Power et le pétrole «sale»

Power Corporation, La Presse et les sables bitumineux Manifestations en France

GESCA totalement affolée...

La famille Desmarais, propriétaire de Power Corporation, a d'importants intérêts dans l'exploitation des sables bitumineux, ce pétrole «sale» qui a coûté cher à la réputation du Canada tout au long du sommet de Copenhague.
***
Mathieu Turbide - La pétrolière française Total, dans laquelle Power Corporation détient des investissements importants, compte devenir l'un des gros joueurs dans l'exploitation des sables bitumineux canadiens au cours des 30 prochaines années.

Avec ses deux sites en exploitation, deux projets en cours de réalisation et plusieurs terrains loués au gouvernement albertain pour du forage exploratoire, Total peut espérer tirer un minimum de 5 milliards de barils de pétrole des sables au cours de cette période.
Total a déjà investi 6 milliards $ au Canada par l'intermédiaire de sa filiale Total Canada et projette d'investir 20 milliards $ dans les sables bitumineux au cours des 20 prochaines années.
Paul Desmarais Jr, président du conseil et co-chef de la direction de Power Corporation, siège depuis 2002 au conseil d'administration de la pétrolière Total. Il en est le seul membre canadien. Power, par l'intermédiaire de son holding d'investissement Pargesa, détient une participation majeure dans le Groupe Bruxelles Lambert (GBL), le plus important actionnaire individuel de la pétrolière Total.
La Presse défend les sables
Dans la foulée du sommet de Copenhague, l'exploitation des sables bitumineux au Canada et la volonté du gouvernement Harper de limiter au minimum les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, la position du journal La Presse a attiré l'attention.
Le journal de l'empire Power a vertement critiqué le premier ministre du Québec, Jean Charest, après que celui-ci eut remis en question la position d'Ottawa sur ses objectifs de réduction, l'enjoignant à «aller plus loin».
----


----
L'éditorialiste en chef de La Presse, André Pratte l'a notamment accusé Jean Charest d'être irresponsable et d'avoir tenu des propos «consternants». La chroniqueuse Lysiane Gagnon a qualifié l'attitude du premier ministre de «franchement puérile», soutenant que les sables bitumineux payaient les garderies et les universités québécoises. Puis, hier, le chroniqueur Alain Dubuc en rajoutait, reprochant à M. Charest de se livrer à un «provincialisme primaire».
D'ailleurs, en après-midi, hier, alors qu'il se préparait à quitter Copenhague, Jean Charest a nuancé son discours. «La position fédérale a évolué dans la dernière année, il faut le noter pour être équitable», a déclaré M. Charest.
----

----
Michaud n'est pas surpris
Yves Michaud, qui dénonce depuis plusieurs années l'utilisation que Power Corporation fait de ses journaux, avoue ne pas être surpris par ces prises de position soudaines de La Presse en faveur de l'exploitation des sables bitumineux.
«Ils n'ont même besoin de le demander. La Presse sait très bien ce qu'elle doit faire pour protéger les intérêts de ses patrons», soutient M. Michaud, qui mène une bataille pour obtenir, à titre d'actionnaire de Power, la divulgation des états financiers des filiales comme Gesca, l'entreprise qui regroupe des journaux de Power.
À son avis, les questions environnementales ne sont pas une priorité pour Power Corporation.
***
* Le porte-parole de Power Corporation n'a pas répondu à notre appel, hier.
* Power détient 50% du holding Parjointco, dont la filiale Pargesa détient à 50 % le Groupe Bruxelles Lambert (GBL). GBL est le plus important actionnaire de Total, contrôlant 4% des parts.
----
Power Corporation, La Presse et les sables bitumineux
Ce matin, le journal La Presse appuie d'une manière assez particulière la position de Stephen Harper sur les changements climatiques.
Dans deux textes importants, signés par l'éditorialiste en chef André Pratte et la chroniqueure Lysiane Gagnon, le fleuron de Power Corporation court à la défense de l'Alberta et de son industrie des sables bitumineux.
André Pratte, qui a pourtant presque toujours approuvé les politiques de Jean Charest, traite le premier ministre du Québec «d'irresponsable» parce que ce dernier a osé critiquer le Canada en lui demandant simplement «d'aller plus loin» et de «cesser de suivre la politique des Américains».
L'éditorialiste en chef de La Presse décrit le sommet de Copenhague comme un «cirque». Il s'attaque aussi aux écologistes en laissant entendre qu'ils ne font qu'une partie de l'équation puisqu'ils «ne gouvernent pas». Jean Charest, qui pourtant gouverne, se fait accuser de «chercher à se faire du capital politique ou idéologique sur le dos» du Canada.
Incroyable, vous pensez?
Attendez. Ce n'est pas fini...
Lysiane Gagnon, dans la page éditoriale juste à côté, va plus loin. Ne vous laissez pas berner par le titre et le début de la chronique qui laisse croire qu'elle s'attaque au porte-parole de Stephen Harper, Dimitri Soudas. Non, sa véritable cible, ce sont ceux qui s'élèvent contre l'exploitation des sables bitumineux.
C'est grâce aux sables bitumineux, écrit-elle le plus sérieusement du monde, «que le Québec peut s'offrir des services de luxe comme les garderies à 7$ et des université quasiment gratuites.» Elle justifie son argumentation en s'appuyant sur le système canadien de péréquation. Comme raisonnement tordu, on a rarement vu mieux.
Vous avez bien lu: le Québec paie ces garderies et ses universités avec l'argent des sables bitumineux!!!
***
Je vous laisse sur une devinette: qui est le Québécois qui a le plus d'intérêts dans l'industrie des sables bitumineux?
Comme dirait Rock et Belles Oreilles: «...pensez-y!»
----
Sables bitumineux
Manifestations en France
Mathieu Turbide

Le Journal de Montréal

19/12/2009 07h47

L'implication de la pétrolière Total dans les sables bitumineux albertains fait des vagues en France, où les écologistes n'hésitent pas à qualifier ces investissements de «crime climatique».

En novembre et en décembre, les militants français de Greenpeace ont mené une série d'actions contre la pétrolière Total, avec le slogan «Total invente la destruction durable». Des manifestations ont eu lieu devant des stations-service de Total dans une dizaine de villes de France, ainsi que devant le siège social de Total, à Paris.
Les militants avaient commencé leur campagne par un coup d'éclat en investissant une raffinerie de Total, en octobre.
«Un enjeu international»
Ces manifestations n'ont pourtant pratiquement eu aucun écho au Québec, où l'empire Power possède 7 des 10 quotidiens francophones.
«On essaie de nous faire croire que l'exploitation des sables bitumineux constitue un problème strictement canadien, alors qu'il s'agit bien d'un enjeu international. Comment lutter contre les changements climatiques si on laisse des groupes pétroliers et des États investir dans une telle catastrophe environnementale et climatique?», s'interroge Virginie Lambert-Ferry, responsable de la campagne Climat-Énergie à Greenpeace Canada
Greenpeace dénonce la destruction de plus de forêts, la pollution de plusieurs cours d'eau et le fait que la production de pétrole extrait des sables bitumineux produit 45% de gaz à effet de serre de plus que la production classique de pétrole.
* Greenpeace-France a produit un rapport et mis en ligne un site Web au sujet de Total et des sables bitumineux.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé