La désinformation pour appuyer le projet Rabaska
15 février 2008
La population derrière Rabaska ??
En désespoir de cause, suite à son incapacité de rassurer les Québécois sur l’intégrité de l’analyse environnementale effectuée par le gouvernement dans le dossier Rabaska, on a vu récemment la ministre Beauchamp utiliser la population comme instrument de propagande en plaidant qu’il existe de toutes façons dans la région une forte adhésion publique au projet de port méthanier.
En supposant que cet argument suffise pour justifier un projet, ce qui est plus que douteux, sur quelles données la Ministre peut-elle bien appuyer ce constat ?? Encore une fois, il est permis de penser que le gouvernement s’adonne au jeu de la désinformation pour cautionner ce coup de force que représente l’introduction d’un complexe gazier dans le territoire de la Capitale nationale.
Si la population était aussi largement favorable à Rabaska que prétendu, jamais son promoteur n’aurait eu à faire face, pendant quatre ans, à un tel barrage d’opposition de la part de citoyens et d’organismes parmi les plus crédibles quant à leur préoccupation à défendre l’intérêt public. Intégrité, responsabilité sociale, conscience planétaire, désintéressement personnel, esprit de recherche ont marqué et qualifient toujours plus le discours des opposants au projet, lesquels se révèlent par ailleurs largement représentatifs de tous les milieux de la société québécoise : politique, journalistique, professionnel, universitaire, scientifique, légal, écologiste, touristique, agricole, et encore…. Originant d’un niveau national, donc au-delà des stricts intérêts régionaux, leurs objections à Rabaska se sont révélées infiniment plus éclairées et visionnaires que les positions pour le moins mercantilistes du groupe des défenseurs du projet. Le bilan des arguments présentés aux audiences publiques du Bape est fort éloquent à ce propos.
Il y a lieu de se questionner sur les critères utilisés par Mme Beauchamp pour sa mesure de la popularité du projet Rabaska. La Ministre devrait d’ailleurs réaliser ceci : maintenant que l’information, la vraie, commence enfin à être disponible grâce aux médias, cette supposée adhésion populaire qu’elle invoque risque fort de fondre comme neige au soleil.
Si elle persiste à défendre son appui à Rabaska sur cette base, elle démontrera simplement encore une fois qu’elle limite son rôle à celui de porte-voix pour le discours du promoteur - comme elle l’a déjà fait, de toute évidence, au chapitre de l’étude des risques du projet - ce qui s’avère pour le moins réducteur en regard du poste qu’elle occupe, celui de première responsable de la réalisation d’un développement durable crédible au Québec.
MATHIAS BRANDL
Ste-Pétronille I.O.