Dans le dossier environnemental, le premier ministre, Stephen Harper, est en total décalage avec la majorité des citoyens qu'il représente. Son approche rétrograde est une disgrâce qui salit la réputation canadienne à l'échelle internationale comme vient de le démontrer cette semaine le rapport des Nations unies sur le développement. Disons-le franchement, M. Harper fait honte aux Canadiens lorsqu'il parle d'environnement.
Redire, comme il le fait depuis quelques jours, que le Protocole de Kyoto est une "erreur à ne pas répéter" équivaut à affirmer en ce début de XXIe siècle que la terre est plate. Soutenir, comme il le fait, qu'une économie performante comme celle du Canada n'est pas en mesure de prendre le virage vert aussi rapidement que ne le font les pays européens est de même, risible.
Il ne faut pas chercher loin pour trouver l'élément expliquant l'écart entre nous et les Allemands ou les Norvégiens. La différence, c'est la volonté politique, la conviction intime de leurs élus d'avoir une responsabilité directe dans le mieux-être de la planète et de ses habitants.
La partie n'est facile pour personne, mais les dirigeants éclairés cherchent à être partie de la solution. Stephen Harper, lui, fait partie du problème.
Les arguments derrière l'inaction conservatrice ne sont en fait que de grossiers faux-fuyants. Que le premier ministre et son ministre de l'Environnement cessent tout d'abord de se cacher derrière l'excuse que les libéraux n'ont rien fait avant eux. Ils ne sont plus justifiés de l'invoquer. Ils sont au pouvoir depuis deux ans et c'est eux maintenant qui portent le fardeau de la preuve.
Or, la seule que nous ayons vue jusqu'à maintenant est pire que l'inaction libérale. Le gouvernement conservateur a fait passer le Canada du côté obscur des forces environnementales, ses représentants travaillant dans les grands forums internationaux à contrecarrer les efforts de ceux qui luttent pour le progrès. Les Canadiens refusent cette étiquette de parias.
Par ailleurs, exiger que tous les pays - riches, pauvres et émergents - soient tous signataires d'un engagement contraignant de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) avant d'accepter soi-même de signer, c'est la garantie absolue de l'immobilisme. Personne n'est dupe.
C'est aux économies fortes de donner l'exemple et de contribuer activement au développement de technologies propres, qu'il sera ensuite possible de partager avec les autres nations.
Il est enfin faux de prétendre que le Canada n'est pas en mesure d'atteindre les cibles de Kyoto. Il est trop tard pour imposer maintenant à l'industrie canadienne des mesures qui forceraient les entreprises à atteindre à elles seules les cibles d'ici 2012. Mais il ne l'est pas si le gouvernement enclenche dès maintenant une mise au pas graduelle des pires pollueurs et souscrit en même temps au principe de la Bourse du carbone.
Globalement, la facture pour ces "permis de polluer" pourrait s'élever jusqu'à trois milliards de dollars canadiens annuellement pour racheter notre laisser-aller des dernières années. Mais en laissant une partie du fardeau sur les épaules des responsables des émissions, il est hautement probable que les réductions seraient accélérées et la facture vite allégée.
Que ce soit en termes d'amélioration de la santé des Canadiens par la diminution de la pollution ou en termes de hausse de compétitivité des entreprises par l'élimination du gaspillage d'énergie via des technologies plus performantes, l'argent investi en environnement est un investissement, pas une dépense. Il est urgent que les conservateurs en poste à Ottawa le réalisent. Sinon, il faudra conclure au bête calcul à courte vue visant à protéger de bien petits intérêts politiques.
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