Manifeste, dans un autre sens que celui des dictionnaires, sens accepté de tous, sens que j'ai compris, ce sont l'État fédéral et nos bons bourgeois fédéralistes québécois qui vont se charger de faire pour nous l'amalgame violence-révolution. On ne pourra y échapper. Le RRQ ne pourra y échapper.
On se rappelle bien qu'ils ont déjà fait l'amalgame PQ/FLQ et que le maire Drapeau avait fait l'amalgame FRAP/FLQ. Et, que ce soit dans la tête des intellectuels qui rédigent des dictionnaires, ou dans la tête du plus simple quidam, on n'y peut rien, dans le domaine de la politique, révolution implique violence.
Les 3B, avec qui j'ai eu de longues discussions par courriels, m'ont dit que la violence ne faisait pas partie de la panoplie du RRQ, que ça faisait plutôt partie de l'arsenal de nos ennemis. Ils me disaient: "nous, le RRQ, on n'est pas comme eux, jamais on n'y aura recours" à moins d'y être forcé. Ça c'est de l'angélisme. Qu'en est-il de leurs militants? Et ce n'est pas gentil pour les patriotes de 1837-38 et des patriotes des années19 60-70 qui se sont vu plus ou moins forcé d'y avoir recours. À un moment donné, il faut bien se défendre.
Quand Pierre Vallières recrutait son monde, en 1965, il posait toujours la question: "Êtes-vous pour ou contre l'usage de la violence?" Croyez-le ou non, cette question était écrite en noir sur blanc sur un formulaire que nous devions remplir quand on adhérait au Mouvement de Libération Populaire dont il était le secrétaire-général. Si la réponse était "pour", il conservait le formulaire pour lui-même et rencontrait la personne plus tard pour la recruter dans son réseau.
Si la position du RRQ est qu'il n'utilisera jamais la violence, le RRQ devrait l'écrire noir sur blanc dans le Manifeste au lieu de présenter le RRQ comme une organisation révolutionnaire pro-felquiste.
C'est ce genre d'ambigüité, de confusion et de contradiction que je voudrais voir disparaître du Manifeste. J'ai demandé à plusieurs reprises aux 3B d'écrire noir sur blanc, dans le Manifeste, qu'ils ne prônaient pas la violence. À chaque fois, ça a été un NON catégorique.
Ça ne veut pas dire qu'on ne doive jamais utiliser le mot révolution au cours de notre lutte. Le mot n'est pas tabou. Ce n'est pas parce qu'on est membre du RRQ qu'on ne peut pas utiliser le mot révolution. Ça serait pousser la correctitude politique jusqu'à l'absurde.
Par exemple, madame Mourani dit dans ses discours: "Nous sommes des révolutionnaires des temps modernes ! La rhétorique et la démocratie sont nos armes les plus tranchantes". Eh bien, voilà, c'est de la rhétorique! Une figure de style. L'essence même de la rhétorique consiste à détourner le sens des mots. La Révolution tranquille des années 60, c'était de la rhétorique. Est-ce que le Manifeste du RRQ fait dans la rhétorique? Est-ce qu'il détourne le sens des mots? Je ne suis pas loin de le penser. Évitons de faire comme madame Mourani.
À ce que je sache, le RRQ n'est pas partisan de la révolution socialiste. Est-ce que je me trompe? Il faut me le dire, car, si le RRQ nous annonce bientôt qu'il met à son programme la révolution socialiste, les militants vont devoir prendre une décision. Personnellement, j'ai déjà donné et je ne crois pas cela possible, disons, de mon vivant.
L'accession à l'indépendance, c'est une réforme politique qui ne change pas l'essence même du système économique dans lequel on vit. En d'autres mots, au lendemain de l'indépendance, ou 5 ans plus tard, si on veut, le peuple québécois va continuer d'évoluer dans le même système économique qu'aujourd'hui. Les capitalistes seront québécois, canadiens, américains ou chinois. Nous, on veut pouvoir vivre en français, sans avoir les colonialistes canadiens sur le dos. C'est tout. C'est ce que nous recherchons. Le respect, la dignité, la fierté. Perpétuer notre langue et notre culture. Et c'est parfaitement possible.
Si faire l'indépendance du Québec, ce n'est qu'une réforme du système existant, ça n'empêche pas que ce sera un tournant vital pour notre peuple. Je serais prêt à concéder que, pour une nation opprimée, vivre dans le respect, la dignité et la fierté, on peut dire que c'est un changement révolutionnaire. Mais c'est de la rhétorique, dangereuse dans un manifeste politique.
Aujourd'hui, l'indépendance peut se faire sans violence, parce que ce n'est qu'une réforme de la société. En 1995, si on avait formellement gagné le référendum, il y aurait eu des négociations et j'ai confiance qu'on aurait obtenu l'indépendance avec monsieur Parizeau. Le Canada nous aurait remis notre part du service postal, des douanes, de l'armée, des fonctionnaires fédéraux, des ministères fédéraux, etc. et la vie aurait continué comme avant. Ils auraient accepté d'amender la constitution. Le Canada n'est pas plus intéressé qu'il faut à avoir une guerre civile sur son territoire.
Annexe 2. Sur la réhabilitation du FLQ.
Réhabiliter
Examinons d'abord ce mot. On sait qu'en 1992, Jean-Paul II a réhabilité Galilée en annulant sa condamnation. En effet, 359 ans plus tard, il a reconnu les erreurs commises par l'Église en 1633.
On sait aussi que, en 1971, donc seulement quelque mois après la crise d'Octobre, le gouvernement du Canada a décidé de commencer à procéder à la réhabiliter des Patriotes de 1837-1838. En effet, le 7 mai 1971, le ministère des Postes du Canada a émis un timbre-poste en l'honneur de Louis-Joseph Papineau, chef des Patriotes en 1837.
En 1980, un décret du Gouvernement du Québec a fixé la journée des Patriotes le dimanche le plus près du 23 novembre de chaque année «dans le but d'honorer la mémoire des Patriotes qui ont lutté pour la reconnaissance nationale de notre peuple, pour sa liberté politique et pour l'obtention d'un gouvernement démocratique.» Depuis, la Journée a été déménagée au mois de mai.
On sait que l'église catholique, par la bouche de Mgr Lartigue, avait interdit à ses curés d’inhumer les corps des Patriotes de 1837-1838, morts les armes à la main, selon les rites de l’Église catholique à moins qu’ils n’aient rétracté publiquement leurs mauvais propos ou leurs actes avant de mourir. Les victimes ont donc été enterrées à Saint-Eustache, dans une fosse commune en terre non bénite dans une partie du cimetière réservée aux enfants morts sans baptême.
Le 27 mars 1987, 150 ans après l'insurrection, l'Église catholique a procédé à la réhabilitation les Patriotes. Elle a levé toutes les sanctions imposées contre les Patriotes morts au combat. Désormais ils pourront être inhumés en terre catholique. Le 26 juillet suivant, les restes de Chénier entrèrent dans l'église de Saint-Eustache pour des funérailles d'État et ils furent par la suite inhumés au cimetière catholique de Saint-Eustache. Le 24 juin 1996, Monseigneur Charles Valois a béni le cimetière des enfants morts sans baptême de la paroisse de Saint-Eustache où les compagnons d'infortune de Chénier ont été inhumés en 1837.
Comme dans le cas des Patriotes de 1837-38, c'est à l'État de réhabiliter les patriotes qui se sont soulevés dans les années 1960-70. Le RRQ n'a aucune autorité là-dedans.
Combattant
Pour moi, un combattant, dans le contexte du FLQ, c'est quelqu'un qui combat, les armes à la main. Le seul individu de tous ceux impliqués dans les actions des années 1960-70 qui a combattu, c'est François Schirm. C'est un ancien légionnaire de l'armée française. Pendant une opération de vols d'armes qui a mal tournée, au coin d'Ontario et Bleury, il a tiré une trentaine de coups de feu sur des policiers qui tentaient de l'arrêter. Il a finalement été abattu d'une balle dans la jambe. Son chargeur de 30 balles était vide. Il a été fait prisonnier. Les autres n'ont pas combattus.
Je consulte le Petit Larousse pour le mot combattant.
Combattant nom masculin. Homme, soldat qui prend part directement à un combat, à une guerre, à une rixe.
Ici, quand on parle de combat, on ne parle pas de boxe ou de lutte. On parle du FLQ et il ne s'agit pas de la Fédération de Lutte du Québec. Si on écrivait de la poésie, une allégorie, je pourrais comprendre et accepter, mais il s'agit d'un Manifeste pour une organisation de résistance qui se présente comme révolutionnaire (par pur romantisme selon moi). Pas la place pour des figures de style.
Si on veut désigner par là les combattants par la plume, bien sûr, il y a Vallières et Gagnon. Mais, à part eux, qui d'autres? Et qu'elle est la contribution théorique que Vallières et Gagnon ont faite au "développement de la pensée québécoise", au corpus de l'idéologie de la lutte de libération nationale québécoise qui n'avait pas déjà été dite ou écrite bien avant par d'autres.
Ce qui caractérise le plus Vallières et Gagnon, à mon avis, c'est la rationalisation du passage à l'acte. À mon avis, c'est la seule chose qui différencie ces deux là des autres intellectuels qui militaient avec eux à la revue Révolution Québécoise, au Mouvement de Libération Populaire et au groupe Parti-Pris en 1965-66.
Le passage à l'acte de Vallières est le résultat de ses lectures marxistes, tel qu'il le décrit lui-même dans "Nègres blancs d'Amérique" page 274 où il cite Marx: "Les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde, mais il s'agit de le transformer". Karl Marx, Thèses sur Feuerbach, et il ajoute: "Les thèses sur Feuerbach de Marx (...) ont agi sur moi comme un choc". Vallières et Gagnon étaient plus marxistes que nationalistes. Ils voulaient organiser une vraie révolution socialiste. À la place, on a eu droit à une autre vague terroriste.
En 1971, dans "L'urgence de choisir", Vallières a reconnu ses erreurs (voir annexe 3) et a adhéré au Parti Québécois. Gagnon, lui, est devenu marxiste-léniniste. Il a aussi reconnu ses erreurs et a fait son mea culpa.
Le mot "combattant" est une étiquette vide dans le Manifeste. Que dire de Madame Ferretti et Pierre Bourgault? À ce compte-là, n'étaient-ils pas eux aussi des combattants pour l'indépendance du Québec, tout autant que Pierre Vallières et Charles Gagnon.
Va-t-on les réhabiliter pour autant? Non. On voudrait réhabiliter Vallières/Gagnon, mais pas Ferretti/Bourgault. Pourquoi? Certainement pas parce que les deux premiers ont combattu. Vallières et Gagnon n'ont jamais volé de dynamite, ni fait de vol à main armée, ni déposé de bombe. Ils étaient des théoriciens. La différence c'est que Vallières et Gagnon ont été des prisonniers politiques. Alors, on ne doit pas utiliser des étiquettes vagues. Ça doit être clair et précis.
Dans le contexte de la violence politique des années 1960-70, quand on parle de réhabiliter les personnes qui ont commis des actes de violence, le mot combattant est trop fort et non-fondé. Il a une connotation militaire violente que les ex-prisonniers politiques ne se sont pas mérités. Finalement, le terme "ex-prisonniers politiques" est peut-être le plus adéquat, à défaut d'utiliser "les Patriotes de 1960-70".
J'ai suggéré d'utiliser l'expression "réclamer la réhabilitation des Patriotes de 1960-70". Là, on aurait les deux pieds sur terre. On peut donc réclamer à XYZ de procéder à une réhabilitation. En l'occurrence, XYZ, c'est l'État fédéral, pas le RRQ. Le RRQ est totalement impuissant dans ce dossier.
Je pense que c'est le devoir d'une organisation de libération nationale, comme le RRQ veut l'être, de dire la vérité, ou, en tout cas, de ne pas dire de mensonges et de ne pas contribuer à consolider des mythes néfastes (voir annexe 3). On est entre adultes, on va ne pas se conter des histoires. En 1837-38, il y a eu des combats, il y a eu des batailles, il y a eu des morts au combat. En 1970, l'armée est venue à Montréal, pas un seul coup de feu n'a été tiré et le seul blessé qu'il y a eu, c'est un soldat qui s'est tiré dans le pied en sautant d'un camion. Il faut arrêter de se péter les bretelles.
