Gouvernance éthique

Charest l’attentiste

Élection Québec 2012 - Bilan

"Sa faute en est avant tout une question d’attitude, de trop grande tolérance, d’absence de fermeté." Le Devoir glisse dans le tout-en-nuance! JJC est un chef de gang, au service des intérêts des affairistes dont il reçoit les ordres. Il n'est pas un chef d'État, voué à la défense de l'intérêt commun. La politique devient un show de boucane destiné à camoufler la portée des grandes décisions, à réduire les aspérités par le mensonge, la ruse, l'amalgame, etc. JJC est un politicien retors qui ne peut être traité de manière si douce et si éthérée, monsieur l'éditorialiste. - Vigile
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Les quatre débats télévisés entre les chefs de partis auront démontré au moins deux choses. D’abord que le thème de la corruption demeure l’enjeu principal de la présente campagne électorale. Puis qu’en cette matière, aucun des chefs des trois principaux partis ne peut prétendre être un parangon de vertu.
Cible de toutes les attaques touchant l’intégrité de son gouvernement, le premier ministre Jean Charest a ainsi cherché à démontrer que ses adversaires, tout vertueux qu’ils prétendent être, ont aussi dans leurs placards sinon quelques squelettes, tout au moins quelques vêtements pas très nets.
Ce n’était là, bien sûr, qu’un écran de fumée, quoiqu’il faille bien admettre avec le chef libéral que personne n’est irréprochable. En ce sens, il n’est pas mauvais que soit rappelé au Parti québécois qu’il a lui-même pratiqué dans le passé ce qu’il dénonce aujourd’hui. En 1998, il a bel et bien reçu des contributions illégales à sa caisse électorale, comme l’a démontré la commission Moisan. De même, ces allégations à l’endroit du chevalier blanc caquiste Jacques Duchesneau à propos d’un financement illégal de sa campagne à la mairie de Montréal, en 1998, sont un juste rappel que des allégations ne sont que des allégations, peu importe qu’elles visent des libéraux, des péquistes ou des caquistes.
Derrière cet écran de fumée se trouve toutefois une réalité que ne peut nier Jean Charest. Au cours de ses neuf ans de pouvoir, il a été confronté, de la part de ses ministres, à une série de comportements tantôt inacceptables, tantôt douteux qu’il a le plus souvent banalisés. Comment pouvait-il condamner l’interventionnisme partisan de ses collègues, l’ayant lui-même pratiqué pour la nomination des juges ? C’est la même attitude qu’il a eue lorsqu’on l’a confronté à tous ces appels à créer une commission d’enquête sur la corruption et la collusion dans l’industrie de la construction, ne bougeant que pouce par pouce pour finalement céder à la pression publique et créer la commission Charbonneau.
On ne reprochera pas à Jean Charest les mesures mises en place par son gouvernement pour combattre la corruption, car il a bien fini par poser des gestes. Il ne mérite certes pas ce huit sur dix qu’il s’est lui-même attribué, mais pas non plus un sur dix. Sa faute en est avant tout une question d’attitude, de trop grande tolérance, d’absence de fermeté. Bien avant des lois et des règlements, on attend du chef de gouvernement une volonté, se traduisant en paroles, en gestes et en attitudes, du respect de l’intégrité dans la vie publique à tous les échelons.
Chacun des chefs de parti prétend avoir cette détermination. Accueillons toutefois leur engagement pour ce qu’il est, un engagement moral. Si on sait comment se comporte Jean Charest comme premier ministre et, à ce titre, gardien de l’éthique du gouvernement québécois, on ne sait encore comment réagiront Pauline Marois et François Legault une fois au pouvoir. Auront-ils la rigueur morale qu’on attend d’eux ? Que fera le chef caquiste si jamais les allégations à l’endroit de Jacques Duchesneau s’avéraient fondées ? Le démettra-t-il de ses fonctions de ministre ? Cela reste à voir.
En campagne électorale, la seule façon de jauger les engagements des uns et des autres est de consulter leur programme. Celui de Jean Charest est mince en matière de gouvernance éthique. Il ne contient qu’une seule mesure visant à resserrer les règles pour faire affaire avec le gouvernement. Au PQ et à la CAQ, il y a une volonté clairement exprimée de renforcer l’arsenal des lois à ce sujet, tout particulièrement en réduisant à 100 $ par électeur les dons aux partis tout en leur assurant par ailleurs un financement public. Ce sont des gestes que veulent les Québécois qui ne croient pas qu’il faille attendre le rapport de la commission Charbonneau pour agir. Mais une caractéristique de Jean Charest est qu’il préfère toujours attendre.


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