Encore maintenant, dans les villages ou les quartiers des villes, diverses informations peuvent surgir sans qu’on puisse témoigner de leur véracité ou qu’on se soucie de leur véritable fondement. Au mieux, ce sont des ouï-dire, des « nouvelles » qui se répandent dans ces univers de proximité. Ces rumeurs servent même, à l’occasion, à tisser des liens entre villageois ou résidants des quartiers. De tels échos peuvent aussi naître du souci de ternir la réputation d’autrui. L’histoire est jalonnée de personnes devenues boucs émissaires ou accusées de sorcellerie à la suite de cancans répandus dans leur environnement de plus ou moins grande proximité.
Aujourd’hui toutefois, des moyens technologiques de plus en plus sophistiqués permettent de diffuser des informations de tous ordres à l’échelle planétaire avec un minimum de discrimination. La Terre entière carbure désormais aux « médias sociaux ». Une terminologie qui traduit bien le « manger mou » de l’information qui s’est installé au Nord comme au Sud.
Outil d’endormissement
Le fait divers, le divertissement sont diffusés avec autant, sinon davantage d’intensité que l’information substantielle sur des questions de fond. Chaque citoyen peut avoir son moment de gloire instantanée comme créateur ou diffuseur de la « nouvelle », surtout lorsque les chaînes de radio et de télévision prennent le relais de son message.
Ce que nous considérons maintenant comme le nec plus ultra de la communication, grâce au développement d’une technologie de plus en plus performante, devient petit à petit un outil d’endormissement du jugement, voire d’aliénation, qui annule souvent la transmission d’informations pertinentes, voire cruciales, sur un événement précis. Et ce ne sont malheureusement pas les échanges générés par un cercle relativement restreint de personnes documentées sur les ondes Twitter ou Facebook qui vont contrecarrer cette tendance de fond.
Le problème ne vient pas du commérage ; un comportement et un phénomène qui remontent sans doute au début de l’humanité. Il tient plutôt premièrement à la vitesse et à l’ampleur des « informations » diffusées et ensuite aux connaissances, de plus en plus limitées, d’une proportion croissante de citoyens ainsi branchés aux « médias sociaux ». Autrement dit, l’effet conjugué de ces deux facteurs multiplie les possibilités de dérapages et les divers raccourcis générés par les rumeurs.
L’éphémère plutôt que l’analyse
La prolifération d’« amis » sur les réseaux Internet atteste d’abord paradoxalement la solitude et l’isolement dans nos sociétés. Par ailleurs, les réponses au quart de tour aux messages de regroupements spontanés pour divers types de manifestations témoignent du désir d’être partie prenante de l’événement, de l’éphémère, plutôt que d’une analyse fondée sur les enjeux de ces rassemblements.
Se développe alors, insidieusement, une perméabilité de plus en plus marquée aux influences et aux manipulations d’une minorité qui, elle, a bien saisi la puissance de la technologie et la vulnérabilité de la majorité de ses utilisateurs.
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Serge Genest - Québec
Réseaux sociaux
Rumeur planétaire : l’effet Twitter
Se développe alors, insidieusement, une perméabilité de plus en plus marquée aux influences et aux manipulations d’une minorité qui, elle, a bien saisi la puissance de la technologie et la vulnérabilité de la majorité de ses utilisateurs.
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