Dans le numéro de dde.crisis du 10 juin 2012 (voir Ouverture libre [puis Notre Situation] de ce 18 juin 2012, pour quelques indications pratiques), nous abordons à nouveau la question, pour nous fondamentale, du rôle de la psychologie humaine dans la crise, – et précisément de la psychologie de nos directions politiques et de nos “élites” en général, en tant que telles, en tant qu’entité spécifique. (Nous parlons d'une façon générale des directions politiques et élites du bloc BAO, exécutants et moteur du Système.) Nous sommes conduits en effet à considérer ces directions politiques et ces élites, dans ce domaine de la psychologie, spécifiquement et collectivement comme une sorte d’entité. Cela revient à considérer qu’il existe une psychologie spécifique caractérisant ces directions politiques et ces élites, différente de la psychologie des populations et des forces intellectuelles hors-Système et anti-Système.
A partir de cette méthodologie, il s’agit de tenter de comprendre et d’expliquer le comportement et les conceptions politiques extraordinaires des directions politiques et des élites du bloc américanistes-occidentalistes (bloc BAO) dans les affaires du monde, dans leurs conceptions générales et dans l’opérationnalité de ces politiques, avec le résultat qu’on voit d’une aide puissante apportée à l’entretien et à l’accélération de la crise générale du Système, à la crise haute, c’est-à-dire finalement et paradoxalement à l’effondrement du Système lui-même (selon le cycle dynamique surpuissance-autodestruction). Ce comportement et ces conceptions politiques sont en effet si extraordinaires que les explications habituelles sont totalement impuissantes à en rendre compte, – à cet égard, l’arme du refus de spéculer, l’arme de l’inconnaissance, est essentielle et vitale pour le jugement.
La terrorisation de leurs psychologies
Nous avons étudié l’aspect spécifique envisagé ici, notamment et pour ce qui est le plus récent, dans deux textes F&C mis en ligne sur le site dedefensa.org, le 16 avril 2012 et le 11 juin 2012. Cet aspect de la question de la psychologie (des élites) dans la crise se résume par l’idée de la “terrorisation” de cette psychologie (du terme anglais terrorisation, que nous adoptons et adaptons en français).
Le constat de départ est abrupt ; il doit être nécessairement abrupt pour rendre compte de la violence du phénomène (le constat de la violence de ce phénomène que nous étudions domine sans aucun doute notre démarche) :
«Il est devenu évident que le monde central de notre contre-civilisation, ce que nous nommons le bloc américaniste-occidentaliste (ou “bloc BAO”) n’a plus aucune direction politique. Nous parlons d’une “direction politique” contrôlée, évaluée rationnellement, mesurée dans ses effets ; de ce côté, plus rien, sinon un déferlement de désordre et une perception hallucinée... L’emportement se situe essentiellement au niveau de la psychologie, selon une dynamique qui interdit toute perception critique de soi, par conséquent toute réalisation critique de cet état d’emportement. Cette crise générale se distingue d’une façon intuitive et instinctive à la fois, sinon anatomique, sur quelques visages, notamment sur le visage régulièrement halluciné d’Hillary Clinton, qui semble être l’une des plus sensibles, psychologiquement, à ce phénomène que nous décrivons.»
La psychologie de nos élites comme entité
Nous considérons ce phénomène comme étant collectif jusqu’à constituer une entité (et nullement un groupe d’intérêt ou une caste, par exemple) ; c’est-à-dire quelque chose dont la formation, l’influence et l’entretien dépendent de forces “supra-humaines”, à laquelle chaque individu pénétrant cette entité et y faisant de facto allégeance, est nécessairement soumis par sa propre psychologie, c’est-à-dire sans conscience de la chose ; ce n’est pas une initiation, même de qualité très basse, c’est un emprisonnement sous l’action de ces forces “supra-humaines”. (Nous entendons par l’expression “supra-humaines” des forces, selon la définition, “qui sont au-delà de l'homme” et “de son observation, de sa compréhension” selon les démarches soi disant rationnelles habituelles ; nous ne mettons a priori dans cette définition aucune notion de valeur, cela étant défini de telle ou telle façon, plus loin dans le cours de l’observation.)
