Mouvement souverainiste

Parler moins, écouter plus

Recomposition politique au Québec - 2011



Gilles Duceppe a brisé le silence qu'il observait depuis la défaite de son parti et son propre revers le 2 mai. Sur le plan personnel, l'homme est brisé, et il demande, lorsqu'interrogé sur le rôle qu'il pourrait désormais jouer sur la scène publique, de donner du temps au temps. Sa remarque vaut aussi pour l'avenir du Bloc québécois et de la cause souverainiste.
Depuis que sont connus les résultats de cette élection, de nombreuses lectures sont proposées pour expliquer la nouvelle géographie politique du Canada et du Québec. Certains voient dans la défaite du Bloc un coup fatal à la souveraineté. À l'opposé, d'autres croient que celle-ci trouvera dans la nouvelle donne politique un contexte favorable à des avancées. Bien présomptueux celui qui penserait avoir la bonne interprétation.
Une seule chose peut être avancée aujourd'hui avec un degré raisonnable de certitude. L'appui massif accordé le 2 mai au NPD par des électeurs traditionnellement bloquistes n'a pas été inspiré par un reniement de l'idée de souveraineté. Les résultats du sondage Léger Marketing de ce jour confirment que plus de 40 % de Québécois y adhèrent toujours. Des fédéralistes éclairés, comme Lawrence Cannon, ont d'ailleurs prévenu qu'il ne fallait surtout pas tirer un trait sur le mouvement souverainiste.
Qu'un tel appui persiste ne doit pas laisser croire que la souveraineté est près de se réaliser. Reste à passer aux actes. Or, l'électorat au Québec est éminemment volatil. L'ont démontré le scrutin du 2 mai, mais aussi les poussées de fièvre adéquistes des dernières années. Selon l'humeur du moment, on vote à droite ou à gauche, ce qui traduit une fatigue envers les vieux partis et leurs discours déphasés.
Cette volatilité, Gilles Duceppe ne l'a pas sentie. On ne le lui reprochera pas, parce que ses adversaires non plus ne l'ont pas pressentie. Mais il aurait dû aborder cette élection avec moins d'assurance, erreur que ne doit pas répéter le PQ. Publiquement, Pauline Marois affirme sa confiance et maintient le cap arrêté au congrès du mois d'avril. Toutefois, si en son for intérieur elle ne reçoit pas le résultat du 2 mai comme un choc salutaire, elle peut s'attendre au pire.
La difficulté pour le mouvement souverainiste ces deux prochaines années sera de trouver ses repères, ceci alors que la dynamique politique continuera d'évoluer. Sur la scène québécoise, il y aura l'effet François Legault qui, allié avec l'ADQ, pourrait briser la domination traditionnelle des péquistes et des libéraux sur la scène québécoise. Sur la scène fédérale, le NPD fera en sorte d'occuper le plus d'espace possible. Devenu opposition officielle, son objectif premier est de se préparer à prendre le pouvoir, ce qui exigera qu'il consolide ses 56 sièges acquis au Québec. À moins de vouloir lui céder tout l'espace, le Bloc doit continuer d'être présent à Ottawa.
Au-delà de l'inventaire des causes de cette défaite, un aggiornamento s'impose dans le mouvement souverainiste. Il lui faut retourner sur le terrain, sortir des parlements, parler moins et écouter plus ce que les Québécois ont à dire. Surtout, il lui faut rejoindre les jeunes, adapter son discours aux générations X et Y. Ce sont par celles-ci que les Québécois ont voulu cette fois être représentés à Ottawa. C'est à celles-ci que de toute façon il reviendra d'assumer le pouvoir et de réaliser la souveraineté si elle doit se réaliser. La vraie leçon du 2 mai, elle est là.


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