Je n’ai jamais rien eu contre Patrick Bourgeois avant aujourd’hui, promis. Mais laissez-moi revenir au début… *Baguette magique*
Je participais à des discussions sur Facebook sur le babillard d’une connaissance. En décembre dernier, j’ai « discuté » brièvement avec Christian Bergevin, un sympathisant du Réseau de Résistance du Québécois (RRQ). Je mets « discuté » entre parenthèses, car rien n’est facile avec lui. On m’avait déjà averti de me méfier de lui, qu’il était dangereux, manipulateur, etc. Bref, ça s’est bien passé, sinon qu’il s’attaquait sans cesse à la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal pour d’obscures raisons et que je devais défendre l’institution. Il y a quelques jours, récidive. une discussion banale. Du genre: « les syndicats ont trop de pouvoir ». Et moi de lui faire remarquer que syndicalisme et classe moyenne vont main dans la main et que l’indépendance, c’est autre chose qu’un pays sur une « mappe ». De fil en aiguille, la conversation s’est approfondie et il a commencé à m’insulter parce que j’avais sous-entendu qu’il était un soi-disant indépendantiste, et la connaissance commune entre nous a décidé, sans raison apparente, de m’enlever de ses amis Facebook.
Le lendemain, je constate que j’ai perdu cinq ou six « amis » Facebook. Et un autre ami m’écrit pour me dire que Christian Bergevin a lancé une campagne de salissage contre moi en demandant à tous les membres du réseau RRQ qui me connaissaient de m’enlever de leurs contacts. Dans le message, le bla-bla usuel du genre « je suis un traître », etc. etc. etc. Soudainement, même des lecteurs réguliers de mon blogue et qui me citaient régulièrement m’enlevaient, sans raison. Simplement parce que j’avais discuté avec Bergevin et avait insinué – je dis bien insinuer – qu’il était un soi-disant indépendantiste parce qu’il ne pouvait pas définir clairement sa position.
Cette campagne de salissage m’a fait réfléchir à certaines choses. Je me suis d’abord souvenu de lui, vers 1997-1998, au Mouvement de libération nationale du Québec (MLNQ), sorte de country-club où on tapait des anglais plutôt que d’aller à la chasse (Bergevin était très bon là-dedans, si ma mémoire est bonne), Bref, j’étais membre du MLNQ, et – fait étrange – également d’une association de défense des droits sociaux en même temps. Vous voyez l’idée, si vous me connaissez: l’indépendance, mais pour le peuple. Alors, un jour quand j’ai parlé de mon appartenance à un organisme de la sorte au MLNQ, je me suis fait rejeter. Et après, lorsque j’ai parlé que j’étais membre du MLNQ à l’association de défense des droits sociaux, je me suis fait renvoyer manu militari. On ne badine pas avec ces choses; étant dans deux cases à la fois, il était difficile de choisir. Même impossible. J’ai donc appris à haïr la pensée en bloc, fermée aux compromis, pensée de clan qui ne peut ni discuter ni accepter la pluralité des points de vue.
Donc, je réfléchissais à tout cela et j’ai eu l’idée de mon dernier billet: les indépendantristes. Que sont les indépendantristes? Simplement, une faction fermée, hostile, qui complote et qui déteste les discussions d’idées. Bref, une minorité parmi les minorités. J’ai écrit le texte, sachant qu’il ferait réagir, mais sûrement pas à ce point.
On m’a accusé de traître, de sale fédé vendu, et j’en passe. Pourquoi? Parce que j’aurais laissé entendre que ces gens avaient un chandail du RRQ ou que je parlais au nom de tous les indépendantistes. En fait, ceux qui étaient les plus vindicatifs avaient une chose en commun: ils venaient tous du RRQ, alimenté par Patrick Bourgeois, qui n’a pas tardé à parler de mon texte comme étant très très très mauvais.
Bon, ça m’arrive d’écrire de mauvais textes. Était-il mauvais? Peut-être. Mais en m’attaquant personnellement, on a surtout évité de discuter du fond de mon questionnement: se pourrait-il qu’il existe, dans le milieu indépendantiste, des gens à ce point fermés qu’ils sont hostiles à toute discussion, toute argumentation, toute remise en question? Je posais la question avec, en filigrane je dois le dire, Christian Bergevin et sa campagne de salissage qui, selon une source, visait en fait à se servir de moi pour atteindre mes patrons, qui ont porté plainte contre lui. Mais ce n’était pas par vengeance; je ne l’ai pas nommé. C’était une réflexion comme j’en ai très souvent à partir de mes expériences personnelles. Je me suis demandé, simplement, si de tels individus hostiles à la discussion et qui lancent des campagnes de salissage pour un oui ou un non étaient utiles au mouvement indépendantiste.
