Répression policière des étudiants

Qui intimide qui?

La répression fut à la démesure même du régime qui nous est proposé en guise de programme.

Chronique d'Élie Presseault

Il suffit souvent de peu pour déchaîner les passions populaires. À plus forte raison, quand des gouvernements prouvent continuellement la vacuité de leur légitimité, nous sommes prompts à ruer dans les brancards. Vient alors le moment soigneusement choisi de s’élever au-dessus des mêlées. La manifestation d’hier contre la hausse des frais de scolarité en témoigne. Nous devons nous garder de tout jugement hâtif. La répression fut à la démesure même du régime qui nous est proposé en guise de programme.
Depuis 2003, nous assistons à la médecine administrée par le gouvernement Charest. Parfois, il a fini par goûter à la nôtre. Souvent, il s’est dissipé à la nécessité du devoir. Préférant souventes fois déléguer les basses tâches de tordage de bras, il se livre à la rouerie et l’intimidation tout en se défendant de manière crasse. Feignant la maladresse, il calcule ses coups et ses esquives à venir. Amateur il est de cette joute politique digne du tribun de province.
Pourrons-nous seulement livrer l’hypothèse des récentes déclarations de Line Beauchamp, ministre de l’Éducation? Profitant opportunément du suicide d’un jeune pour casser du sucre sur le dos de certaines directions d’écoles primaires et/ou secondaires, la ministre de l’Éducation aurait-elle fait d’une pierre deux coups? Plaidant l’incurie des directions face à l’intimidation, sommes-nous en train d’assister à l’insinuation suprême?
Alors que nous sommes en pleine campagne électorale fédérale, nous apprenons les dessous de la joute politique dans ce qu’elle a de plus machiavélique et retorse. Qu’il s’agisse de coalitions, de politiques de l’énergie favorisant les autres au détriment du Québec et des enveloppes susurrées en guise de promesses dérobées aux étudiants, nous commençons à en avoir assez de ce provincialisme sens dessus dessous. Le paternalisme unitariste devra nécessairement mourir de sa belle mort un jour.
Encore toute fraîche en nos consciences, la répression de l’État policier exerce ses pleines prérogatives envers et contre tout désir de faire valoir des aspirations démocratiques. Le gouvernement Harper a été trouvé coupable de nombreuses exactions aux coutumes politiques en cours. Nous pouvons observer un certain relâchement dans les mœurs électorales et sur le plan du souci d’une transparence effective dans les règles de débat et d’imputabilité en face des premiers concernés par les mesures politiques proposées.
Médiatiquement parlant, la manifestation contre la hausse des frais de scolarité apparaissait en second-plan. Encore une fois, nous avons privilégié le scénario habituel. À LCN, cette chaîne épidémique de l’information continue, nous faisions passer les policiers pour des gentils alors que les méchants étudiants les auraient bousculés. Nous avons bien sûr spécifié que la majorité des manifestants – au nombre d’entre 1500 et 2000 – était calme et qu’il s’agissait de 300 « fauteurs de troubles ». Lisez bien ceci : je refuse de me désolidariser des belligérants.
Le mépris a assez duré. Nous aurons beau faire défiler une procession de députés à se farcir, l’actuel gouvernement devra prendre acte de l’opinion de divers milieux. Tout comme nous portons en nous les germes d’une colère populaire qui finira bien par s’affirmer, les gouvernements n’ont qu’eux-mêmes à blâmer dans les incorrections de leurs prétentions. Ajouterons-nous à ceci des espèces sonnantes et des bailleurs de fonds avides de ressources à piller? Le Québec sortira grandi des épreuves infligées.


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2 commentaires

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    1 avril 2011

    Peut-être que certaines personnes ont appris quelque chose, en voyant les images d'étudiants arrêtés par la police, hier...
    Je pense notamment à la pseudo-intellectuelle à rabais Marie-France Bazzo, qui pendant ls dernière période électorale provinciale, écrivait dans le journal qui l'emploie, qu'elle n'allait pas voter.
    On peut avoir une telle réaction ou attitude; mais une fois reconduit au pouvoir, Charest a de son côté les polices municipales, la SQ, au besoin l'armée canadienne. Tout un rapport de force!
    Il n'y a qu'un moment où nous avons un pouvoir, c'est le jour des élections. S'agit de pas le laisser passer, bêtement.

  • Frédéric Lacroix-Couture Répondre

    1 avril 2011

    Merci M. Presseault de parler de cette répression policière.
    J'ai participé, hier, à cette manifestation qui s'est déroulée dans le calme et sans violence. Mais lorsque l'escouade anti-émeute à décider d'intervenir en face du siège social de Loto-Québec sur Sherbrooke ouest, où une centaine d'étudiants se sont rassemblés pour appuyer leurs camarades qui avaient tenté de se rendre dans les bureaux de la CRÉPUQ, la situation a mal tourné, surtout à cause des policiers.
    La majorité des étudiants présents à cet endroit manifestaient pacifiquement. Quelques-uns ont tenté de rentrer dans le bâtiment et c'est alors qu'un policier a utilisé du poivre de Cayenne affectant gravement un manifestant aux yeux. Un peu plus tard, ce sont les grenades assourdissantes qui ont été utilisées par l'escouade. Une de ces grenades est tombé à quelques centimètres de moi alors que je ne parlais qu'avec mon groupe d'amis. De plus,une jeune fille s'est fait très mal au cou.
    Pourquoi faire appel à de tels moyens disproportionnés durant une manifestation pacifique? Il n'y a eu aucune violence. Je suis sorti de cette manifestation sous le choc et très choqué de l'attitude des policiers.