Par conséquent, nous faisons appel, pour la compréhension et l’explication du phénomène, au domaine métaphysique, comme nous l’indiquons clairement en fin de rubrique dans cette livraison de dde.crisis. Cette démarche ressort du problème général que nous jugeons être, de façon catégorique, le problème essentiel, sinon exclusif, affectant la marche de ce Temps de Chute, qui est le problème du Mal. Selon cette approche générale, dont nous nous expliquons précisément du point de vue de l’opérationnalité à la fin de notre analyse, nous considérons que le phénomène considéré est effectivement de nature “supra-humaine”, selon la puissance d’une force extérieure s’exerçant sur cette psychologie des élites, dans un sens qui favorise la dynamique de ce que nous nommons le Système.
«[…N]i le résultat d’une cabale, ni celui d’un complot humain, ni l’illustration d’une manœuvre certes gigantesque mais humaine. Il n’y a pas de dessein caché, organisé, formidable mais humain d’une “classe” contre les autres, des 1% contre les 99% et ainsi de suite, mais un évènement supra-humain catastrophique, – même s’il vient d’un domaine d’une bassesse hors de la conception humaine et qui doit s’identifier au Mal lui-même. Mais nous disons “supra-humain”, dans le sens de l’écrasement de nous, simplement parce qu’il importe que s’accomplisse cette catastrophe de l’effondrement de ce monde avant d’envisager autre chose... Effectivement, cette sortie collective des dirigeants politiques d’eux-mêmes, cet effondrement de leur psychologie, est un évènement eschatologique.»
Corrélation avec la “maniaco-dépression”
Cette approche que nous développons doit être considérée comme complémentaire d’une étude précédente sur “la maniaco-dépression du monde” (voir le texte du 19 janvier 2012, correspondant au dde.crisis du 10 janvier 2012). Dans ce cas, la terrorisation de l’entité psychologique de nos élites est la cause tandis que la maniaco-dépression en est la conséquence pathologique pour cette psychologie. Nous rappelons cela, notamment à l’aide de références historiques touchant le cas américaniste qui est le cœur et le nœud central du phénomène.
«Nous nous attachons à décrire une dynamique qui viendra comme complément de la description, du diagnostic de leur pathologie, de la pathologie de leur psychologie (voir dde.crisis du 10 février 2012, sur la “maniaco-dépression”). […] Dès l’origine, cette généalogie de l’entité américaniste a pesé de tout son poids sur les psychologies. C’est un point bien connu que le psychiatre (le Dr. Beard) qui a identifié la névrose, en 1879, la définit comme une maladie de la modernité et, plus spécifiquement, comme “le mal américain”. On peut parler d’une pathologie collective, due à une situation politique générale, touchant chacun d’une façon spécifique mais selon des règles générales similaires. L’“énervement” américaniste, se traduisant par son besoin de mouvement, de progression, de “fuite en avant”, est l’apparence qu’on a voulue dépeindre comme brillante de cette pathologie, qui dissimule mal un pessimisme profond, un véritable désespoir, celui de l’enfermement de la psychologie, de son enchaînement (!) au déchaînement de la Matière et, par conséquent, de sa proximité du Mal. Dans ce tableau, les “élites”, ou directions politiques en général, privilégiées du Système, furent et sont les plus touchées par cette pathologie. (Voir leur “maniaco-dépression”.)»
