Résumé du mémoire présenté à la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles
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Septembre 2007
Messieurs les Commissaires, bonjour.
Je me présente.
Ancien directeur général de CLSC, il y a cinq ans en prenant ma retraite, mon épouse et moi avons déménagé à Montréal, en provenance des Laurentides. Je suis originaire du Manitoba dans l’Ouest canadien. Mes parents avaient immigré de Bretagne en France au tout début du vingtième siècle.
Ils ont donc dû s’adapter et s’intégrer à la société franco-manitobaine, à sa langue et à sa culture. À leur arrivée vers 1905, ils ne parlaient que le breton.
Au Manitoba, au début, les francophones étaient majoritaires. Ceux qui connaissent un peu l’histoire du Canada savent aussi que les droits des Franco manitobains étaient, au début du vingtième siècle, semblables à ceux de la minorité anglo-québécoise aujourd’hui. Malheureusement lentement mais sûrement ces droits des Franco manitobains ont été abolis par les gouvernements. Premièrement, ils ont orchestré une immigration massive de nouveaux Canadiens qui adoptaient l’anglais comme langue d’intégration. Ensuite ils ont brutalement aboli les droits linguistiques des francophones ce qui a conduit inévitablement à leur assimilation à la nouvelle majorité.
Le résultat, les francophones ne sont aujourd’hui que 2 % à parler le français à la maison, le même 2 % que les Québécois en Amérique du Nord.
Mon épouse et moi avons donc immigré au Québec en 1976 avec nos deux aînés dans le but de vivre en français et de faire partie de la majorité. Le clan Le Gal compte aujourd’hui 17 personnes, dont deux nouveaux immigrants.
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Là où, de toute évidence, il y a problème, c’est avec les accommodements politico-religieux et avec les principaux leaders politiques québécois qui n’ont pas pris leurs responsabilités au cours des dernières années dans ce dossier.
Pour sortir grandi de cet épisode pénible des accommodements raisonnables (et particulièrement pénible pour plusieurs nouveaux Québécois), pour bâtir ensemble une société québécoise encore plus harmonieuse qui ferait l’envie des sociétés modernes, il faut donc :
1er : que les autorités politiques assument leurs responsabilités.
2e : que les privilèges et accommodements politico-religieux soient graduellement retirés et que les autorités clarifient ce qui est acceptable et pas au Québec tout en préservant notre patrimoine historique religieux. Pour certains accommodements ce sera assez simple. Comme donner des directives claires aux dirigeants des organismes publics et parapublics en cause. Pour d’autres, ce sera plus compliqué. Faudra-t-il modifier la Charte des droits et libertés du Québec? Pourquoi pas? Ce n’est pas la Bible, le Coran ou la Torah. Si la Charte canadienne des droits et libertés est en cause, il faudra sans doute attendre que le Québec devienne indépendant parce que de vouloir modifier cette Charte canadienne pour respecter le Québec serait aussi impossible que de vouloir fusionner la Bible, le Coran et la Torah. D’autant plus que cette Charte canadienne a été imposée aux Québécois par l’ami Trudeau afin d’emmerder le Québec notamment pour sa Loi 101.
3e : que le statut du français comme valeur majeure d’intégration soit renforcé notamment au collégial et au travail et que tous les Québécois apprennent la langue de la nation. Comment voulez-vous que nos nouveaux compatriotes s’intègrent au Québec dont la seule langue officielle est le français quand c’est évident pour eux qu’au travail, l’anglais est très souvent plus important que le français. Comment avoir l’indécence de demander à plusieurs d’entre eux d’apprendre deux nouvelles langues, l’anglais et le français, dans ce pays où seul le français est la langue officielle! Ne soyons pas surpris que les mêmes leaders et autres lobbys qui combattaient férocement la Loi 101 en 1977, aujourd’hui, 30 ans plus tard, l’aiment tant. Oui, ils l’aiment cette Loi 101 parce qu’elle a été affaiblie quelques 200 fois par la Court suprême du Canada.
4e : que l’apprentissage d’une deuxième et d’une troisième langue soit encouragé dans le réseau scolaire québécois, notamment en réformant radicalement le programme actuel.
5e : que la société québécoise d’accueil intensifie les moyens pour faciliter l’intégration des immigrants notamment par un meilleur choix du pays d’origine, en éliminant les abus subis chez nous, par exemple, par les travailleurs agricoles en milieu rural, et les aides ménagères chez les riches de Westmount et d’Outremont, par des emplois à la hauteur de leur compétence et par l’intégration davantage en région.
6e : qu’une prise de conscience nationale soit réalisée et diffusée au sujet de l’apport exceptionnel des nouveaux Québécois à la société d’accueil.
7e : qu’en attendant d’avoir tous les pouvoirs d’un pays, le gouvernement du Québec instaure une cérémonie protocolaire d’accueil officiel des nouveaux Québécois. À cette cérémonie, on souhaiterait la bienvenue à ceux et celles qui auront rempli les conditions requises pour devenir citoyen québécois à part entière, c'est-à-dire :
a) avoir appris le français, la langue commune et la langue officielle ou être résolument en processus d’apprentissage;
b) connaître et adhérer de façon générale aux valeurs de la société d’accueil québécoise, dont les principales sont : le français comme langue publique commune, l’égalité, particulièrement entre homme et femme et la laïcité.
c) faire des efforts concrets pour s’intégrer à la société québécoise.
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Voilà, Messieurs les Commissaires. Je suis prêt à répondre à vos questions.
Commission Bouchard-Taylor - Mémoire
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