Pauline Marois déplore le départ de Louise Beaudoin, Pierre Curzi et Lisette Lapointe

Pacte électoral - gauche et souverainiste



La chef du Parti québécois Pauline Marois déplore la démission des trois députés de son parti - Louise Beaudoin, Pierre Curzi et Lisette Lapointe - en raison de leur opposition au projet de loi privé de leur collègue Agnès Maltais. Mme Marois rejette également du revers de la main les critiques sur son leadership.
Après avoir tenté de les joindre pendant le week-end, Mme Marois a réussi à leur parler lundi. Elle leur a offert de s'absenter lors de la tenue du vote sur le projet de loi 204 - proposant de mettre à l'abri de poursuite judiciaire l'entente pour la construction de l'amphithéâtre à Québec - pour leur éviter de voter contre leur conscience. Les trois députés ont rejeté l'offre de Mme Marois, ce qui fait croire à cette dernière qu'il se cache autre chose derrière ces démissions.
La chef du PQ rejette par ailleurs les critiques de son leadership lancées par les trois démissionnaires qui le qualifie d'autoritaire. Mme Marois soutient qu'elle écoute et consulte longuement son caucus, mais qu'elle doit, en fin de compte, prendre des décisions.
Un trio de démissionnaires
Trois poids lourds du PQ, Pierre Curzi, Louise Beaudoin et Lisette Lapointe, ont annoncé, lundi matin, qu'ils quittaient le caucus péquiste et qu'ils siégeraient désormais comme députés souverainistes indépendants.
Dans un point de presse, les trois députés ont affirmé qu'ils ne se reconnaissaient plus au sein de leur formation politique.
Le Parti québécois que je quitte, c'est celui de l'autorité outrancière, d'une direction obsédée par le pouvoir. L'atmosphère est devenue irrespirable.
— Lisette Lapointe, députée de Crémazie

Ils ont notamment dénoncé le climat étouffant qui règne au sein du PQ. Le projet de loi 204 sur l'amphithéâtre à Québec, parrainé par la péquiste Agnès Maltais, est « la goutte d'eau qui a fait déborder le vase ». Le caucus péquiste est en effet divisé à ce sujet.
Pierre Curzi, Louise Beaudoin et Lisette Lapointe ont expliqué que le caucus péquiste n'a pas été consulté avant la mise en branle de ce dossier par leur collègue. « J'ai été sonnée d'apprendre que la décision était sans appel et qu'aucune note discordante ne serait acceptée », a expliqué Mme Lapointe, la femme de l'ex-premier ministre Jacques Parizeau.
Pour les trois députés, le projet de loi 204 créerait un dangereux précédent, puisqu'il vise à protéger de toutes contestations judiciaires des contrats qui ne sont pas encore rédigés.
M. Curzi a affirmé qu'il n'aurait plus été capable de se « regarder dans le miroir » s'il avait été obligé de voter en faveur du projet de loi.
Selon Louise Beaudoin, il n'y avait aucune ouverture : « Jusqu'à samedi, c'était clair, on devait se soumettre ou se démettre ».
La députée de Rosemont, membre du PQ depuis 1970, a expliqué que son sens de la justice ne lui permettait pas de rester.
Mme Beaudoin a ensuite critiqué la façon dont se fait la politique aujourd'hui, déplorant notamment « la partisanerie qui rend aveugle », « la rigidité de la ligne de parti » et « le ton guerrier » en Chambre. Toutes des choses, selon elle, qui alimentent le cynisme de la population.
Pour Lisette Lapointe, qui se décrit comme une fan des Nordiques, sa défection « est beaucoup plus qu'une histoire d'aréna ». « Je ne me reconnais plus dans ce parti, je ne m'y sens plus à ma place. J'ai la pénible impression que nous nous éloignons de la souveraineté et du pouvoir, qui semblaient si proches.
Une main tendue de Pauline Marois, mais trop tard
Les députés démissionnaires se sont entretenus avec leur chef quelques minutes avant d'annoncer leur démission. Pauline Marois leur aurait fait différentes propositions, soit s'absenter ou s'abstenir lors du vote, voir même voter contre le projet de loi, mais il était trop tard, ont-ils estimé.
Pierre Curzi a reconnu le dur coup qu'il porte à sa formation. « Mais on sait aussi que la classe politique est modifiée et qu'elle risque de l'être encore. Espérons que ce sera un effet passager. »
Mme Lapointe croit que ces démissions auront un effet positif sur le parti. « Ça va certainement faire en sorte que des députés vont vouloir faire de la politique autrement. Pas du clientélisme, pas prendre une position avec laquelle une majorité du caucus est inconfortable pour deux trois votes. »
Rappelons que la Ville de Québec échappe au Parti québécois depuis de nombreuses années, et que la formation aimerait faire des gains dans la région.
Un « coup terrible », selon Jean-Pierre Charbonneau
Même s'il parle d'un « coup terrible », l'ex-député péquiste Jean-Pierre Charbonneau a confié à Radio-Canada.ca qu'il n'était pas surpris par le départ de ces trois députés, connaissant l'« insatisfaction profonde » qui existe au sein du caucus du PQ.
M. Charbonneau estime que Pauline Marois a fait le choix de « se coller aux plus électoralistes et aux députés dinosaures » du PQ, tout en « négligeant les autres opinions », comme celles de Pierre Curzi, Louise Beaudoin et Lisette Lapointe.
De l'avis de l'ancien député, ce n'est pas seulement Jean Charest qui doit se frotter les mains en ce moment, estimant que François Legault doit lui aussi se réjouir de ce départ fracassant de trois députés péquistes.
L'ex-premier ministre péquiste Jacques Parizeau accompagnait sa femme Lisette Lapointe au moment de l'annonce faite par les trois élus. Il s'est refusé à tout commentaire sinon pour reconnaître que sa présence est hautement symbolique.


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