Nécessité métaphysique du complot 9/11
Nous voulons toujours placer ces questions dont l’essentialité est de type métahistorique et métaphysique, nécessairement dans le contexte historique où on les voit d’abord surgir. Le lien entre les évènements temporels et les forces supra-humaines doit absolument être établi et constamment maintenu. Cela répond à notre conviction que nous ne pouvons séparer les évènements temporels de ces domaines qui les dominent du dessus, et précisément dans un temps qui ne peut être compris que s’il est considéré comme caractérisé par l’intervention directe de la métahistoire. Pour le cas qui nous occupe, qui est la terrorisation des psychologies de nos élites jusqu’à leur constitution en une entité psychologie distincte, l’attaque 9/11 est un événement parfaitement compréhensible et parfaitement à sa place et à son heure. Il est complètement explicite, et explicité dans l’apparence de ses effets par les “victimes” elles-mêmes puisque présenté comme étant un “acte de Terreur”, – encore plus qu’un acte du terrorisme ou des terroristes…
Le caractère le plus remarquable de 9/11 est qu’il accomplit (ou achève) d’une façon parfaite la transmutation en une entité psychologique de nos élites, par leur terrorisation. Il le fait, si l’on accepte la thèse du complot, avec l’aide des “victimes” elles-mêmes… Nous pourrions même avancer l’hypothèse que, dans notre conception, cet argument deviendrait péremptoire, du point de vue métahistorique et métaphysique que nous adoptons (sans nous intéresser aux modalités historiques) : la terrorisation des psychologies des élites n’est pas un acte d’investissement par surprise, mais l’étape finale de leur emprisonnement, de psychologies qui étaient d’ores et déjà investies depuis un temps assez long par la proximité de la Matière, et par l’influence du Système (voir le phénomène du “persiflage” au XVIIIème siècle). En quelque sorte, ces psychologies auraient comploté elles-mêmes pour achever l’investissement d’elles-mêmes (leur pathologie eschatologique) par le Système, par le Mal, grâce à la terrorisation imposée par 9/11 ; on peut alors évidemment comprendre que l’hypothèse (historique) des thèses diverses de complot a toute sa place, et qu'elle ait fait l'objet de tant d'attention et de tant d'intérêt...
«…Si l’on va à l’extrême et que l’on adopte la thèse du complot intérieur (“inside job”), dont on peut admettre sans trop de difficultés qu’elle est au moins en partie fondée, on trouve par conséquent des gens qui s’affirment en toute conscience ouverts aux dangers les plus terribles, les organisant même, tout ou en partie, et finalement étant les premiers à succomber dans leurs psychologies au choc de ce danger réalisé, organisé tout ou en partie par eux-mêmes... Comment est-il possible qu’on organise un choc terrible, soi-disant pour les autres, et qu’on soit le premier à y succomber, et même le seul par rapport aux autres, comme s’il était vrai ? Pourtant, cette analyse est fondée, selon nous.
»Notre thèse soutenant l’hypothèse pour la confirmer est, bien entendu, que la pathologie précède le choc qui l’a prétendument causée…»
Le besoin de paroxysme pour dissimuler la démence
Ce point de vue doit être explicité historiquement pour bien comprendre la nécessité de la terrorisation des psychologies. Le cas se concentre sur l’ensemble américaniste (plutôt que “pays” et encore moins que “nation”), qui fut créé, comme moyen de sa propre cohésion puisque l’assise historique régalienne de la tradition lui faisait entièrement défaut, à partir de la pression constante de la communication, par quoi s’exerce l’influence sur les psychologies. L’histoire des USA, en général et particulièrement au XXème siècle, est une suite de paroxysmes imposés aux psychologies (toujours privées de leur assise régalienne de la tradition et de plus en plus menacées par ce vide). Le point auquel nous nous attachons, après la Guerre froide, à la fin du XXème siècle et au début du XXIème, montre ces psychologies conduites à un point culminant où le Système exigeait et leur réclamait un ultime effort qui risquait d’entraîner la démence. La terrorisation fut effectivement le moyen de sembler empêcher, et, en vérité plus profondément, de dissimuler cette démence.
«De ce point de vue, ce qui s’est passé depuis 1989-91, avec “le besoin de Pearl Harbor” culminant une première fois le 11 septembre 2001, puis allant de paroxysme en paroxysme jusqu’à l’entraînement paroxystique de la Chute, s’avère après tout comme parfaitement “normal”. Après les tensions également paroxystiques de la Grande Dépression, de la Deuxième Guerre Mondiale et de la Guerre froide, seule une plus grande tension était envisageable pour éviter l’effondrement psychologique. Mais cette fois, cette “chute en avant” se ferait dans une histoire événementielle fabriquée, puisque l’Histoire selon l’américanisme était à sa fin (“la fin de l’Histoire” de Fukuyama). La terreur s’était installée dans leur psychologie, causée par la menace de la démence. Cette terreur fut substantivée pour dissimuler qu’elle était bien cette démence.»
