Pourquoi rejeter la voie référendaire?

Il est nettement possible de gagner un référendum sur la souveraineté pour peu qu'on s'y prépare adéquatement

Chronique de Bernard Desgagné

Le rejet de la voie référendaire est au coeur de [l'argumentaire d'Éric Tremblay->7469] et de certains autres indépendantistes, qui pensent à raison qu'une fois élu, le Parti québécois aurait dès lors le droit de déclarer l'indépendance du Québec. M. Tremblay a déjà [explicité sa pensée à cet égard->6731] en y intégrant beaucoup de bonnes idées. Mes félicitations pour vos belles contributions à notre réflexion collective, Monsieur Tremblay.
Toutefois, il reste qu'il est nettement possible de gagner un référendum sur la souveraineté pour peu qu'on s'y prépare adéquatement. J'ai peine à comprendre qu'après avoir obtenu presque 50 % des voix dans un référendum où l'adversaire a triché, nous, les indépendantistes, soyons défaitistes au point de ne plus croire la victoire possible. L'accession à l'indépendance est théoriquement réalisable sans référendum, mais si vous étiez premier ministre du Québec, préfèreriez-vous négocier la sécession avec Ottawa après avoir recueilli 38 % des voix aux dernières élections générales ou après avoir recueilli 52 % des voix dans un référendum? Donc, sans condamner la voie proposée par Éric Tremblay, qui est tout à fait cohérente, pourquoi rejeter d'emblée la voie référendaire en agitant les épouvantails Harper et Dion ou en invoquant les sondages de Gesca?
Il s'agit de lire Clotaire Rapaille, un grand ami et admirateur du Québec, pour comprendre qu'il ne faut pas croire ce que les gens disent dans les sondages. Du moins, il ne faut surtout pas le prendre au premier degré. Quand les Québécois disent qu'ils ne veulent pas de référendum, ils veulent dire autre chose. Sinon, pourquoi seraient-ils si nombreux à affirmer du même souffle qu'ils souhaitent quand même l'indépendance du Québec? Parce qu'ils préfèrent les élections référendaires? Permettez-moi d'en douter. Je pense que les tenants de l'accession à l'indépendance sans référendum forment une toute petite minorité de la population québécoise, même si, je le répète, cette option serait légitime et légale. (D'ailleurs Mme Marois devrait le reconnaitre, ce qui l'aiderait sans doute à faire remonter sa cote de popularité parmi les indépendantistes convaincus.)
En fait, les Québécois savent que le Parti québécois est le navire amiral du mouvement indépendantiste. Et, tant qu'ils verront dans ce navire amiral une coquille de noix ballotée par les flots, dont le capitaine ne semble pas sur la même longueur d'onde que la population, ils n'auront pas le goût d'entreprendre l'aventure de l'indépendance. Si, contrairement à André Boisclair et d'autres avant lui, Pauline Marois arrive à refaire du Parti québécois un parti d'idées, si elle arrive à incarner l'âme québécoise, si les Québécois se reconnaissent dans son discours, il ne sera pas difficile pour le mouvement indépendantiste de gagner un référendum. Je ne suis pas absolument convaincu que Mme Marois y parviendra, mais je suis prêt à lui faire confiance et à l'aider pour quelque temps.
Le Parti québécois a beaucoup de pain sur la planche. Il doit renouer avec l'audace et recruter quelques-uns des plus grands esprits du Québec. Les Québécois ont beaucoup évolué depuis 1980. La peur et les promesses fédéralistes ont moins de prise sur eux qu'à l'époque. Si une équipe ayant le panache et l'envergure de celle de René Lévesque en 1976 prenait le pouvoir, le référendum pourrait avoir lieu dans les semaines qui suivent et il serait gagné avec une question toute simple, sans aucune allusion à un partenariat ou une association. C'est par la compétence, la rigueur, le jugement, l'ardeur au travail et la créativité qu'un parti politique ou un gouvernement s'attire la confiance de la population et que celle-ci accepte de le suivre.
Tâchons de redonner au Parti québécois et au mouvement indépendantiste tout le lustre et toute la crédibilité nécessaires pour que l'accession du Québec à l'indépendance ne soit plus qu'une formalité, avec ou sans référendum.
Bernard Desgagné

