Québec, Kosovo, même combat?

Menaces de violence, partition, allez Pratte, faut pas se gêner...


Dès la proclamation de l'indépendance du Kosovo, dimanche, le Parti québécois a émis un communiqué pour souligner l'événement. Hier, c'était au tour de la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal de féliciter le peuple kosovar. "Quel contraste avec le sort auquel certaines élites québécoises inféodées souhaitent voir le peuple québécois se résigner, celui de minorité canadienne (...)", a déclaré le président de la SSJBM, Jean Dorion.
Il est franchement renversant de voir les indépendantistes québécois tracer un parallèle entre le Kosovo et le Québec. Faut-il rappeler les événements qui ont poussé les Kosovars à quitter la Serbie? Il y a 20 ans, Slobodan Milosevic priva la province de toute autonomie, congédia des dizaines de milliers de fonctionnaires albanais et bannit la langue albanaise des écoles et des médias. Cette répression provoqua une résistance violente, à laquelle Milosevic répondit avec férocité, ses forces armées tuant 10 000 Kosovars. Il a fallu que l'OTAN bombarde la Serbie pour qu'elle lâche prise. Les Kosovars ont ensuite réglé leurs comptes, assassinant plus de 1000 membres de la minorité serbe.
Depuis 10 ans, le Kosovo est administré par l'ONU. L'ordre y est assuré par 16 000 soldats de l'OTAN, qui protègent les Serbes du territoire contre d'éventuelles exactions. La région est très pauvre, le taux de chômage dépassant les 40% (7% au Québec) et le PIB par habitant se situant sous les 2000 dollars (20 fois moins que celui du Québec).
On est donc à des années-lumière de la situation qui prévaut ici. Il est vrai que les Kosovars n'ont pas souffert l'odieux de voir leur fête nationale ignorée dans des calendriers du gouvernement fédéral, seul grief mentionné dans le communiqué de la SSJBM sur le Kosovo!
On est d'autant plus surpris par le raisonnement des indépendantistes québécois que, dans la mesure où le Kosovo peut valoir d'exemple, ce serait pour démontrer combien il est difficile d'acquérir son indépendance sans l'accord de l'État qu'on veut quitter. Bien que les Kosovars pouvaient invoquer d'excellentes raisons, il a fallu 18 ans pour qu'une partie de la communauté internationale avalise le statut qu'ils réclament. Et encore: on sait que la Russie et la Chine s'opposent farouchement à la reconnaissance du nouvel État, de sorte que le Kosovo ne fera vraisemblablement pas son entrée à l'ONU avant plusieurs années.
Depuis dimanche, des manifestations hostiles à l'indépendance du Kosovo ont lieu dans le Nord, où vivent 30 000 Serbes séparés du reste de la province par le fleuve Ibar. "Le Kosovo est la Serbie pour toujours", ont scandé les manifestants. Et voilà un troisième motif d'étonnement au sujet de l'enthousiasme des souverainistes québécois: l'indépendance du Kosovo pourrait fort bien aboutir à la partition de sa partie serbe. Vous avez bien lu: la partition. Bien des observateurs estiment que ce scénario est le seul qui puisse permettre au Kosovo de ne pas sombrer dans le chaos.
En somme, les souverainistes d'ici, qui cherchent depuis toujours à nous convaincre que l'indépendance se ferait sans turbulence aucune, feraient mieux de ne pas trop attirer l'attention des Québécois sur le cas du Kosovo.
apratte@lapresse.ca

Featured e9ce29e1df8a56a11b26e68ffd733781

André Pratte878 articles

  • 317 149

[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé