PQ - une déviation honteuse

C’est là une constante historique, le Canada s’est toujours torché sur les Québécois qu’ils veulent indistincts.

Droite québécoise - Force Québec

Souvenirs d'octobre 70
Certains diront qu’ils sont devenus indépendantistes pendant ou suite à la crise d’octobre 1970. J’avais quatorze ans au moment de cette crise et je me souviens très bien du climat qui régnait dans mon quartier de la banlieue lavalloise après la lecture du manifeste du FLQ par Gaëtan Montreuil.
J’habitais avec mes parents, mes deux sœurs et mon frère, dans un petit bungalow à Duvernay. Quand je me réunissais avec mes copains dans la cave chez moi ou chez des amis pour jouer au «Monopoly» ou pour écouter une enième fois la chanson «Québécois» de François Guy, presque tout le monde avait une affiche du Che pas loin de son tourne-disque et on émaillait notre discours révolutionnaire d’adolescent de sous-sol enfumé avec certains des mots de ce manifeste.
Ce qui m’avait frappé, quand j’avais regardé M. Montreuil faire la lecture de ce texte, c’est la diction très radio-cadenassienne de bouche en cul de poule et son air constipé qui tranchaient tellement avec ce qu’il lisait.
Quand on discutait de choses et autres, on aimait insérer des bribes du manifeste qui émaillaient nos conversations: Bourassa le serin des Simard; Trudeau la tapette; Drapeau l’aristocrate; la bière au chien à Molson; repeat after me: cheap labor means main d’œuvre à bon marché. Le manifeste avait frappé fort dans le tableau de bord de notre imaginaire d’adolescent de banlieue.
À quelques rues de chez moi, les deux frères Morency, âgés autour de 18 ans à ce moment là, s’étaient faits prendre, au printemps de 1970, avec de la dynamite cachée dans le sous-sol de la maison de leurs parents. Ils avaient déniché ça dans une carrière qui se situe de part et d’autre du boulevard Saint-Martin, à l’ouest du boulevard des Laurentides.
Mon meilleur ami, qui se nomme Pierre, se souvient très bien de la police et de l’armée qui étaient rentrées chez lui en hurlant leurs ordres. Un militaire avait pointé sa mitraillette sur son père – militant du syndicat des rembourreurs affilié la CSN - pendant qu’un autre le fouillait et il m’avait expliqué que sa mère était passée des cris aux pleurs pendant qu’ils avaient fouillé leur maison de fond en comble. Ils cherchaient son frère Jean-Louis, un artiste engagé qui s’était retrouvé à la Maison du pêcheur en Gaspésie lors des étés de 1969 et 1970. Par ailleurs, les deux frères Morency mentionnés ci-haut étaient des amis à Jean-Louis. Sa famille ne l’avait pas revu depuis le printemps 1970. Il avait refait surface en 1971.
«Pacifiquement, «scrounch» les anglaids, pacifiquement si c’est possible» disait la chanson de Charlebois. Jacques Parizeau nous expliquait récemment qu’en 1970, le PQ était le seul parti capable de faire bouger les choses en ce qui a trait à la souveraineté du Québec. Le PQ s’était finalement fait élire en 1976. La mère et le père de mon ami Pierre militaient pour le PQ. J’avais 20 ans à ce moment là et j’avais également milité, pointé et fêté la victoire émouvante du PQ, avec la famille de mon ami Pierre, que je fréquente toujours. Dans notre circonscription de Mille-Îles, on avait fait réélire Guy Joron, qui avait été élu en 1970 et défait en 1973.
Déviation honteuse
Après les (...) référendums de 1980 et de 1995, le règne de Lucien Bouchard a transformé le PQ de Parizeau, le rendant méconnaissable à sa base des plus militantes qu’on évacuait ainsi. Le spectacle ignoble à New York où Lulu est allé se mettre à genoux devant les agences de cotation et ses coupures insensées dans les services publics sont des indices assez convaincants, quant à moi, de son conservatisme débridé et à plus forte raison, une déviation honteuse de l’option fondamentale et de l’esprit qui l’avait animé.