De même, les psychologies étaient-elles, de leur côté, conduites à ces nécessités de “paroxysme des paroxysmes”, où l’on se trouve proche de la démence sinon installé en elle, où la seule issue d’en éviter la manifestation trop voyante est effectivement d’accepter la terrorisation. Ainsi les psychologies appelaient-elles de leurs vœux pressants quelque chose de cathartique, une sorte de “Pearl Harbor postmoderne”… Tout s’enchaîne.
«Ainsi comprend-on que ce que nous décrivons n’a rien à voir avec une machination humaine, et tout avec des forces supérieures pesant sur les psychologies, jusqu’à leur terrorisation. Dans ce cadre écrasant, dont nul n’avait conscience mais qui pesait sur tous, l’attente d’un évènement cathartique était presque naturelle. Aucune résistance ne pouvait être envisagée, même s’il y avait eu pleine conscience de la pente ainsi entamée, car cette perspective de la terreur générale n’était en fait rien de moins que la sauvegarde puisque l’alternative psychologique dégagée de la fin de la Guerre froide était bien entre la terreur et la démence, – même si, au fond, la terreur appliquée à la psychologie n’était pas autre chose qu’une forme virtualiste de la démence.»
9/11 était donc écrit…
Ces diverses approches nous conduisent à considérer l’attaque 9/11 sous un jour extrêmement spécifique et particulier. Il y a, dans l’atmosphère qu’on décrit, comme “un besoin de 9/11”, voire “une nécessité de 9/11” dans le domaine de la psychologie. Outre les facteurs psychologiques que l’on a mentionnés, qui sont extrêmement puissants, nous déterminons une dimension métaphysique spécifique, ou plutôt une tentative métaphysique du Système lui-même de faire figurer l’événement 9/11 dans un domaine hors de la sphère humaine, pour orienter celle-ci conformément à l’impulsion du “déchaînement de la Matière”, sous sa forme de ce que nous nommons justement “Système”. C’est une interprétation que nous empruntons à notre Grâce de l’Histoire…
«…Dans notre livre La grâce de l’Histoire, nous interprétons l’attaque de 9/11 comme une tentative d’établissement d’une “métaphysique de la force”, comme l’avait été la bataille de Verdun selon notre interprétation un peu moins d’un siècle plus tôt, ceci et cela dans la filiation de la source du “déchaînement de la Matière” de 1776-1825. Il y a, dans cette tentative, selon cette interprétation, effectivement un élément puissant de terreur, qui ne tient pas à l’acte du soi-disant terrorisme, mais à la terreur portée par une tentative si évidente de la force née de la Matière, cherchant à accomplir, par ce moyen de la contrainte et de la coercition, l’usurpation suprême qu’est cette effraction du domaine de la métaphysique.
»Les serviteurs du Système, dits les directions politiques, furent donc terrorisés, mais dans le sens où ils furent confirmés dans leur psychologie terrorisée. La profondeur du choc se mesure, à cet égard, bien évidemment, bien plus par la signification métaphysique de l’évènement, – la tentative d’usurpation de la métaphysique que ces serviteurs du Système accueillirent inconsciemment comme un investissement effectif de la métaphysique par le déchaînement de la Matière. […] Tous, dans les directions politiques, furent terrorisés, ou confirmés radicalement dans leur terrorisation, par le terrorisme de la Matière et nullement par le terrorisme humain…»
En quelque sorte, cela revient à comparer 9/11 à une sorte de Messie, avec une résonnance spirituelle extrême, comme s’il s’agissait d’établir une sorte de religion complètement nouvelle pour des temps également complètement nouveaux. La psychologie de nos dirigeants “terrorisée” se précipita dans cette “ouverture” messianique, qui semblait ainsi imposer, “du haut” (de la métaphysique) considéré selon une approche totalement inverti, à la fois une vision de rupture de tout ce qui avait précédé, et une vision d’accomplissement de la Fin des Temps. «C’est cette psychologie qui a conduit ce que l’on a du mal à nommer une “politique“, — mais à défaut d’autres mots, puisqu’il ne s’agit ni de croisade ni de conquête, mais d’une course devenant une chute dans l’effondrement vers le néant entropique... C’est cette psychologie qui nous conduit aujourd’hui vers la proximité de la rupture, de la nécessaire mise à jour de l’imposture, de l’emprisonnement, de l’insurrection... »
L’effondrement de 2008 comme un triomphe et une bénédiction
Dans cette schématisation d’une réinterprétation radicale des évènements dans leurs cours tumultueux et fous depuis 9/11, la crise de 2008 (9/15, commençant le 15 septembre 2008 avec la faillite de Lehman Brothers) n’est pas du tout une catastrophe. Pour ces psychologies des directions politiques et des élites spécifiques du bloc BAO sous l’empire de la terrorisation, 2008 est au contraire une confirmation de la nouvelle dimension métaphysique dont 9/11 fut le choc fondateur. 2008 comme «triomphe de cette politique» née avec 9/11…
«[…U]ne appréciation finalement logique. Ce qui parle au travers des psychologies terrorisées de cette catégorie de sapiens entièrement soumise au Système, c’est le Système lui-même ; comme le Système est passé d’une dynamique de surpuissance à une dynamique d’autodestruction, il est complètement logique que le catastrophique effondrement de 2008 soit en vérité perçu, à peine inconsciemment, comme un triomphe puisqu’il s’agirait effectivement d’un triomphe sur la voie de l’autodestruction.»
