Pourquoi un avocat qui souhaite devenir juge aurait-il l'idée de donner son curriculum vitae à un solliciteur de fonds du Parti libéral ?
Poser la question, c'est y répondre, me direz-vous.
Pourtant, aussi étonnant que cela puisse paraître, aucun avocat de la commission Bastarache n'a posé cette question au collecteur Marcel Leblanc, hier, lorsqu'il a candidement avoué que cinq ou six avocats lui avaient remis leur C.V. dans l'espoir de mousser une éventuelle candidature à la magistrature.
Si un avocat se considère assez expérimenté pour devenir juge, c'est qu'il connaît les lois. Il sait bien que le processus de nomination des juges est totalement apolitique. Il sait que c'est le ministère de la Justice qui dresse des listes, à la suite d'un minutieux examen non-partisan.
N'est-ce pas exactement ce que Jean Charest, Jacques Dupuis et tous les avocats représentant les libéraux et le gouvernement nous répètent depuis le mois d'avril dernier ?
À moins que...
À moins que finalement, la nomination des juges ne soit pas si «apolitique» que ça.
Ça expliquerait pourquoi non pas un, non pas deux, mais bien cinq ou six avocats expérimentés aient tous pensé que Marcel Leblanc, ce brave militant libéral, pourrait leur donner un coup de main dans leurs espoirs de se retrouver un jour assis sur un banc de juge, marteau de bois à la main.
Après tout, comme le dit si bien Marcel, il faut placer notre monde.
Le témoignage de ce militant fidèle, qui aime et défend sa «famille» libérale, était tellement sincère qu'il a séduit la plupart des analystes, qui ont applaudi sa franchise et salué le cours de «politique de terrain 101» qu'il a livré.
Pourtant, Marcel Leblanc a confirmé avoir été approché par des avocats qui voulaient une job de juge. Pas par des militants libéraux qui voulaient se faire placer dans un poste politique ou sur un obscur comité. Non, par des avocats qui voulaient être nommés juges. Et ils ont tendu leur C.V. à Marcel, le collecteur, celui qui rencontre Jean Charest «à tous les jours ou presque.»
Il a aussi admis que Franco Fava et Charles Rondeau - ses deux amis - lui ont déjà parlé de Michel Simard.
Est-ce que ce n'est pas en plein coeur du mandat de la commission, ça ?
Pas mal plus que la couleur de l'encre des stylos.
Commission Bastarache
Marcel, les avocats et la «famille»
Pourquoi un avocat qui souhaite devenir juge aurait-il l'idée de donner son curriculum vitae à un solliciteur de fonds du Parti libéral ?
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