Bref, après la publication du texte, je notai qu’une personne a republié le lien sur le babillard de Patrick Bourgeois, leader du RRQ. Plusieurs commentaires négatifs y ont été écrits, avec toute l’intelligence propre à certains: « esti sale fédé vendu » et autres joyeuses aménités. J’ai pris patiemment la peine de répondre à chacun, de leur expliquer que je ne m’en prenais pas au RRQ, que je visais seulement une minorité d’extrémistes radicaux, que j’aimais le RRQ, que j’appuyais le RRQ, etc. La situation semblait se calmer, et j’ai même publié une notice explicative où j’expliquais sur mon blogue que je m’étais peut-être mal expliqué et où je reclarifiais mon texte en prenant soin de bien surligner et resurligner que je ne m’en prenais pas au RRQ. Moins de nuances, plus de phrases simples.
Donc, tout était bien qui semblait bien. Je concluais en affirmant que je devais réfléchir à la meilleure façon d’allier mon emploi et ce blogue et que, dans le doute, j’allais choisir le pain sur la table.
Intervient Patrick Bourgeois.
Il commence à m’invectiver, à me blâmer de choisir le pain sur la table. « J’ai fait suffisamment de sacrifices dans ma vie pour dire que je n’ai jamais priorisé (sic) le pain au détriment de la cause. La cause exige l’abnégation. À tous de voir jusqu’où ils sont prêts à aller. Mais je n’ai jamais vu un excellent militant qui avait l’argent comme priorité. » Je lui réponds gentiment que c’est bien beau ses rêveries, mais que dans le monde réel, on n’a pas à crever de faim pour avoir des idéaux. On n’a pas à jeûner pour atteindre ses objectifs.
Par la suite, il commence à m’accuser de le « chercher depuis plusieurs chroniques », de m’en être pris à son réseau, le tout en m’insultant dans des mots que je n’aurais pas cru pouvoir sortir de la bouche d’une personne qui se veut crédible. Et il me ressort ce vieil article que j’ai écrit le 21 novembre:
Lors d’une manifestation contre le jugement de la Cour suprême sur la loi 104, alors qu’un orateur s’est fait tirer par la jambe, sans avertissement, par un policier et qu’il aurait pu se casser le cou en tombant. Des membres du Réseau de résistance du Québécois (RRQ) s’en sont pris aux policiers en les traitant de tous les noms. Lorsque certains – dont l’auteur de ces lignes – leur ont suggéré de faire une plainte en déontologie et d’utiliser les moyens légaux pour faire valoir leurs droits, ils se sont défilés comme un voleur pris en flagrant délit. Plus facile de crier des noms aux policiers, non?
La vraie hypocrisie, la malsaine, selon moi, se trouve dans les gestes plutôt que dans les paroles. L’hypocrisie, c’est de chialer contre le résultat d’une élection quand on est resté à la maison le jour du vote. C’est se plaindre d’une politique en particulier quand on n’a même pas daigné se présenter au jour du vote. C’est blâmer un collègue qui s’exprime lors d’une assemblée syndicale quand, soi-même, on a préféré se taire. C’est accuser l’autre d’hypocrisie parce qu’il prône la bonne entente quand, au moment où il était possible de se faire entendre selon les règles, on a préféré écouter la télévision chez soi. C’est accuser les autres de corruption ou de collusion quand, soi-même, on essaie de contourner les règles dès que c’est possible. C’est insulter un policier au lieu de porter plainte en déontologie.
Ainsi, voilà ce qu’avait le grand leader du RRQ sur le coeur. Je lui ai dit: « tu n’avais qu’à me téléphoner, à m’écrire! » Ben non, il préférait m’invectiver, me traiter de tous les noms. Pathétique, con, débile, idiot; c’était un véritable flashback vers la pré-adolescence. Et l’insulte suprême: je suis un opposant du RRQ depuis le début. C’est le tout ou rien: ou bien tu appuies entièrement et complètement ce que veut sa majesté Bourgeois, ou bien tu es contre le RRQ. Pas de nuances, pas de mesures.
Une personne qui le connaît bien m’a écrit, sous couvert de l’anonymat, pour me dire à son sujet:
patrick [Bourgeois] s’est énormément donner pour la cause mais depuis la naissance du RRQ, j’ai l’impression qu’il veut éliminer un à un tout militants qui OSERAS critiquer (même avec bonnes intentions), SON RRQ.