Gatineau


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7 commentaires

  • Nestor Turcotte Répondre

    2 juillet 2007

    Cher monsieur Desgagné,
    Un autre petit mot.
    Jacques Parizeau est allé prononcer une conférence à Québec, il y a quelques semaines, affirmant l'urgence de réaliser l'indépendance nationale dans le cadre de la mondialisation. Thèse que j'approuve totalement.
    Comment expliquer qu'il y à peine quelques jours, Pauline Ière, devant l'ancien Premier ministre, le chef du Bloc québécois, la totalité ou presque de la députation péquiste, a réussi, dans son discours, à dire exactement le contraire de l'illustre indépendantiste, qui fut Premier ministre de 1994 à 1995? Pourquoi, selon vous, Parizeau n'a-t-il pas condamné vertement les propos du nouveau chef péquiste qui remet aux calendres grecques l'indépendance du Québec, renouant ainsi, très habilement, avec le disours des conditions gagnantes de Lucien Bouchard? Serait-ce parce que son épouse fait maintenant partie de la nouvelle députation péquiste et qu'il se sent muselé par l'engagemeent politique de sa femme? J'attends votre réponse.
    Le PQ vient d'enterre son option, avec l'arrivée de Pauline Marois. Que vous le vouliez ou non, - je connais suffisamment mon histoire - le parti de René Lévesque est revenu à la thèse de l'ancien Premier Ministre Daniel Johnson (1966): ÉGALITÉ ou INDÉPENDANCE. Vous me condamnez pour mes propos. C'est parce qu'ils mal et démasquent l'appartchik péquiste, en perpétuel mutation de programme.
    Et dire tout cela, à nouveau, fait-il de moi un fédéraliste? Ce qui a manqué au PQ depuis des décennies, c'est l'esprit critique. Madame Marois dit que le Parti s'est éloigné du monde. Faux. C'est le monde qui s'est éloigné du Parti. A cause de ses pirouettes et ses tergiverstations...
    Vous semblez l'avoir perdu, cher monsieur, ce sens critique. Et bien de nos concitoyens sont maintenant tout aussi teindus péquistes que l'était mon père, qui a été libéral toute sa vie. J'aurais bien des anecdotes à ce sujet. Je réserve cela pour notre débat public. Si vous y constentez, naturellement ! Cameras pour tout filmer.
    Nestor Turcotte
    Matane

  • Archives de Vigile Répondre

    2 juillet 2007

    Cher Monsieur Desgagné,
    Je vous défie de me prouver que mes propos ne sont pas justes.
    En 1980, René Lévesque a demandé un mandat de négocier. Quoi? J'étais là. Je n'ai pas travaillé à faire gagner le OUI à cette époque parce que, tout simplement, un OUI voulait dire qu'on resterait dans le Canada. René Lévesque est allé confirmé à Paris, devant Claude Morin, que ce qu'il voulait à savoir une nouvelle Confédération. Voulez-vous la référence. Voilà pour le cas de 1980.
    Affirmer cela, ne fait pas de moi un fédéraliste.
    En 1995, Parizeau devait poser une question claire. Allez dans vos papiers et lire ce qu'il disait au sujet de la question. Une question intelligente, que tout le monde pouvait comprendre et qui n'était pas ambiguë. Parizeau nous l'avait promis. Pourtant il a reposé exactement la même question qu'en 1980, avec des mots différents, sauf qu'il se donnait le droit, si les négocations ne marchaient (il est aisé de faire avorter des négociations) de proclamer l'indépendance nationale. On a appelé cela la cage à homards. Il y a de bons livres de publier qui confirment cette thèse. Je peux vous envoyer les références.
    Dire cela ne fait pas de moi un fédéraliste. Et quelqu'un qui travaille pour un journal en particulier. J'envoie mes textes à tous les journaux du Québec. Certains les publient, d'autres pas. LE DEVOIR, du 13 juin dernier vient de publier un très long article que j'ai commis, au sujet de la réforme en éducation. J'espère que vous l'avez lu. Et en critiquant l'ancienne ministre de l'Éducaition, Madame Marois, ne fait pas de moi un fédéraliste.
    Pourquoi est-ce si compliqué, au Québec, d'écrire une question sur l'indépendance du Québec? Parce que les gens qui sont supposés véhiculer cette option n'y croient tout simplement pas.
    Et lorsqu'on les questionne sur la place publique, comme je le fais souvent, on se fait taxer de fédéraliste déguisé, et cela, sans avoir rencontré la personne et en avoir discuté avec elle. Les propos que vous tenez cher monsieur, éloignent les indépendantistes. J'en ai expressément la preuve dans nma région.
    Et puis, invitez-moi dans un débat public, où vous aurez à défendre votre point de vue et où j'aurai à défendre le mien. Vous verrez que j'ai toutes les preuves à l'appui de ce que j'AVANCE...
    lA MALADIE DU PQ, qui est celle vous gangrène, semble-t-il, a tué le cause souverainiste. Cherchez des pous où vous pouvez, les gens de ma région savent que je suis un séparatiste. Mon député, je ne sens sais rien: il n'en parle jamais.
    Nestor Turcotte
    Matane