L’inaction de Lulu sur le front linguistique et cette chimère des conditions gagnantes sont autant d’indicateurs de son désintérêt pour la cause. Il faut faire remarquer que Lulu a participé aux élections provinciales de 1970 sous la bannière libérale après avoir défendu les ordres religieux contre les regroupements des enfants de Duplessis. Après avoir été un diplomate canadian à Paris, il devient député conservateur à Ottawa au service de Brian Mulroney pour éventuellement se revirer de bord et fonder le Bloc après l’échec pourtant très prévisible de Meech. C’est là une constante historique, le Canada s’est toujours torché sur les Québécois qu’ils veulent indistincts.
Puis, Lulu se retrouve par magie au poste de premier ministre du Québec. À l’évidence, son comportement s’est révélé très souvent hostile envers le Québécois moyen à qui il reproche tous les maux, comme (l'écrit) une certaine revue canadian possédée par Rogers.
Mais où était donc sa loyauté ?
Surtout quand on tient compte du travail de sape qu’il a mené à l’endroit de la délégation générale du Québec à Paris lorsqu’il était ambassadeur canadian (...). La démission de Jacques Parizeau et l’affaire Yves Michaud ont amené un réalignement idéologique au PQ qui se manifeste dès lors par un souverainisme différé. L’ethnicité devenait ainsi un tabou, le nationalisme civique désincarné était à l’ordre du jour et intégré au discours politique normalisé.
Bernard Landry, André Boisclair et Pauline Marois avaient participé au blâme de M. Michaud et M. Landry a été le seul à manifester un peu de remords pour cet abus parlementaire sans précédent initié par une motion de JJ Charest face à un Lulu des plus accommodants.
Critiquer Israël sera bientôt considéré comme étant un crime antisémite aux États-Unis. Au Québec, le blâme de l’Assemblée nationale à l’endroit d’Yves Michaud, c’est un précédent pour la censure du discours public. Lucien Bouchard et ses suiveux se comportent comme si le vote ethnique, qui se manifeste systématiquement en bloc opposé à la nation québécoise lors d’élections ou de référendums, ne saurait faire l’objet d’analyses de comportement aux urnes ou de critiques par rapport à leur fermeture à la majorité, parce que ça pourrait ternir l’image du Québec à l’étranger. Quelle aberration!
Le sport national des Israéliens consiste à soit humilier ou à tuer des Palestiniens par milliers, en même temps qu’ils mènent des incursions meurtrières pour terroriser le Liban, la Syrie ou la Jordanie. Ils se foutent pas mal de l’opinion internationale. Pendant ce temps là, au Québec, les éteignoirs de l’affirmation nationale des plus timides souverainistes nous alimentent avec toutes espèces de peurs sur ce que pourrait penser le monde de gestes «radicaux» tels que soumettre les écoles passerelles à la loi 101, le renforcement de la loi 101 ou l’obligation de fréquenter le CÉGEP en français.
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Avez-vous remarqué comment on abuse du mot «radical» chez nos politiciens libéraux et dans les médias québécois quand on met sur le tapis une forme quelconque d’affirmation nationale?
En date du 6 octobre, le souverainiste «transatoire», François Legault, et d’autres artisans de la démission tranquille et du repliement sur soi qui s'articule par le souverainisme en suspens, lancent un nouveau mouvement qui pourrait devenir, éventuellement, un parti voué aux «vraies affaires», comme aime le répéter à satiété ce sacré Lulu.
Lors du téléjournal de Radio-Cadenas du 6 octobre, Pierre Duchesne rapportait que le samedi 11 septembre, François Legault a reçu une vingtaine de personnes à sa résidence. Monsieur Formule un était là, Normand Legaut, avec l’adepte du souverainisme différé, l’étourdissant Joseph Facal, de même que l’ancien chasseur de têtes du PLQ de JJ Charest, l’affairiste Charles Sirois. Ils jugent que la souveraineté doit être mise de côté parce que ça occupe trop de place et que Mme Marois va dans la mauvaise direction, surtout avec son approche identitaire. Les gens d’affaires autour de M. Legault soutiennent que Crapet Charest n’a pas le courage de prendre les bonnes décisions économiques. M. Duchesne rapportait aussi qu’on a entendu dire à cette rencontre que François Legault aurait déclaré que s’il revenait en politique, ça serait en tant que chef. En février, Lulu premier, le king de la compromission, avait fait une sortie contre le PQ en concluant que ce parti, tenez-vous bien, occupe une «niche de l’intolérance» et qu’il devrait mettre de côté la souveraineté. Lulu en avait parlé à François Legault quelques jours auparavant, tout ça avait été préparé. Selon M. Duchesne, M. Legault prend ses distances par rapport au PQ. C’est là le moindre qu’on puisse dire.
