Parizeau répudie la proposition péquiste des dernières années

Pauline Marois - entre urgence et prudence

Dans sa récente sortie, malgré un ton qui aura pu paraître relativement prudent pour certains, Jacques Parizeau répudie de bout en bout ce qui constitue l'essentiel de la proposition péquiste des dernières années.

D'abord, sur la question du rapatriement éventuel de pouvoirs, qu'on présente, conjointement avec la défense de champs de compétence provinciaux, comme faisant partie de ce qu'on appelle la " gouvernance souverainiste '', Parizeau souligne à juste titre que nous savons depuis longtemps qu'il n'y a absolument rien de significatif à obtenir d'Ottawa en ce sens, et fait bien ressortir la contradiction grossière à cet égard entre les prétentions péquistes et le discours plus porteur, selon lui, de Gilles Duceppe, qui s'emploie plutôt à mettre en lumière l'évident cul-de-sac canadien.

Cela rejoint l'autre sujet fondamental sur lequel M. Parizeau est en désaccord manifeste avec l'élite péquiste, i.e. ce que certains appellent " la pédagogie ", ou le " pourquoi " de l'indépendance. Parizeau affirme que l'on ne fait rien de ce côté depuis des années, autrement qu'en ressortant la souveraineté ça et là comme un hochet, pour calmer l'impatience des militants.

En bref, le tableau que brosse l'illustre indépendantiste est à l'effet que les péquistes ont une action indépendantiste faible, plus clientéliste que conséquente.

Les péquistes seront peut-être tentés, pour amoindrir la portée du propos de l'ancien chef toujours très respecté, de se rabattre sur le fait que celui-ci, comme eux, ne juge pas pertinent de s'attarder à la question de l'échéancier référendaire; eux qui utilisent souvent cette image un peu ridicule de date et d'heure pour justifier leur absence d'engagement concret -- Bernard Drainville est le champion de ce procédé -- , ils feraient lourdement erreur, à mon humble avis, en s'imaginant qu'à travers cette apparente convergence, ils ont la caution de M. Parizeau.

Je pense que, pour l'ex-Premier Ministre, il va tout simplement de soi qu'un parti qui veut faire l'indépendance par référendum -- ou autrement, on l'imagine bien --, agisse en conséquence, que ce soit avant ou après la prise du pouvoir. Il rappelle que lui-même s'était donné huit à dix mois pour faire son référendum, et qu'il aura finalement mis douze mois pour y parvenir, mais que tout cela ne fut possible que parce qu'il s'y était préparé pendant quatre ans auparavant. En fait, Parizeau semble dire que de focaliser sur un échéancier référendaire qui devrait de toute façon aller de soi, c'est passer à côté de l'essentiel. Et que ce n'est pas parce que le PQ ne fixe pas de date, qu'il fait l'essentiel pour autant.

En d'autres termes, le propos de Parizeau montre bien que sans le fondement d'une démarche indépendantiste consistante, le débat sur l'échéancier devient singulièrement futile.

Cela dit, ces considérations très pertinentes n'effacent en rien les leçons de l'histoire du Parti Québécois, qui montrent que l'exercice du pouvoir compromet rapidement la capacité de faire un référendum ayant de bonnes chances de succès, et que l'intendance provinciale prolongée place les souverainistes dans une position qui contredit rigoureusement leur message, et les enferme dans un rôle stérile de nationalistes de province qu'ils n'ont pas à jouer.

C'est justement ce rôle que les péquistes, à l'heure actuelle, s'engagent à remplir avant toute chose.



Nic Payne
Montréal


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    29 octobre 2010

    Bonjour M. Payne,
    je vois les choses exactement comme vous, plusieurs de mes textes en font foi, et je ne comprends pas pourquoi la plupart des autres lecteurs de Vigile ne semblent pas partager cette perception. C'est comme si ça faisait trop mal, on ne veut pas le savoir.