Dreyfus, Michaud et maintenant Vigile.net

J’accuse...

Vigile

Comprenez-moi bien… après tout, je suis Sourd Québécois. Cette évidence s’estompe à la lecture de ces lignes qui me séparent de l’anonymat dans lequel j’évolue au sein d’un certain monde. J’appartiens au monde des Sourds et le mur du bâillon schiste faisant, je ne suis point reconnu à ma juste valeur comme citoyen. Il en va ainsi des citoyens et du média illustrés dans mon titre. J’accuse l’impunité avec laquelle nos adversaires s’arrogent le droit absolu de discipliner et d’établir ce qui serait, en réalité ou à tort, antisémite. Voilà, le mot est lancé.
Rétablissons les faits ayant mené à la récente rubrique d’actualité. Au fil des ans, Vigile.net s’est établi comme chef de file dans la diffusion quotidienne des nouvelles politiques et d’une tribune libre, répondant aux besoins d’une presse soucieuse de donner une voix aux indépendantistes et acteurs engagés au sein du débat de l’avenir politique du Québec. Périodiquement, des opinions polémiques s’échangent. Une constante demeure : Vigile.net pense à l’importance de disputer les points de vue, misant sur l’importance du débat et de l’éducation populaire des liseurs s’y aventurant.
Récemment, nous avons assisté à la relance d’un débat sur ce qui a constitué la polémique de l’affaire Michaud, qui revendiquait un 10e anniversaire. Nous avons longuement eu le temps d’examiner l’affaire et ses nombreuses ramifications. Nous y avons notamment abordé l’hypothèse de la force et l’exercice des prérogatives d’un certain lobby juif influençant les affaires politiques québécoises-canadiennes. Rarement nous aurons autant vu un réel souci de débattre librement de diverses opinions dans l’exercice démocratique proposé.
Pour illustrer mon propos, je vais recourir à un exemple écrit. D’ailleurs, je postule qu’écrire, conformément à ce qu’une personnalité que je respecte d’autant m’a déjà dit, c’est agir. Ce don est précieux et rétablit l’état d’une démocratie à parfaire. Comme dans toute situation, nous sommes forcément imputables de nos actions et de parvenir à démontrer leur bien-fondé. Ainsi, le 26 janvier dernier, abordant le dossier du gaz de schiste et de la langue française, j’ai avancé « En attendant notre prochain Louis-Ferdinand Céline québécois ».
Ce même jour, Françoise David s’est invitée dans l’arène du débat. Pourfendant à tous crins Jean-Roch Villemaire, elle a soutenu : « Nous ne buvons pas de cette eau-là. Elle est nauséabonde et pue l’antisémitisme et le racisme. » Nous indiquerons aux buts d’information et de contexte que Jean-Roch Villemaire écrit entre autres sur la Tribune libre de Vigile.net et qu’il manifestait l’intention de se présenter devant la boutique Le Marcheur, doublant l’initiative d’Amir Khadir. Certains propos véhiculés dans un manifeste politique de Jean-Roch Villemaire prêtaient le flanc à certaines critiques éventuelles. Nous ne nous étendrons pas plus sur le sujet, les protagonistes ayant disputé leurs points de vue.
Succinctement, je présumais que j’allais évoquer un jour ce qui suit comme préoccupation. Un ministère peut-il s’inviter et déterminer des critères de reconnaissance du domaine littéraire, pour citer un exemple de domaine extérieur à la politique, comme l’a fait Frédéric Mitterrand ? Aussi incontestables soient les innovations de Louis-Ferdinand Céline au patrimoine littéraire, pouvons-nous faire abstraction de la dimension proprement politique de son œuvre voire l’occulter ? Ce sont des questions qui méritent d’être posées et débattues. La décision politique de Frédéric Mitterrand d’exclure Louis-Ferdinand Céline des célébrations nationales fut décriée et comporta une part de controverse.
Sans aller jusqu’à chercher la controverse à tout bout de champ, il est important de franchir le pas de certains mythes tenaces qui tiennent dans une certaine trame historique. La période de la Collaboration en France durant la 2e guerre mondiale est maintenue dans un certain état d’oubli collectif. Rapidement, nous avons éludé cette période de l’histoire en insistant sur la Libération et la Résistance. Il en alla de même lors de la Révolution tranquille et de l’occultation d’une certaine Grande Noirceur. Nous pouvons déplorer une difficulté de débattre sereinement de ces zones laissées dans l’ombre de la mémoire collective.