  • Archives de Vigile Répondre

    2 juillet 2007

    Contrairement à ce qu'affirme M. Turcotte, on sait bien que les référendums de 1980 et de 1995 n'étaient pas du tout de même nature. En 1980, le gouvernement demandait à la population un mandat de négocier la souveraineté-association. Il s'agissait donc de refaire le fédéralisme sur la base de la souveraineté du Québec. Un deuxième référendum était prévu pour demander l'aval de la population concernant le fruit de la négociation.
    En 1995, un oui impliquait nécessairement la souveraineté du Québec, mais cette souveraineté était assortie d'une offre de partenariat. Une offre, pas une obligation. Il n'y avait pas de deuxième référendum au programme. Les Québécois étaient parfaitement conscients qu'ils choisissaient la souveraineté, sauf peut-être Mario Dumont, dont l'honnêteté en la matière peut être sérieusement mise en doute.
    Les sondages, eux, ne sont que des sondages, surtout lorsqu'ils sont réalisés à postériori.
    Si l'adversaire n'avait pas triché, le Québec serait aujourd'hui un pays et nous n'aurions plus à écouter les élucubrations de M. Turcotte, qui sont largement instrumentalisées et diffusées par Gesca, dans le but de diviser le mouvement indépendantiste et de salir et le Parti québécois, et le Bloc québécois. Jetez un coup d'oeil dans le site Cyberpresse, et vous y verrez l'oeuvre de M. Turcotte dans toute sa splendeur.

  • Archives de Vigile Répondre

    1 juillet 2007

    Si vous voulez un référendum alors voici une pétition..
    Car maintenant, il faut que la population le demande...

  • Archives de Vigile Répondre

    30 juin 2007

    Monsieur Bousquet,
    Vous avez absolument raison. Si on posait la seule et unique question que l'on devrait poser aux Québecois, celle que Jacques Parizeau avait promis de poser en 1994 (mais qu'il a modifiée sous l'influence Bouchard et Dumont, deux confédéralistes), on aurait eu le libellé suivant: ACCEPTEZ-VOUS QUE LE QUÉBEC DEVIENNE SOUVERAIN EN DATE DE....? OUI ou NON ?
    Le OUI de 1980 et le OUI de 1995 ne veulent rien dire. Puisque les deux questions portaient, non pas sur l'indépendance, mais sur la négociation d'un nouvelle Confédération. Je l'ai déjà écrit ailleurs. Un sondage, quelques jours après la consultation de 1995, affirmait que plus de 50 % des gens qui avaient voté OUI pensaient qu'ils allaient rester dans le Canada après un OUI.
    Quand j'entends encore Bernard Landry dire qu'on est passé à un cheveu de faire l'indépendance en 1995, je dois me contenir pour ne pas dire tout haut ce que je ne peux écrire.
    Vous avez raison cher Monsieur. Les indépendantistes oscillent autour de 35 %. Les autres, sont confédéralistes. En additionnant les deux groupes, on arrive à près de 50 %. Mais on ne se fait pas reconnaître comme pays avec des béquilles du genre.
    Si j'avais un peu moins d'âge, j'entreprendrais une tournée du Québec pour expliquer et faire réfléchir sur le drame de notre peuple. On se contente de demi-mesure et on se fait avoir par ceux-là mêmes qui parlent de nous libérer.
    Nestor Turcotte
    Matane

  • Archives de Vigile Répondre

    30 juin 2007

    Si je comprend bien M. Nestor Turcotte, si la question du référendum de 1995 avait porté sur la souveraineté à la place de négocier une vraie confédération, le Oui aurait perdu par une plus large marge.
    Ce qui précède voudrait simplement confirmer que le nombre de vrais souverainistes sans mention d'association ou de partenariat serait autour de 30 % (le score du PQ à la dernière élection).
    Comme un récent sondage montre qu'environ 70 % de Québécois sont fiers d'être Canadiens et qu'il y a 30 % de souverainistes purs, que ce soit le bazou PQ ou un autre qui prenne la place, ça va prendre un bon chef pour renverser cette situation.

  • Archives de Vigile Répondre

    30 juin 2007

    Deux points sont à rejeter dans votre exposé.
    1)Le référendum (plébicite ?) de 1995 ne portait pas sur l'indépendance du Québec. Pour vous en convaincre: lisez bien la question. Il portait sur un mandat de négocier une nouvelle entente confédérale. Les Québécois ont dit OUI à cette demarche. Si on leur avait demandé s'ils acceptaient que le Québec devienne souverain, le résultat n'aurait pas été du tout le même. A preuve. Quelques jours après le référendum de Jacques Parizeau, un autre sondage confirmait que 54 % des gens qui avaient voté OUI pensaient qu'ils allaient par la suite rester dans le CANADA.
    2)Vous espérez réformer le parti de Pauline Marois. Ne vous rendez-vous compte qu'il a déformé tout le monde et qu'il est en train de mourir de sa belle mort? Vous pouvez bien croire encore que la nouvelle démarche proposée menera le Québec à son indépendance, c'est votre choix. Les indépendantitstes, les plus convaincus et les plus vaillants, s'ils veulent se donner un pays, doivent quitter le vieux à "bazou" du parti de Pauline et s'organiser autrement.
    Nestor Turcotte
    Matane