Ces ankylosés du souverainisme nécrosé songeaient à nommer leur parti «Force Québec». Mais on aurait tassé tout ça, selon M. Duchesne, parce que force, dans certains pays, fait appel à la violence, à la force armée. Le reportage de M. Duchesne conclut qu’on parle d’un mouvement pour l’instant.
Le lendemain, M. Duchesne nous revenait avec un autre reportage sur le mouvement d’immobilisme de François Legault, avec la présentatrice qui demandait «À qui ferait-il le plus mal?» M. Duchesne présente en succession JJ Charest, Nathalie Normandeau et Pauline Marois. Crapet constate que MM. Legault et Facal ne seront pas au prochain conseil national du PQ et Mme Normandeau se réjouit en affirmant que c’est une très mauvaise nouvelle pour Pauline Marois aujourd’hui, une très mauvaise nouvelle. Peu ébranlée, semble-t-il, Mme Marois réplique que ça jase, pour l’instant ça jase. Alors là je ne jaserai pas sur une jasette». Elle ajoute ensuite: «Puis là, ils veulent mettre la souveraineté de côté. Alors, là-dessus, j’imagine qu’ils vont plus aller chercher plus des fédéralistes que des souverainistes. Parce que nous, on continue d’être souverainiste, puis on va l’être jusqu’à temps qu’on l’ait obtenu».
M. Duchesne évoque ensuite les anciens fidèles de M. Legault, comme François Rebelo, Mathieu Traversy, Nicolas Marceau, Guillaume Tremblay et Pascal Bérubé. Il se questionne à savoir comment ils vont réagir à cette initiative de M. Legault. Pascal Bérubé exprime son amitié et son estime envers M. Legault, mais il précise qu’il y a manifestement quelque chose qui va les séparer, c’est l’avenir du Québec.
M. Duchesne présente le politicologue Alain G. Gagnon qui se méfie des gens qui discutent avec François Legault, comme l’homme d’affaires Charles Sirois, qui a été un chasseur de têtes pour le PLQ et qui a travaillé beaucoup à l’époque pour essayer de faire élire des gens pour Jean Charest et lui donner un entourage intéressant. Est-ce que c’est pour maintenir le PLQ?
M. Duchesne conclut son reportage en soutenant que c’est Pauline Marois, en tant que meneuse dans les sondages, qui a le plus à perdre avec l’apparition du nouveau parti de son ex-collègue Legault.
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Ceci dit, quand les Lulus soutiennent que JJ Charest n’a pas le courage de prendre les bonnes décisions économiques, je ne peux faire autrement que d’être d’accord avec eux, mais pour des raisons diamétralement opposées à leur idéologie de «WalMart» à la Mike Harris. Je vois très bien venir ces vipères affairistes du moindre effort pour qui des «bonnes décisions économiques» consistent à accorder encore plus d’allègements fiscaux pour leurs petites magouilles tout en encourageant un développement économique sauvage avec leur copain Caillé. Le mot d’ordre de ces tarlas, c’est la tarification généralisée et la privatisation des services gouvernementaux, de même qu’Hydro-Québec.
Alors, si ces souverainistes stériles ont quitté le navire, ça ne peut qu’être une bonne nouvelle. Le PQ devra secouer ses puces pour se réconcilier avec les militants trahis depuis le départ de Parizeau.
Voilà quelques années, j’avais dit à mon ami Pierre que la démission de Parizeau était une erreur et qu’il aurait pu proclamer l’indépendance du Québec, à ce moment là. Mon ami m’avait regardé, un peu pensif, et il m’avait répondu, après une certaine hésitation, que ça aurait été un bon prétexte pour Ottawa de ramener son armée au Québec.
La gueule de fasciste à Chrétien l’avait bien dit avant le référendum de 95, si vous ne voulez pas que l’armée revienne au Québec, vous n’avez qu’à voter non au référendum. C’est ça toute la beauté scabreuse du lavage de cerveau opéré par ce régime canadian qui fait tout le bonheur de Ben Pelletier, le contorsionniste constitutionnel béat.
Daniel Sénéchal
Montréal


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