Sylvain Larocque - Les promoteurs du projet de terminal méthanier Rabaska, à Lévis, ont "sous-estimé" la difficulté de trouver une source d'approvisionnement en gaz naturel liquéfié (GNL), a admis mercredi la présidente et chef de la direction de Gaz Métro (TSX:GZM.UN), Sophie Brochu.
En marge de l'assemblée annuelle des associés de la société en commandite, Mme Brochu a fait remarquer que la demande mondiale de GNL avait explosé ces dernières années, plusieurs pays souhaitant diversifier leurs sources d'énergie et ainsi devenir moins dépendants du pétrole.
Comme Rabaska _ une coentreprise dont les partenaires sont Gaz Métro, Gaz de France et Enbridge (TSX:ENB) _ ne pouvait commencer à négocier sérieusement avec des fournisseurs potentiels avant que les autorités n'avalisent la construction du port méthanier, d'autres pays ont, entre-temps, mis la main sur d'importants volumes de GNL, a soutenu la pdg. Québec a donné le feu vert à Rabaska en octobre.
Les pourparlers ne sont pas simples: on parle d'un approvisionnement d'une durée de 15 à 20 ans qui doit débuter d'ici trois ou quatre ans. Or, pour répondre à la demande d'un client comme Rabaska, un fournisseur doit lui-même investir des milliards de dollars dans ses propres installations, a relevé Sophie Brochu.
Rabaska négocie actuellement avec le géant russe Gazprom, avec un fournisseur algérien et avec des sociétés d'autres pays.
Dans les circonstances, la date prévue d'entrée en service pour Rabaska, soit 2010 ou 2011, apparaît de moins en moins réaliste, a reconnu la dirigeante.
"C'est certain qu'on ne commencera pas à construire tant qu'on n'aura pas d'approvisionnement gazier", a-t-elle convenu.
Le projet concurrent de Rabaska au Québec, celui de Gros-Cacouna, a invoqué les difficultés d'approvisionnement en GNL pour annoncer, en septembre, un report de deux ans de sa date d'entrée en service.
Certains spécialistes estiment que Gros-Cacouna pourrait avoir une longueur d'avance sur Rabaska du fait qu'il a proposé à Gazprom une participation dans cette coentreprise de Petro-Canada (TSX:PCA) et de TransCanada (TSX:TRP).
À cela, Mme Brochu a rétorqué mercredi que Rabaska était aussi prêt à faire entrer un éventuel fournisseur dans son capital-actions.
La pdg de Gaz Métro continue de croire qu'à court terme, un seul des deux projets pourra voir le jour. Elle estime néanmoins que la concurrence des deux pourrait convaincre les fournisseurs de gaz du sérieux du Québec pour la construction de terminaux méthaniers.
"Aujourd'hui, ce n'est pas Cacouna contre Rabaska, c'est le Québec contre le reste de la planète pour attirer du GNL sur son territoire", a affirmé Sophie Brochu.
Jusqu'ici, Rabaska a dépensé plus de 45 millions $ pour le projet. Gaz Métro a assumé le tiers de cette somme.
Résultats
Gaz Métro a par ailleurs annoncé, mercredi, avoir enregistré un bénéfice net de 69,6 millions $ (58 cents par part) au premier trimestre, en baisse de 2,2 millions $ (3,1 pour cent) par rapport aux 71,8 millions $ (60 cents par part) dégagés un an plus tôt.
Cette diminution des profits est attribuable, entre autres, à un décalage au niveau de la constatation des bénéfices générés par l'activité de distribution de gaz naturel au Québec et au Vermont, lequel devrait se résorber au cours des prochains trimestres, a expliqué la société dans un communiqué.
Pour la période terminée le 31 décembre, le chiffre d'affaires s'est établi à 617,8 millions $, en hausse de 15,7 pour cent par rapport au montant de 534 millions $ inscrit il y a un an.
Cette augmentation découle de la hausse des revenus générés par l'activité de distribution au Québec et par la consolidation des ventes de Green Mountain Power, une société électrique du Vermont acquise en avril 2007.
Malgré ces résultats mitigés, Sophie Brochu a assuré que les perspectives de Gaz Métro demeuraient reluisantes.
En 2007, l'entreprise a branché 7000 nouveaux clients. "Maintenant, ce sont les promoteurs immobiliers qui viennent nous voir, et non l'inverse", a souligné Mme Brochu.
Au cours des prochaines années, Gaz Métro entend tirer profit d'un plan récemment annoncé par Québec pour récupérer, de façon permanente, "une bonne partie" des clients industriels qui l'avaient quitté au profit du mazout lourd en 2001, alors que les prix du gaz naturel avaient bondi.
La société ne craint pas un exode de sa clientèle du fait qu'elle inscrit sur chaque facture, depuis le 1er janvier, une portion de la redevance de 38 millions $ que Québec lui a imposée pour financer son Fonds vert. Pour un client résidentiel moyen, le débours sera d'environ 15 $ par année.
En 2008, en anticipation de la disparition des avantages fiscaux consentis aux fiducies de revenus et aux sociétés en commandite, Gaz Métro devra juger de l'opportunité de se convertir en société par actions, a d'autre part confirmé la pdg.
À la Bourse de Toronto, le titre de Gaz Métro a reculé de 1,2 pour cent pour clôturer à 15,50 $.
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