Rabaska : loin d'être le pactole

Rabaska

Dans un texte traitant de différents aspects de géopolitique internationale, un consultant, [Gilles Couture, souligne au passage les conditions qui ont conduit à vouloir implanter un port méthanier à Cacouna (Le Devoir, Idées, 1er août)->7964]. Il en ressort une fois de plus, si besoin était, que les installations prévues au Québec ne constituent qu'un maillon local d'enjeux d'une tout autre échelle.
Choisir entre Cacouna et Lévis?
Replacé dans le contexte d'enjeux politiques dont le Québec ne représente qu'un des éléments, le débat, parfois soulevé, d'avoir à choisir entre Cacouna et Lévis pour installer un port méthanier ne se pose plus de la même manière. En fait, il ne s'agit plus d'opter pour l'un ou l'autre site. Il faut plutôt les considérer comme un ensemble. Bien qu'ils puissent donner l'impression de jouer l'un contre l'autre, les promoteurs de ces projets ne sauraient être que des alliés dans cette affaire. Autrement dit, le projet auquel on s'affaire derrière portes closes inclut des installations à Cacouna et à Lévis et un gazoduc d'environ 300 kilomètres.
Les acteurs locaux
Financiers, promoteurs et transnationales se chargent des enjeux globaux des implantations de ports méthaniers au Québec. Ils délèguent à une variété d'acteurs locaux le soin de faire les pressions nécessaires auprès de la population pour qu'elle se plie aux décisions qui sont déjà arrêtées.
C'est ainsi que les députés des gouvernements fédéral et provincial des circonscriptions concernées, les conseils municpaux de Cacouna et de Lévis, maire et mairesse en tête, les représentants des chambres de commerce deviennent en fait davantage que des porte-paroles du capital financier transnational, décidé à implanter des ports méthaniers au Québec. Ces personnes et ces groupes d'intérêt sont bel et bien les agents locaux mobilisés pour contrer les revendications des populations locales. Leurs arguments sont simples: création d'emplois, retombées fiscales, activité économique accrue.
Créer moins de 100 postes réguliers pour Cacouna et Lévis réunies, c'est loin d'être le pactole! Recueillir trois ou quatre millions en taxes municipales de transnationales qui tireront des milliards de ces installations, sans égard aux perturbations environnementales et sociales sur des générations pour chacun de ces milieux, c'est tout simplement outrageant! Prétendre que ces installations contribueront au dynamisme économique du Québec, c'est laisser croire qu'en ce temps de mondialisation économique, il y aura des bénéfices pour toute la population.
Le méthane «mondialisé»
Le discours économique ambiant qu'on tente par tous les moyens d'imposer aux esprits insiste sur l'impossibilité d'échapper aux règles de la mondialisation. Mieux encore, certains arguent que se refuser à cette évidence, c'est tout simplement se mettre la tête dans le sable, ou encore être totalement débranché de la réalité.
Pourtant, les règles de la mondialisation économique sont plutôt simples et peuvent déjà se vérifier en de multiples endroits sur la planète. Les transnationales financières développent des projets et proposent à une poignée d'acteurs locaux de tirer des bénéfices élevés et à court terme de leurs opérations.
En retour, elles s'attendent à ce que les pressions appropriées soient exercées sur les populations locales, que des mesures législatives et légales fassent en sorte de répartir les coûts sociaux et environnementaux à l'ensemble de la population. Il s'agit donc de tirer le maximum de profts de ces investissements dans le laps de temps le plus court, quitte à en céder quelques miettes aux entrepreneurs locaux qui ne demandent pas mieux. Ce sont ces personnes qui soutiennent présentement les projets de ports méthaniers en différents lieux sur la place publique.
Une fois les bénéfices engrangés, les enjeux globaux déplacés vers d'autres sources de profits, on quitte et laisse derrière soi les conséquences sociales et environnementales locales des lieux par où sera passé l'eldorado de la mondialisation. Pour sûr, l'épisode d'implantation de ports méthaniers au Québec n'échappera pas à ce modus operandi. On mentionne déjà une durée de vie utile de 30 ans pour ces installations.
Certains défenseurs de la mondialisation, mobilisés pour faire avaler les dossiers de ports méthaniers, ne sont peut-être pas si branchés qu'ils le croient. Il se peut qu' ils ignorent les règles de la mondialisation. Mais s'ils en connaissent les ressorts et feignent tout simplement de ne pas les connaître, alors force est de constater qu'ils tiennent un double langage inacceptable qu'il faut dénoncer.
***
Serge Genest, Québec


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé