Triste journée

une expérience politique et culturelle dégradante, tristement néocoloniale, pour ne pas dire totalement rétrograde

Rabaska

Texte publié dans Le Devoir du jeudi 22 mai 2008 sous le titre "Un grand jour pour le Québec?"
***
«C'est un grand jour pour Gaz Métro et pour le Québec», a déclaré plus tôt
cette semaine la présidente de l’entreprise, lors de l'annonce de la
participation de Gazprom dans le consortium Rabaska. N’était-ce pas plutôt
une bien triste journée, contribuant à sceller le sort du Québec comme
double grand perdant dans un débat dont les enjeux étaient autant d’ordre
idéologique qu’environnemental ?
Défaite idéologique, parce que ce sont les basses manœuvres
politico-économiques qui auront, une fois de plus, eu le meilleur sur la
vraie démocratie participative tout au long d'un dossier privé qui s'est
rapidement muté en combat pour le bien commun, à un niveau national de
surcroit.
Défaite environnementale, parce que ce nouveau feu vert à Rabaska vient
consacrer un véritable viol territorial ! Réfléchissons à la qualité du
site retenu près de Québec pour ce complexe industriel, un vrai joyau
national: avec l’implantation d’un port méthanier, la douce quiétude et
l’esprit de l’héritage patrimonial qui s’en dégagent depuis maintenant 400
ans devront faire place à des sinistres manipulations de gaz méthane que
des bombes flottantes viendront y injecter, dégradant le site au rang de
vulgaire goulot d'acheminement pour les ivrognes d'énergies fossiles que
représentent les marchés ontarien et américain.
Un grand jour pour le Québec, Mme Brochu ? Que non ! Parlons plutôt d’une
expérience politique et culturelle dégradante, tristement néocoloniale,
pour ne pas dire totalement rétrograde.
Mathias Brandl

Ste-Pétronille I.O.
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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6 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    22 mai 2008

    Ne confondez point la pétrochimie et un terminal méthanier.
    Du gaz naturel, c'est d'abord du CH4 (méthane).
    D'autres gaz peuvent s'y retrouver, en particulier l'hélium.
    Mais aucune huile dont on pourrait transformer en plastique ou en polymère.
    L'implantation du terminal ne sera pas propice au développement de la pétrochimie dont vous rêver.

  • Louis La Rochelle Répondre

    21 mai 2008

    Messieurs Brandl, vous avez raison !
    (Tout comme Monsieur Cadrin et le GIRAM dans Le Devoir)
    Comme de très nombreux Québécois, mes ancêtres ont quitté le port de La Rochelle il y a 350 ans pour s’établir sur l’île d’Orléans, sur la Côte-de-Beaupré ou la Côte-du-Sud (entre Lévis et Montmagny).
    Pour moi, ce territoire est «SACRÉ», puisque c’est le berceau du peuplement de la Nouvelle-France, et des premiers Québécois. À chaque voyage dans ces régions, je ne manque pas de me recueillir devant un monument funéraire, une plaque commémorative, un manoir, une église ou un verger qui ont traversés les siècles.
    Beaumont est pour moi ma terre autochtone «SACRÉE», et le projet Rabaska est un VIOL identitaire, patrimonial et naturel, qui menace physiquement le berceau historique du Québec et le siège suprême de son État.
    L’installation de Gazprom directement dans le cœur du pays Québécois m’attriste à mourir.
    En plus d’être un risque sécuritaire majeur, Rabaska est une menace à la souveraineté de l’État Québécois, parce qu’au nom de la sécurité des approvisionnements en gaz des États-Unis par une filiale américaine de Gazprom, les petits-fils de G. W. Bush pourront justifier une occupation militaire de la Voie maritime et du golfe du Saint-Laurent, avec la complicité de Moscou, de Paris et d'Ottawa, dollars obligent.
    Tout cela pour permettre une réduction du prix du gaz dans l’Amérique impériale-anglo-saxonne et entraîner des pressions à la baisse sur les prix de nos exportations d’électricité dans notre seul grand marché.
    Plus COCU que ça, tu meurs !
    Tous les Québécois qui ont à cœur l’intérêt de leur nation doivent combattre de toutes leurs forces, et jusqu’à la victoire par l’implosion de Rabaska, contre ce viol de notre berceau historique, de notre quiétude, de notre sécurité, de notre intérêt national et de notre souveraineté.
    Le Québec n’a rien à gagner en se constituant en échiquier territorial des grandes puissances étrangères, avec leurs chaînes occultes et leurs «maîtres» qui n’ont cure des intérêts nationaux du Québec, qu’ils soient Harper, Desmarais, Sarkozy, Medvedev ou Obama !
    Rabaska doit mourir, pour que le Québec VIVE !
    Louis La Rochelle, Fondation du Patrimoine de l’Amérique Française

  • Archives de Vigile Répondre

    21 mai 2008

    Moi c'est curieux mais ce n'est pas au plan de l'environnement qui me fait réagir mais plutôt le fait que ce port méthanier sera une menace pour notre capitale et son gouvernement dans le cas fort probable de l'indépendance du Québec. Imaginé un accident provoqué et c'est toute la tête de l'État Québecois qui disparait.