La dynamique centrale de cette époque, dynamique de cette métaphysique-Système qui est une métaphysique faussaire parfaitement invertie, est caractérisée par la violence. Bien entendu, cette violence du Système est précisément la dynamique d’entretien et de renforcement de la terrorisation des psychologies.
Cette violence s’est parfaitement exprimée dans les évènements 9/11 (2001) et 9/15 (2008), et l’on comprend que seul le niveau de violence de ces évènements importe, et nullement leur sens ou leur signification. Ces évènements agissent alors comme de formidables incitatifs à poursuivre pour ces psychologies terrorisées, dans un contexte où la terrorisation est alors vécue comme une bénédiction, presque au sens religieux du terme. (On est loin de réduire, comme on le fit, notre époque à un homme [Bush] et à une clique [neocons]. Dépassé et dérisoire, tout cela ; c’est l’ensemble qui est emporté…)
«Dans ce cas où l’orientation des choses n’est pas en question puisque réglée par avance, les évènements n’ont qu’une piètre importance pour ce qui est de leur sens ; seule compte leur violence, qui agit directement sur la psychologie. Ainsi, la crise de 2008, qui apparaît au jugement équilibré comme une sorte de contre-9/11 mettant en question tout ce qui a été fait depuis 9/11, mettant fondamentalement en cause le Système tel que 9/11 l’a révélé, la crise de 2008 agit au contraire comme un accélérateur, comme un multiplicateur de 9/11. Si l’on veut, c’est la signification métaphysique-usurpée qui est prise en compte par la psychologie terrorisée, comme si cette psychologie demandait ainsi une sorte de supplément de la même potion, de la même “drogue métaphysique”...
»Ainsi ces psychologies terrorisées le furent-elles plus encore par la crise de 2008 et ce qui s’ensuivit, comme par une nouvelle agression type-9/11, – mais l’on devrait dire plutôt : une nouvelle impulsion type-9/11. Ce qui importe est la violence de la chose, permettant de renouveler la terreur et sa pression sur la psychologie des dirigeants-Système…»
Les élites contre la populace
Mais nous parlons de cette entité psychologique, – nos directions politiques et nos élites. Cette entité a de moins en moins en commun, – sans doute comme jamais dans l’Histoire entre une élite et la population dont elle est censée être la représentation haute et la pédagogue à la fois, – avec l’ensemble humain hors-Système ou antiSystème, tout ce qui n’est pas psychologiquement sous l’empire direct, actif, dynamique du Système. 9/15 en 2008 a une extrême importance en ce sens que l’événement fut immédiatement perçu par le public, l’opinion publique, et bien entendu par les diverses forces antiSystème, pour ce qu’il était : un “contre-9/11”, une démonstration du caractère catastrophique du Système.
Pour l’entité psychologique-Système de la direction et des élites, le renversement fut complet, – ou, plutôt, achevé complètement et brutalement puisque tout ce qui n’était pas sous l’empire complet du Système était nécessairement suspect sinon ennemi. 9/15 activa avec une violence inouï ce basculement : pour les psychologies terrorisées, l’ennemi passa complètement de l’extérieur à l’intérieur. C’est la “populace”. («Il est facile de jouer sur le mot “populace”, qui a un caractère péjoratif en français (“bas peuple”, “commun”), qu’il perd lorsqu’il est utilisé en anglais (populace). Ainsi avons-nous résumé, d’une façon sémantique et symbolique, ce changement qui s’est effectué à partir de 2008 et qui, d’une certaine façon, a mis les choses au point...»)
