Quand et où Pauline Marois doit-elle parler l’anglais ?

Tribune libre - 2007

Dans un article intitulé Marois rejette l’idée d’une trêve, qu’il écrivait dans Le Devoir du 31 août, Antoine Robitaille, après avoir fait état très objectivement des dernières dispositions de Mme Marois, termine son texte d’une manière que, peut-être à tort, je trouve insidieuse.
Comme s’il signalait un défaut évident chez cette dernière, il écrit : «Après avoir répondu avec difficulté à des questions de journalistes anglophones dans la langue de Shakespeare, Mme Marois a été taquinée [reste à savoir par qui ??] à propos de ses difficultés à parler l’anglais.» Celle-ci, ajoute-il, n’aurait «pas exclu de suivre d’autres cours d’anglais sous peu».
Ces propos autant ceux de M. Robitaille que ceux qu’il attribue à Mme Marois supposent, semble-t-il, qu’un personnage politique québécois doit nécessairement pouvoir bien s’exprimer en anglais. Or c’est faux puisque le Québec est officiellement, depuis la Loi 22, de langue française. Quand il s’agit de journalistes oeuvrant sur notre sol, c’est eux qui doivent s’accommoder de cette réalité et poser leurs questions en français. Quant aux réponses, même si, dans le passé, nos politiques ont cru trouver quelque fierté à utiliser l’anglais, elles doivent se faire en français, ce qui d’ailleurs est une garantie contre les erreurs qui peuvent toujours se glisser dans un discours en langue étrangère.
D’autre part, chaque fois qu’un ministre du Québec répond publiquement en anglais aux questions qu’on lui pose, il affirme Québec bilingue et non pas Québec français, devant les nôtres et devant le reste du monde.
Pour ce qui est de nos relations avec les chefs d’État étrangers, ou les journalistes étrangers qui ne connaissent pas le français, il y a des interprètes, comme cela a toujours été puisqu’il s’agit là, truchements ou drogmans, du deuxième métier du monde.
Cette position ne signifie pas qu’il ne faille pas apprendre des langues étrangères, loin de là; cependant, il suffit de constater, si besoin est de se dédouaner, ce qui se passe lorsqu’un chef d’État rencontre des journalistes, en Allemagne, en Espagne ou dans quelque autre pays, même en France, pour se rendre compte que nos accommodements passés quant à notre langue publique de communication sont inadmissibles et même à saveur coloniale.


Gaston Laurion

Montréal


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2 commentaires

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    5 septembre 2007

    Nous constatons que même entre indépendantistes, certains échappent parfois du "politiciens provinciaux." L'appellation "province de Québec" est revenue en force sur les ondes de Radio-Canada, comme le soulignait M. Jean-Claude Germain au dimanche de la marche pour le français. Autre tactique pour nous canadianiser. Ceci finit par contaminer tout le monde. Cet état d'esprit est conséquent avec notre grande ouverture aux journalistes étrangers qui empiètent volontiers sur la langue de notre pays (si difficile à faire!) Quel beau geste d'indépendance unilatérale poseraient nos politiciens en mettant fin à cette malsaine complicité!

  • Archives de Vigile Répondre

    5 septembre 2007

    D'accord avec vous.
    Les journalistes anglophones du Québec, tout de suite après que nos journalistes francophones du Québec aient posé leurs questions à nos politiciens à leurs conférences de presse, posent à peu près les mêmes mais...en anglais.
    On peut en déduire que ces journalistes anglophones ne comprennent pas du tout le français. "On peut se demander si un journaliste unilingue francophone pourrait travailler pour un journal en Ontario en posant ses questions en français".
    Vu que certains de nos politiciens parlent l'anglais assez médiocrement, ces journalistes anglophones ne doivent pas tirer grand chose de ce charabia, à part le plaisir de les faire souffrir de la langue.
    Certains de nos politiciens provinciaux, feraient mieux de refuser de répondre en anglais à la place de faire leur Elvis Gratton qui parle le "bilingue" très très bien, lui. Même ceux qui se débrouillent bien en anglais devraient faire de même si on veut que le Québec soit unilingue français pour de bon.
    Les journalistes qui oeuvrent au Québec devraient être capables de poser leurs questions en français ou d'aller "journalister" ailleurs.