Ses batailles ne sont jamais au niveau des idées mais au niveau des personnalités. Ne pas le connaître, je ne t’écrirais pas tous ceci mais depuis quelques mois, je le regarde allé et il est manifestement de très mauvaise foi.
Il est du genre « p’tit bum de fond de ruelle ». Il y a un début de débat d’idées sur son forum? il n’y participe pratiquement jamais. Un conflit avec quelqu’un? Il y est!
Dans son genre, il fais assez « terroriste », d’où la crainte qu’il inspire à plusieurs dont moi.
Oui, p’tit bum de fond de ruelle. Sa gang, ses tatouages, c’est le RRQ. Ce qu’il aime, c’est la bataille, la bastonnade, taper des anglais. Le discours? Connais pas. Ce qui compte, c’est l’honneur du RRQ, trois lettres, et qui veulent dire quoi finalement? Pas grand chose. Résistance, mais résistance contre quoi? Que Gilles Duceppe ait refusé de partager la même scène que lui, en novembre dernier, lors d’un rassemblement indépendantiste, m’avait déçu à l’époque. Mais là j’ai compris.
J’ai véritablement compris.
Tant que la cause indépendantiste s’alliera à des p’tits bums de fond de ruelle comme Patrick Bourgeois, elle stagnera. Ce n’est pas en lançant de gros cris révolutionnaires au milieu de badauds plus intéressés par le spectacle de ses pitreries que par la cause elle-même qu’on fait avancer l’indépendance. Ce n’est pas avec des chandails, des crayons, des suppositoires Le Québécois qu’on fait progresser l’idée d’un Québec souverain. Ce n’est pas en confrontant les policiers, en proférant des menaces voilées, en agissant comme des p’tits bums de ruelle qu’on convainc ses citoyens du bien-fondé de la cause.
Non, tout ça, c’est des affaires de p’tit bums de fond de ruelle. C’est ce que font les brutes et les truands. Ce ne sont pas ainsi qu’agissent les Patriotes et les citoyens responsables.
Est-ce que j’ai merdé dans mon dernier billet? Oui, j’ai merdé. J’ai été trop subtil inutilement, et le résultat fut que tout le monde y a vu ce qu’il voulait bien voir. J’ai voulu épargner la chèvre et le choux, mais les deux sont passés dans le tordeur par ma maladresse. J’ai transformé un billet où je voulais célébrer l’union de tous les mouvements indépendantistes dépourvus de leurs éléments les plus radicaux en une symphonie discordante de justifications. Est-ce que j’ai mérité de me faire insulter, stigmatiser et traîner dans la boue par Patrick Bourgeois parce que le p’tit bum avait des petites crottes sur le coeur? Je ne crois pas.
Je lui ai écrit et je peux l’écrire encore ici: jusqu’à cet épisode, je respectais beaucoup Patrick Bourgeois. Je me suis simplement laissé embarquer dans une mauvaise ruelle où un Christian Bergevin m’a tendu un guet-apens et où le chef des p’tits bums lui-même m’a asséné des coups qu’il espérait fatals. J’ignore encore les conséquences de ces gestes, mais je sais une chose, et cette chose vaut de l’or: jamais je ne me laisserai dicter quoi penser ou dire par un p’tit bum de fond de ruelle qui croit que l’indépendance se fait avec des menaces et dont la plus grande réalisation est d’avoir bâti un mouvement national de p’tits bums à son image.
Règlement de comptes? Peut-être. Et alors? Les comptes sont en souffrance, qu’on dévoile la véritable nature de chacun! Je ne sais pas pour vous, mais pour ma part, je me méfie souverainement d’un mouvement refusant la moindre critique et dont le chef est plus occupé à attaquer à ses détracteurs – dont le plus indépendantiste des indépendantistes que je suis – qu’à bâtir un argumentaire crédible. Si le RRQ était un mouvement religieux, il serait déjà qualifié de secte.
Le mouvement indépendantiste a besoin de deux choses: d’unité et d’un discours cohérent, moderne et basé sur des faits. L’unité ne pourra se faire qu’avec un leader crédible et articulé; le discours ne pourra se bâtir qu’en acceptant la nécessaire confrontation des idées.
C’est moins chic qu’une bonne bataille à coup de pancartes, mais c’est drôlement plus efficace et civilisé!
« Toute certitude conduit à la violence. » – Oliver Wendell Holmes (Merci à George Paquet pour la citation)
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