FLQ
Il y a beaucoup à dire sur le FLQ. Je dois dire que, depuis 1964, j'ai bien eu le temps d'y réfléchir et d'analyser la question. J'ai adhéré à un premier réseau terroriste, à l'âge de 17 ans: le réseau de Gilles Legault, qui a été démantelé suite à une infiltration du FBI, au moment où notre groupe voulait remettre de la dynamite à des noirs américains pour faire sauter la statue de la Liberté à New-York. Étant donné que j'étais trop jeune, Gilles Legault avait jugé bon de ne pas m'impliquer dans cette opération spécifique.
Ayant échappé à cette rafle, j'ai ensuite adhéré à un nouveau réseau, celui de Pierre Vallières et Charles Gagnon, pour m'adonner encore à d'autres complots et attentats. J'ai été responsable, pendant un bout de temps, du Groupe d'action de notre réseau. Avec mon groupe, j'ai volé de la dynamite, des armes, du matériel d'imprimerie, j'ai mis des bombes. J'ai personnellement recruté des amis, des ados, G. D. qui n'avait que 17 ans quand il a été porter la bombe chez Lagrenade Shoes, ainsi que Jean Corbo qui n'avait que 16 ans quand il a sauté en allant porter une bombe à la Dominion Textile à St-Henri. Je regrette énormément la mort de ce jeune adolescent.
Je connais la vraie nature du FLQ et autres organisations qui ont utilisé le terrorisme dans les années 1960-70 pour faire avancer la lutte pour l'indépendance du Québec. J'affirme, que le terrorisme, comme moyen d'action, est, dans son essence même, réformiste et non pas révolutionnaire. Je sais que j'ai l'air de dire des énormités, mais réfléchissez.
Le terrorisme est l'arme des faibles, c'est bien connu. Mais les faibles, comment utilisent-ils le terrorisme. Ils l'utilisent pour menacer, en général, un gouvernement, ou une autre organisation, pour lui faire faire ce qu'ils ne peuvent faire eux-mêmes, à cause de leur impuissance, c'est à-dire, des réformes. En effet, vous ne verrez jamais une organisation terroriste demander au gouvernement de faire la révolution, de passer au socialisme. Parce que c'est de toute évidence impossible. Un gouvernement ou une classe sociale ne peuvent ni se suicider ni se renverser eux-mêmes. Les terroristes ne demandent que des choses qui sont réalisables. La preuve, c'est qu'elles finissent par arriver, avec le temps et des luttes populaires.
Le FLQ n'a jamais tenté de prendre le pouvoir au Québec. Le FLQ n'a jamais tenté de renverser le système capitalisme, ni de faire la révolution socialiste. Le FLQ a attaqué des symboles: des boîtes aux lettre, des casernes, des monuments. Le FLQ et autres organisations similaires ont exigé du gouvernement (ou du patronat à l'occasion), certains changements, certaines décisions, certaines réformes. Par exemple, mettre fin à l'oppression nationale des colonialistes canadiens, mettre fin à la discrimination contre les Québécois par les patrons anglophones, laisser les Québécois s'autodéterminer, interdire les briseurs de grève, réengager des travailleurs, libérer des prisonniers politiques, demander une rançon!!!, etc. Et toujours, c'était: si vous ne le faites pas (procéder à ces réformes), il va y avoir de la violence.
Mettre des bombes, en soi, n'a rien de révolutionnaire. L'extrême droite aussi met des bombes. Le crime organisé aussi met des bombes.
La seule contribution que je reconnaisse aujourd'hui aux centaines de jeunes, y compris moi-même, qui ont utilisé la violence dans les années 1960-70, s'est de s'être rebellé contre l'oppression nationale, d'avoir contribué à desserrer l'étau dans lequel était coincé le peuple québécois, exactement comme les Patriotes de 1837-38 l'ont fait à leur façon, dans le temps.