Aujourd’hui même, 10 ans après l’affaire Michaud et depuis le dernier référendum, nous nous sommes saisis d’une certaine onde de choc en établissant les grandes lignes d’une communication politique. Vigile.net accomplit une grande mission, certes à petits pas, lentement et sûrement, mais tout de même, ce n’est point rien. La vérité dérange, c’est un fait. Bernard Frappier répond présent au poste depuis maintenant quinze ans. C’est tout à son honneur. Il défend le principe d’une presse régulée, recourt même parfois à une certaine censure et nous incite à livrer le meilleur de nous-mêmes. Ne nous méprenons pas sur le sens de la mission qu’il s’est donné : cheminer vers l’indépendance nationale du Québec, lutter pour la justice sociale et maintenir cet état de vigile constant.
Ainsi, quand nous en venons à dénoncer que Vigile.net franchisse la limite de l’acceptable et fasse preuve, de ce fait, d’antisémitisme, c’est éluder rapidement la question. D’un côté, Vigile.net est soucieuse d’élaguer certaines zones d’ombre, notamment en ce qui concerne l’affaire Michaud. De l’autre bout du spectre, comme liseurs, nous expérimentons en temps réel la représentation du site Vigile.net et des diverses tribunes proposées. Nous pouvons en dire autant des actualités Facebook et des nouvelles continues. Le feu roulant des nouvelles et des événements créés autour de certaines questions laissées en suspens nous permet d’établir l’état des débats en cours.
Parfois, certaines voix tonitruantes se font entendre dans la clameur d’un certain chœur. Pour ma part, à défaut de signer, j’observe une certaine perspective. Au moment des faits reprochés à Ivan Parent et Robert Barbéris-Gervais, je me suis surtout souvenu du concert des mises en garde contre d’éventuelles représailles de nos adversaires. Souvent, je me suis tenu coi. Certes, il m’est déjà arrivé d’avoir échangé certaines vues quand je percevais qu’on dépassait la limite du tolérable. Toutefois, de cette démesure même des faits reprochés, nous sortons aguerris d’une conscience renouvelée en l’état de nos libertés démocratiques et médiatiques.
En résumé, la classe politique accomplit son devoir envers ses commettants actuels et à venir. Nous ne pouvons aller au-delà d’une certaine zone de confort chez le commun des mortels. Ce n’est point sorcier de répondre à une demande de rétraction bien ciblée. Il faut toutefois se ménager une porte de sortie contre les boniments de ceux qui prétendent à nous faire taire. Nous leur répondrons en temps et lieu avec une réplique bien sentie et les actions parleront d’elles-mêmes. Toute démarche de libération est parsemée d’embûches et nous ne devons surtout pas donner l’impression de faillir.
Je termine le texte avec une citation à l’honneur de Georges Clémenceau :
« Il suffit d'ajouter "militaire" à un mot pour lui faire perdre sa signification. Ainsi la justice militaire n'est pas la justice, la musique militaire n'est pas la musique. »


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2 commentaires

  • Jean-Yves Durocher Répondre

    19 mars 2011

    Encore de l'innaceptable: ...le juif Bergman...
    Lisez ce qu'il dit:
    http://www.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/commissions/cfp-35-2/journal-debats/CFP-980409.html#980409004
    Et la réponse de Bernard Landry...

  • Archives de Vigile Répondre

    19 mars 2011

    Mauvais souvenir d'une motion de blâme pour laquelle M. Boulerice s'est depuis excusée, ce qui est à son hommeur, mais jamais le Juif, M. Bergman ne l'a fait, même s'il y avait une fausse cause ici :
    Motion de blâme adoptée à l'Assemblée nationale, le 14 décembre 2000, M. Bergman: M. le Président, une motion sans préavis :
    « Que l'Assemblée nationale dénonce sans nuance, de façon claire et unanime, les propos inacceptables à l'égard des communautés ethniques et, en particulier, à l'égard de la communauté juive tenus par Yves Michaud à l'occasion des audiences des états généraux sur le français à Montréal le 13 décembre 2000. »
    Signé du député libéral de D'Arcy-McGee, Lawrence S. Bergman (parti libéral du Québec) et du député péquiste de Sainte-Marie—Saint-Jacques, André Boulerice.