L’individualisme a servi l’ADQ - En 2004, Jonathan Valois (à droite) avait déposé, avec ses collègues Stéphan Tremblay et Alexandre Bourdeau, un document préconisant une révision en profondeur de l’option péquiste. (Photothèque Le Soleil)
Michel Corbeil - Le Parti québécois a perdu pied dans des régions comme Québec et Chaudière-Appalaches en partie parce que les citoyens y sont animés par un plus fort sentiment d’individualisme qu’ailleurs en province, notamment à Montréal. Un sentiment qui trouve un écho favorable à l’ADQ. Un sentiment auquel doit s’ouvrir le PQ.
Dans un texte paru dans son blogue ([www.jonathanvalois.blogspot.com->www.jonathanvalois.blogspot.com]), M. Valois revient sur le fait que « Québec et les régions qui longent le fleuve jusqu’à Montréal se sont tournées vers l’ADQ » de Mario Dumont tandis que le Parti québécois s’imposait au Saguenay—Lac-Saint-Jean, en Abitibi et dans le Montréal francophone. Il rappelle que le Parti libéral du Québec a tout conservé dans les circonscriptions anglophones.
Son texte est coiffé avec une pointe d’ironie par une interrogation que les souverainistes prennent au sérieux : « Le mystère de Québec ? » « Une des explications (au résultat électoral), bien qu’elle n’explique pas tout, est celle du rapport entre l’individu et sa collectivité », signe prudemment celui qui est sociologue de formation.
Selon son analyse, les secteurs qui ont voté pour le PQ ou le PLQ partagent « une appartenance collective très forte ». Les anglophones serrent les rangs en tant que minorité linguistique. « À Montréal, la fragilité quotidienne du fait français regroupe les francophones. » Dans les régions-ressources de l’Abitibi et du Saguenay, le discours traditionnel péquiste marque encore des points en prônant « la prise en charge collective ».
Pour Jonathan Valois, en Beauce comme à Québec, les citoyens ne se reconnaissent plus dans les « antagonismes francos-anglos et dominants-dominés ». Les secteurs où « le rapport à la collectivité économique ou culturelle se fait de moins en moins important tombent sous le charme d’un parti politique qui place d’abord l’individu au centre » de son action politique.
Il prévient ses anciens collègues du PQ que la tendance qu’il décèle pourrait gagner en popularité. « Ce questionnement, qui existait à Québec et en Beauce, commence à se faire ailleurs au Québec. »
« Le PQ doit changer »
Il profite de sa tribune dans Internet pour inviter le PQ à changer s’il ne veut pas être balayé par le prochain vent électoral. « Si rien n’est fait chez les souverainistes, les prochaines (circonscriptions) à tomber seront en Montérégie et dans les Hautes-Laurentides. Plus le temps passe et plus l’ADQ en profite. (...) De plus en plus de citoyens voteront pour elle une seconde fois, mais, pire encore, ils voteront pour elle comme premier choix. »
Pour Jonathan Valois, si les souverainistes conservent un discours où « l’indépendance est essentiellement une réponse culturelle et une prise en charge collective, (...) ils renonceront à un langage actuel ». Dans son blogue, il plaide que l’individualisme n’est pas incompatible avec les orientations idéologiques du PQ.
« Ce que certains appellent la montée de l’individualisme n’est pas selon moi caractéristique d’une certaine montée de la droite », a-t-il écrit en avril. Les citoyens optent pour qui propose « des solutions aux défis qu’ils croisent quotidiennement ». À ce sujet, il a signé une réflexion où il concluait : « Pourquoi la gauche est-elle incapable de penser l’individu ? »
Avec deux autres jeunes députés, Stéphan Tremblay et Alexandre Bourdeau, eux aussi disparus de l’Assemblée nationale, il avait déposé un document, en 2004, préconisant une révision en profondeur de l’option péquiste, qualifiée de « désuète ». Le rapport des « trois mousquetaires » avait été fort mal accueilli par les dirigeants du Parti.
M. Valois s’est retiré du monde politique pour des raisons familiales. Il n’entend nullement reprendre du service, a-t-il précisé lors d’une brève entrevue. Mais il demeure toujours intéressé par la formation maintenant dirigée par Pauline Marois, comme en témoigne son blogue.
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