Lettre ouverte à Pauline Marois de Claude Jasmin

Tu as vu tes applaudisseurs ? Tous des anti-souveraineté. Tu as été très mal conseillée, éloigne de toi les pépères timides, souris frileuses.

L'affaire Bourgeois-Le Québécois


Chère Pauline,
La dernière fois que l’on a pu causer un peu ensemble c’était lors d’une rencontre quand j’animais aux micros d’une radio de Laval (Radio-Boomer). Et ce fut un plaisir. Réciproque je crois. Je vous l’avais dit en ondes : je comprenais mal pourquoi tant de gens (et des caricaturistes) vous imaginaient remplie de snobisme. C’était —c’est— injuste. Vos paroles et votre attitude démontraient bien au contraire de la chaleur et beaucoup d’humanité.
Hélas, voilà qu’aux dernières assises de votre parti, attitude bizarre, vous êtes d’accord pour fustiger et même pour « punir » financièrement, certains jeunes militants de notre essentiel nationalisme. Raison ? Un verbe à l’occasion bien effronté, même agressif. Allons, Pauline, personne ne vous apprendra que dans tout mouvement de revendication, dans n’importe quelle association de pétition ou d’imploration, forcément, on y trouve des tempéraments vifs, des tribuns impétueux. Qui appellent un chat, un chat et un salaud, un salaud.
Est-ce nécessaire de fustiger publiquement ces patriotes (le jeune Bourgeois ou le vieux-vert, Falardeau) ? Le danger : nourrir les adversaires de notre cause sacrée, diviser nos troupes, encourager à la pleutrerie. C’est soutenir, chère Pauline, les profiteurs vénaux de la canadiana-pax-fédérata, les amants des compromis, d’un lâche, doucereux et trop calme combat nationaliste.
Pauline, nous avons besoin de quelques sages, aussi de jeunes impatients. Notre lutte s’étend aux nouvelles générations qui sont moins polies, moins diplomates, moins « chambre-de-commerce-et-du-tourisme ». Et alors ? C’est formidable, non, cette jeunesse fringante, malpolie, au journal Le Québécois (où j’ai le plaisir de publier souvent). Ils n’ont pas froid ni aux yeux ni aux lèvres, un apport vital qui témoigne de la santé solide pour la suite-du-monde-québécois. Tu as vu tes applaudisseurs ? Tous des anti-souveraineté. Tu as été très mal conseillée, éloigne de toi les pépères timides, souris frileuses.
Appeler à boycotter ce modeste journal est une fort mauvaise idée, Pauline. Grave, les gens du Bloc-à-Tit-Gilles ont suivi ce nocif mouvement où on y sent l’odieux monde de la censure. La sauce pureté stalinienne. Pauline, je te supplie d’annuler cet appel au boycottage, inspiré par un moment de mauvaise humeur.
Face à la victoire remportée sur Ottawa et son machin-à-commandites-de-Juneau, le seul regret : devoir constater que le parti que tu diriges fut molassique, archi-prudent en protestations. Écoute donc : Résistants à ce « Axe anglo-saxon » ultra-puissant sur tout ce continent, masochistes et cons ou avides de tourisme de la Nouvelle Angleterre, non, on ne pouvait festoyer l’effroyable défaite de la Nouvelle France de 1759. Il n’est pas trop tard pour « raison-garder », biffe au plus tôt ton ordre abject de faire crever ce valeureux petit journal. « Couper les vivres », c’est indigne d’une Pauline que je crois connaître. Infantile et humiliant pour tes députés d’interdire de s’acheter des placards dans le journal de Bourgeois. La liberté c’est justement la tolérance de toutes les tendances. À l’avenir, Pauline, tais-toi si quelques jeunes (ou vieux) trublions font des bruits « disgracieux » dans le grande espace de l’indépendance à conquérir. Il y a des oeufs pourris qu’il fallait casser, cette stupide fête-à-Wolfe sur nos Plaines était un oeuf pourri.


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