Donc, je trouve qu'il est dangereux et, en même temps, prétentieux, de la part du RRQ, d'adopter une ligne politique pro-felquiste et de prétendre "réhabiliter (…) les combattants du Front de libération du Québec". A-t-on demandé leur avis aux ex-felquistes et militants d'organisations similaires? Jamais! Le RRQ n'a aucun pouvoir ni aucun mandat pour faire ça. Le RRQ veut-il faire du millage sur le dos du FLQ?
Si le RRQ, qui est né depuis moins d'un an et qui n'a pas encore beaucoup de crédibilité, veut se mêler de cette question, la seule chose qu'il puisse faire c'est de réclamer des autorités compétentes, c'est-à-dire le gouvernement du Canada, par le biais de son gouverneur général, la réhabilitation des ex-prisonniers politiques ou Patriotes des années 1960-70 (sous forme de pardon royal) et en profiter, en même temps, pour demander des excuses et des dédommagements pour toutes les victimes de la loi des mesures de guerres en 70.
En plus, la formulation est mal fondée. L'usage de l'étiquette FLQ est limitatif. C'est une déformation de la réalité qui contribue à renforcer un mythe FLQ (voir annexe 3), créant l'illusion qu'il y a eu, pendant 10 ans, une guérilla de combattants armés dirigée par un mystérieux FLQ insaisissable. Ceux qui sont morts ne sont pas morts au combat. Comme j'ai écrit déjà, nous n'avons pas été des combattants et le FLQ, comme organisation, est un mythe. En dix ans, le FLQ en a fait bien moins que les motards pendant leur guerre, incluant les enlèvements.
Je dis aussi que l'expression "Le RRQ entend réhabiliter (…) les combattants du FLQ" est mal formulée parce qu'on ne peut pas parler du seul FLQ ou d'un seul FLQ. FLQ, c'est une étiquette vide, limitative, qui ne correspond pas à une réalité, à un point tel que même la police s'en est servi en 1971-72.
Ce n'est pas parce que la police ou des journalistes ont laissé entendre qu'il s'est toujours agit de la même organisation qui renaissait de ses cendres qu'il faudrait persister dans cette voie. Ils voudraient qu'on croie que c'était toujours "Le FLQ", qui opérait. C'est comme dans la publicité de Jean Coutu. Il y a des Jean Coutu, et il y a Le JEAN COUTU.
En 1963, il y a eu un premier réseau qui s'est baptisé FLQ. Mais ensuite, il y a eu aussi l'ALQ, l'ARQ, le RQL, et le MRQ, plus les réseaux de Legault, de Collin, de Pierre-Paul Geoffroy, d'André Ouellette, d'André Lessard, qui n'avaient pas de noms. En 1965, le réseau de Vallières/Gagnon a piqué le nom "FLQ" et le nom "La Cognée" pour le journal, à Jacques Desormeaux, un survivant du premier réseau de 1963. Les réseaux de Paul Rose et de Lanctôt ont aussi repris le nom, et finalement, il y a eu le FLQ de Carole Devault qui était un réseau organisé par la police. Tous et chacun de ces réseaux étaient des organisations différentes. Alors, on va réhabiliter le FLQ, puis les autres, on fait quoi avec? Ils seraient laissés au banc des punitions?
Marc Laurendeau a écrit "Les Québécois violents", un livre qui explore le phénomène de la violence politique des années 1960-70. C'est la thèse qu'il a présentée pour obtenir sa maîtrise en Sciences Politique. Laurendeau a eu une approche scientifique et non pas journalistique. Il identifie au moins 12 réseaux, tous différents qui n'avaient aucun lien organique.
Ce FLQ mythique dont parle le Manifeste du RRQ aurait produit au moins trois manifestes différents, deux drapeaux et trois emblèmes, tous différents. On peut y identifier quatre tendances idéologiques: un courant purement nationaliste, un courant anarchiste, un courant marxiste-léniniste orthodoxe et un courant marxiste éclectique. Ces tendances, soit se succèdent, soit se chevauchent dans le temps et se concurrencent, dès 1964. Bizarre pour une seule et même organisation.