D’une certaine façon, il s’agit du terme du cycle interne à ce processus de terrorisation, en conduisant cette terrorisation des territoires exotiques (extérieur) au fondement même, au territoire intime (intérieur) de la bataille du Système, de la dynamique du “déchaînement de la Matière”. L’enjeu suprême…
«En un sens, un tel tournant, qui prit quelques années à se concrétiser autant qu’à être réalisé en tant que tel, respecte la plus parfaite des logiques. On a vu que la terrorisation de la psychologie n’est jamais venue de l’extérieur du Système, qui fut au contraire utilisé comme exutoire pour la “fuite en avant” à laquelle cède constamment cette psychologie, pour ne pas succomber. On sait que cette terrorisation vient, au contraire, du cœur même du Système, de sa source brûlante et explosive que constitue l’épisode du “déchaînement de la Matière” qui sert de pivot à notre analyse historique, métahistorique et métaphysique à la fois ; c’est-à-dire, rien de moins que l’investissement de la psychologie par la soudaine et décisive proximité du Mal...
»De ce point de vue, ce basculement répond à une logique circulaire, qui boucle sa boucle, qui achève un cycle. Ce qui est né au cœur de soi-même doit revenir dans ce cœur, et se régler effectivement un cœur de soi-même. La terrorisation des psychologies des serviteurs du Système, née de l’investissement d’elles-mêmes par le Système (le déchaînement de la Matière), pesant prioritairement sur le territoire où ce phénomène se manifesta, revient en une boucle décisive confronter les réactions terribles qui éclatent sur ce territoire-là.»
La Terreur appliquée à la populace
C’est de cette façon, par cette perception qu’on doit qualifier d’“hallucinée” de ces psychologies terrorisées de nos élites, que s’est développé, depuis 2008-2009, d’ailleurs avec l’anecdote charmante du point de vue objectif de l’arrivée glorieuse au pouvoir, à Washington, du premier président Africain-Américain de l’histoire chaotique du “déchaînement de la Matière”, c’est dans cette occurrence disions-nous que s’est développée une politique structurelle de Terreur policière contre la populace. Se tournant effectivement vers l’intérieur de lui-même, le Système s’équipe “légalement” et législativement d’un appareil qui n’a rien à envier aux dictatures qui sont l’objet de sa dose quotidienne (au Système) de nausée moralisante. (Le Système vomit sa morale terroriste en anathèmes démocratiques et “antifascistes”, exactement comme l’on dégueule. C’est organique, rayon purge obligatoire et quotidienne, recommandée par l’avisé “parti des salonards”.)
Ce développement policier structurel n’est pas la solution bien entendu, c’est le problème. Il s’agit de la transformation, dans le sens de la violence législative extrême avec son application policière, abus compris, de la dictature démocratique consentante en une dictature démocratique contraignante. La nausée prend de drôle de couleurs, à force d’être tordue de contradictions. C’est un pas de clerc, dans le sens d’“une faute commise par ignorance ou par imprudence”, – ou par pure panique de la démence… – et un pas de clerc de trop.
«Ces moyens sont particulièrement impressionnants aux USA, où ils concernent les arrestations et inculpations arbitraires, les détentions sans aucune disposition légale de défense, les internements administratifs criminels, etc. Cette politique, qui exprime une tendance hypomaniaque renforcée par la terrorisation des psychologies des directions, a engendré une réaction dynamique dans une population touchée par la dépression de la crise économique rendant effectif un retour au réel après des années de fiction du danger terroriste. En un mot, le terrorisme, organisé par les directions politiques, qui tenait la population sous son empire, est devenu le caractère de cette population, vis-à-vis de ses directions politiques. Le résultat objectif est que la Terreur comme caractère majeur de la situation générale de crise du Système s’est complètement renversée, se retournant contre le Système alors qu’elle constituait l’instrument de prédilection de la pression du Système sur les psychologies.