  • Frédéric Picard Répondre

    21 mai 2008

    C'est sur qu'avoir un méthanier l'autre bord du fleuve doit pas être une expérience plaisante pour vous. Toutefois, la MIL Davie n'est pas une beautée non plus.
    L'installation de Gazprom directement dans le talon d'achile canadien me réjouit. La région de Québec est une de ces régions qui change de vote. Elle décide du gouvernement. Libéral, Péquiste, majoritaire, minoritaire. Gazprom média pourrait s'y installer facilement et influencer l'avenir politique du Québec. Surtout si Gazprom développait une industrie secondaire des monomères et polymères à Lévis.
    S'installer dans une région où un mouvement sécessioniste opère, pour Gazprom, est une opportunité. Les Russes l'ont fait avec l'Ossétie et l'Abkhazie. Ils pourraient bien récidiver avec le Québec, si le Canada devenait pas fin avec eux.
    Dans l'histoire, le Québec a toujours progressé lorsqu'une puissance étrangère s'y intéressait. On a qu'à penser à l'acte de 1774, le vive le Québec libre. Dmitry Medvedev à Beaumont en 2014 ? Pourquoi pas ...

  • Fernand Couturier Répondre

    21 mai 2008

    Oui, journée de deuil. Mais journée qui devrait ramener à l'avant-scène tous les opposants à Rabaska.
    La semaine dernière, je suis allé, en compagnie de ma conjointe, passer une journée dans les environs de Ste-Pétronille. Le temps était beau et la nature éclatait de vitalité et de splendeur. Dans quelques rues de la ville on pouvait encore voir des panneaux affichant le slogan: "Pour l'environnement. Non Rabaska." Nos promenades nous ont offert l'occasion de parler avec quelques personnes. Les conversations revenaient vite au sujet "Rabaska". Ayant flairé que j'avais écrit quelque texte à ce propos, certaines personnes m'ont dit qu'elles regrettaient de ne pouvoir manier la plume, mais que c'était un devoir de se manifester pour ceux qui en avaient la possibilité. Alors allez-y, tous ceux qui ont le calame un peu agile et aiguisé.
    Oui, il faut continuer de relever les à-peu-près et les court-circuitages dont sont grevées les analyses environnementales et les prises de positions gouvernementales dans ce dossier. On en a fait état abondamment l'an dernier.
    Et peut-être pourrait-on ajouter maintenant comme argument la découverte d'une quantité appréciable de gaz naturel exploitable dans un avenir prochain dans le sous-sol de la région de Bécancour. On prônait la nécessité de Rabaska pour combler à moyenne échéance les besoins du Québec. Maintenant cela ne tiendrait plus. Il reste à savoir si les Québécois veulent vraiment que leur fleuve et leur territoire servent de tremplin à Gazprom pour s'introduire dans le marché de toute l'Amérique du nord.
    Quant à moi, c'est NON.
    Non à un gouvernement, le nôtre, qui n'en a cure de la protection de notre patrimoine environnemental. Dévisager la beauté immense de ce coin de pays par les horreurs d'un port méthanier et ses installations côtières n'est rien moins qu'une cruauté et une profanation innommables.
    Fernand Couturier

  • Archives de Vigile Répondre

    21 mai 2008

    C'est vraiment triste et dégradant, vous avez parfaitement raison. Comme je l'ai dit dans un de mes textes dans Vigile, c'est de la ploutocratie, la gouvernance par les riches. C'est une farce de démocratie. Au risque de me répéter, Jean Charest est notre fossoyeur national. Rien de bon ne peut sortir de ce personnage pour le Québec. Qu'est-ce que ça prend pour réveiller la population? À mon avis, c'est pourtant évident. L'illustration de ça est tout le détournement de l'Histoire au profit d'Ottawa, son véritable patron. C'est révoltant!!! Une fête qui aurait pu être extraordinaire reléguée au rang de basse propagande fédéraliste par notre propre premier ministre. C'est aberrant!!!
    Ivan Parent