Le huis clos, ce pare-feu politique

Chronique d'Élie Presseault

Jacques Duchesneau est un de ces nombreux pare-feux dont le gouvernement Charest s’est doté. Que nous pensons aux commissaires Taylor et Bouchard des accommodements soi-disant raisonnables, l’ex-premier ministre Lucien Bouchard, l’ancienne députée et ministre Diane Lemieux, André Caillé, André Boisclair, Pierre-Marc Johnson, Daniel Johnson et Brian Mulroney, nous avons déjà une belle brochette de figures publiques à brandir en effigie. Qu’il s’agisse de ponts, de routes, de transports, d’hôpitaux, de gaz de schiste, du Plan Nord et des diverses lois en souffrance, rien n’est de trop pour marteler les intérêts de l’industrie, libérale ou pas trop…, privée, mafieuse et/ou outrancière.
En ces heures politiques tout aussi graves qu’elles nous accablent d’une lourdeur historique, le discours médiatique semble aux compromissions et aux bons soins de certains détenteurs du Pouvoir. Firmes de génie-conseil, ingénieurs à la merci des pouvoirs occultes, phalange de fonctionnaires et de politiques corrompus, tout est bon pour servir le commerce illicite. Quand enfin aurons-nous la force d’expurger tous ces tricheurs et ces voleurs du bien public? Quand bien même on chasserait le gagne-petit, le discours ambiant ne dupe plus personne. Il n’en demeure pas moins insidieux.
Le rideau a tombé. Huis clos, dites-vous, M. Duchesneau. Ok, des fonctionnaires de la petite poutine provinciale… Ne point punir quiconque nous ferait grâce de son témoignage clandestin. Jasez, jasez toujours et nous verrons bien qui saura se cacher et se dérober aux poursuites. Menu fretin, un semblant de gros poisson, certaines renonciations, l’ultime démission et avec un peu de chance le tour sera joué, dites-vous toujours Mm. Charest et Duchesneau? François Legault, après avoir poursuivi de sa harangue à propos de la Caisse de dépôt et placement du Québec, semble s’être désisté du rôle de poursuivant. Qu’importe, Amir Khadir fera mine d’être poursuivi en espérant prendre de surprise le huis clos.
Trente mois que nous niaisons avec la « puck », messieurs, mesdames. Il serait plus que temps de s’activer et faire aboutir certaines démarches et volontés bien entendues. Quand même bien nous serions roublards et avec plus d’un tour dans notre sac, la population a déjà rendu son verdict. Après Bellemare, il serait temps de recoller les pots cassés… La désobéissance civile, une option? Certain-e-s activistes de la société civile y songent. Pour passer de la parlotte et des révolutions de salon aux grandes œuvres, il faudra bien de la patience et de la persévérance. La population n’a pas dit son dernier mot, libéraux et faire-valoir des bonnes œuvres associées.
Crise économique, crise politique, les temps sont mûrs aux grandes mutations. Que l’un ou l’autre dit : « Je vous l’aurai dit, je vous avertis », nous n’en pensons pas moins. La crise du mouvement souverainiste regagne en sérénité. Avec les temps changeants, le pouvoir régnant cède peu à peu du terrain aux acteurs de la société civile. Verrons-nous de notre vivant une révolution digne de ce nom? Il faudrait déjà regagner les voix en perdition, ces mêmes voix qui s’écrient en chœur, bruyamment et/ou dans un mouvement silencieux perceptible à l’œil nu. Quand bien même nous écrirons ces pages de l’histoire québécoise, nous nous souviendrons toujours de ce qui reste à accomplir pour gagner et préserver une liberté longuement anticipée.


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