»Au rapport, artificiel mais puissant, établi avec 9/11, établissant un lien de solidarité forcé entre les élites et les populations par le biais de la Terreur, s’est substitué un rapport d’antagonisme entre ces élites et cette population, caractérisé par la “Terreur à front renversé”. Aujourd’hui, les directions politiques sont en passe d’être perçues, d’une façon inconsciente mais puissante par les psychologies des populations, comme produisant une dynamique terroriste antagoniste. Le paradoxe est que cela émane de psychologies (celles des élites) également perçues comme affaiblies par leur propre terrorisation, et ainsi délégitimée. Nous sommes au point de rupture de cette relation.»
Le Diable en ricane déjà
Nous terminons par une approche directe du point de vue qui a baigné l’ensemble de l’analyse, qui est “la métaphysique de leur Terreur”. Plus que jamais, notre intérêt fondamental porte sur le phénomène du Mal et son influence sur le destin de notre contre-civilisation dans sa manifeste trajectoire de Chute. Plus que jamais, nous réaffirmons notre conception du Mal, dont l’homme est étranger par sa substance, mais dont il subit l’influence par la proximité que ses faiblesses diverses lui ménagent… (Voir essentiellement, à ce propos, le 10 septembre 2010, et le dde.crisis du même 10 septembre 2010.)
«Notre appréciation est que la terrorisation des psychologies des élites, soumise à une pression d’une puissance infiniment supérieure à ce qui est précédé, notamment avec l’épisode du “persiflage” déjà rappelé, n’oppose aucune résistance à son investissement par le Mal, ou l’expression du “déchaînement de la Matière” dans le Système… […] » Le résultat est que cette terrorisation ouvre une fissure fondamentale, décisive, dans des psychologies déjà épuisées par les pressions du Système ; des fissures telles qu’il s’agirait de fractures, qui rendent les psychologies totalement investies par le Système et par le Mal dont il est à la fois le véhicule et le moteur de déplacement. Cette intrusion dans les psychologies (et nullement dans l’esprit) a déjà fait ses preuves, au XVIIIème siècle, avec le phénomène du “persiflage” (voir dde.crisis du 10 juillet 2010). Cette fois, plus rien n’est dissimulé...»
L’efficacité de l’attaque est totale. Les psychologies terrorisées se soumettent absolument, et les pensées qui se nourrissent à ces psychologies produisent des jugements à mesure, exactement comme l’organisme produit ses excréments, qui sont l’exacte inversion de toute pensée haute, qui induisent une haine fondamentale contre toute ouverture à l’intuition haute, qu’elle soit même partielle.
«L’originalité du processus est la forme de l’attaque, qui est la terrorisation, qui est une sorte d’attaque directe, furieuse, qui ne se cache plus, contre la psychologie. La terrorisation, par définition, terrorise et interdit toute réaction de défense et de contestation, jusqu’à complètement infecter la perception et l’appréciation de la vérité du monde. On peut également observer à cette occasion que le Mal engendré par le “déchaînement de la Matière” rencontre l’expression absolue de son “idéal de la puissance” sous la forme de la politique de destruction pratiquée à visage découvert depuis 2001, soi disant pour lutter contre le terrorisme... L’ironie est terrible et sublime. Il n’y a rien de plus puissant qui se puisse concevoir, dans le chef du Système qui représente la Mal, pour terroriser par la force les psychologies de ses serviteurs des directions politiques et faire de ses serviteurs autant de relais de sa propre action de dissolution de tout ce qui est principiel, de tout ce qui dépend du Principe qui est l’expression ultime de la Tradition.»
Le résultat final est, dans ce petit monde réduit à ces psychologies emprisonnées, terrorisées et terroristes d’elles-mêmes, que le Système, ou le “déchaînement de la matière” producteur du Mal, triomphe absolument. Avec cela triomphe le processus d’évolution de la dynamique de surpuissance en dynamique d’autodestruction… La conclusion nous suggère donc le comble, c’est-à-dire l’absurde ou l’absolu de l’autodestruction : «Ainsi soit-il, ricane le Diable, dont la ruse suprême est sa propre destruction pour mieux emporter ceux qui l’ont servi…»
(le texte original contient plusieurs liens - Vigile)
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