Jamais deux groupes n'ont eu le même chef. C'était bien clair, pendant la crise d'Octobre 70, qu'on avait à faire à deux organisations qui opéraient indépendamment l'une de l'autre. Tous ces groupes pratiquaient le terrorisme et étaient d'essence réformiste, quoi qu'ils en eussent pensé au moment où ils agissaient.
Front
Autre remarque importante pour démythifier le FLQ: les groupes terroristes qui se sont appelés "Front" n'ont jamais été des "fronts", dans le sens de Front d'Action Politique (à Montréal), Front Sandiniste de Libération Nationale, Front de Libération National du Vietnam ou Front de Libération National algérien. Ces Fronts étaient vraiment des coalitions larges de partis ou d'organisations politiques.
Le mot Front, donc, dans le nom des réseaux qui ont repris le nom FLQ ne désignait rien du tout. C'était de la frime. La formulation adoptée dans le Manifeste du RRQ contribue à perpétuer l'erreur, à consolider le mythe du FLQ tout puissant, organisation révolutionnaire pas tuable qui aurait duré 10 ans. Une telle organisation n'a jamais existé. Il faut quand même respecter les faits et l'histoire.
Annexe 3. Le mythe du FLQ.
Dans Nègres blancs d'Amérique, Pierre Vallières affirme: "L'homme a droit à la vérité, même si elle est dure comme le granit. Car un monde humain ne peut se construire, se développer et durer que dans la vérité."
En 1971, dans "L'urgence de choisir", Vallières reconnait ses erreurs. Il déclare: "… il ne faut pas craindre d'affirmer clairement et avec vigueur que le F.L.Q., "symbole" plutôt qu'organisation de libération et "mythe" guérillero plutôt que résistance populaire, n'a plus aucune raison d'être aujourd'hui." Page 129.
Gagnon, dans "Le référendum, un syndrome québécois." page 9, nous dit: "Le Québec a une longue tradition de mythification de l'histoire. […] Nous avions cru avoir fait un sort à cette mythologie dans les années soixante, alors que "du passé nous avons fait table rase"… ou presque. Mais voici que le mythe menace de nous rattraper, avec, précisément, une certaine version de l'histoire des années… soixante! […] D'aucuns diront qu'il vaut encore mieux idéaliser son histoire que, cédant à la mode du jour, la vouer à l'oubli. Faut-il vraiment, pour éviter que des événements passés ne soient oubliés ou plus exactement gommés, les affubler d'un halo mythique, cohabitant parfois avec certains "silences", et amener l'opinion à les accueillir ainsi modifiés?"
Ceux qui s'intéressent à la question savent que c'est en 1963 qu'a été fondé le premier réseau FLQ, par trois militants du Réseau de Résistance du Québec. Le choix du nom pratiquement identique Réseau de Résistance du Québécois, en décembre 2007, est-il un accident de parcours ou une volonté manifeste de renouer avec la tradition mythique? L'avenir le dira.
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Réplique de Patrick Bourgeois
Bon, ça recommence.
Pierre-Luc Bégin et René Boulanger ont répondu 14 fois plutôt qu'une aux critiques de Rhéal Mathieu. Celui-ci ne veut rien entendre. Il le démontre une nouvelle fois, ici, en reprenant les mêmes critiques sans avoir tenu compte de ce que Pierre-Luc et René lui ont expliqué depuis 2-3 semaines.
Rhéal Mathieu est engagé dans une campagne de salissage contre le RRQ. Pour ce faire, il se sert principalement (mais pas exclusivement) du manifeste du RRQ. Il a commencé sa campagne en contactant les proches de l'organisation du "Québécois" pour leur dire que les "trois B" (c'est comme ça qu'il nous désigne gentiment), étaient engagés sur la voie du felquisme et de la pose de bombes. C'est faux, on lui a dit 100 fois, mais il ne veut rien entendre. Ce qui plaît à ce type, c'est de nous salir, c'est de nuire au RRQ et au "Québécois". À quel jeu joue-t-il exactement, bien difficile à dire. Mais une chose demeure: et c'est qu'il identifie lui-même, et publiquement, les cibles que nos ennemis devraient retenir contre nous. Est-ce que ses 3 derniers messages avaient pour but d'alimenter nos ennemis? Tout porte à le croire.
Ce qu'il aurait voulu concrètement, c'est qu'on dénonce notre manifeste et qu'on condamne nos trois militants du RRQ qui ont été interpellés par la police politique dans le cadre des "graffitis" politiques. Désolé, mais ce n'est pas là la politique de la maison. On n'abandonne pas les troupes quand l'eau se fait chaude.
Rhéal Mathieu ne respecte pas non plus les mots d'ordre donnés par la section de Ste-Thérèse. Mathieu veut dénoncer absolument les cours d'anglais qui sont donnés à Terrebonne en harcelant les enfants et les parents. Approche qui ne fait pas l'affaire du RRQ. Le bureau politique du RRQ préfère cibler l'administration municipale de Terrebonne. À cause de cela, Mathieu dit à gauche et à droite que "les trois B felquisants sont en fait des moumounes". C'est son droit d'interpréter ce cas de cette façon-là. Mais en même temps, faudrait que Mathieu nous explique comment il fait pour dénoncer les cours communautaires de Terrebonne tout en défendant la construction du CHU de McGill. Son argument principal pour ce faire est de prétendre que nous sommes après tout si bien servis dans les hôpitaux des anglais. Il est même possible de s'y faire servir en français imaginez-vous donc.
Parce que Rhéal Mathieu est en guerre ouverte et en campagne de salissage contre le RRQ, il a été expulsé de l'organisation. Il nous accuse de ce fait, et pour d'autres choses (il voulait que Le Québécois soit contrôlé par les membres du RRQ), de ne pas être démocratiques. On n'a jamais prétendu l'être. On travaille avec ceux qui font notre affaire, point final. Si ça ne plaît pas à certains militants, très bien. Qu'ils aillent donc au PQ, là où la vie de parti devrait mieux leur convenir.
Il est dommage que Rhéal Mathieu se comporte ainsi. Il a des qualités qui auraient pu lui permettre de militer efficacement pour l'indépendance du Québec, chez nous. Mais on nous avait averti qu'il était incapable de travailler en équipe et qu'il finissait par toujours foutre le trouble dans les organisations où il s'impliquait. Force est de constater que ces mises en garde s'avéraient fondées. Pour ce qui est de sa propension à voir des terroristes partout, je dois dire qu'il me fait ici pitié. Le fait qu'il ait été arrêté lui-même en tant que felquiste et en tant que chef de la Brigade d'audéfense du français semble l'avoir traumatisé. Comme quoi, la prison laisse des séquelles psychologiques chez certains.
Parce que je sais très bien que Rhéal Mathieu n'en est qu'au début de sa croisade contre le RRQ et "Le Québécois", je barre cette enfilade. J'ai vraiment d'autre chose à faire que de répondre à ses critiques, critiques auxquelles on a déjà répondu au moins 20 fois. Les gens bouchés de nature sont toujours des sources de perte de temps incroyable, et du temps, j'en ai que trop peu. Il ira donc cracher son fiel contre nous ailleurs. À cause de cela, il nous accusera encore une fois de ne pas être démocratiques. Fort bien! Ça m'importe peu.
P.B.

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Ex-felquiste.

Accusé faussement des attentats de la BAF. (Voir Le Journal le Québécois, numéro 3, 2008).





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    5 novembre 2008

    A propos du manifeste du RRQ, je tiens à dire que les critiques de Mathieu, que je ne connais pas, me semblent valables.
    En conséquence, j'aimerais apporter un bémol à mon appui aux militants du RRQ arrêtés à Québec. Je suis loin d'être sûr qu'il faille encourager des jeunes à faire ce genre d'action.
    Andrée Ferretti ne les approuvait pas. Je comprends mieux maintenant pourquoi. Après avoir lu Mathieu, je suis maintenant de l'avis d'Andrée Ferretti.
    Il ne faut pas pousser des jeunes à des actions illégales (et violentes).
    En lisant Mathieu, j'ai pensé plusieurs fois à René Lévesque. Je n'irai pas plus loin pour le moment.
    Robert Barberis-Gervais, Vieux-Longueuil, 5 novembre 2008