Assurer la légitimité

L'affaire Desmarais



(Québec) Même s'il n'a pas commenté hier le sondage Segma-Le Soleil sur le dossier de l'amphithéâtre, le maire Régis Labeaume était sans doute heureux de constater que les citoyens de Québec sont toujours derrière lui et derrière l'entente signée avec Pierre Karl Péladeau. Il y a là une légitimité minimale actualisée.
Il est important de constater que les premiers concernés, soit les contribuables de Québec, évaluent majoritairement que l'entente signée par la Ville avec Quebecor Media débouche sur un partenariat mutuellement profitable. Aussi les deux tiers de ces Québécois souhaitent-ils que cette entente soit protégée par une loi de l'Assemblée nationale comme le propose le Parti québécois.
Même si plusieurs citoyens ne seraient probablement pas en mesure d'élaborer sur les détails de l'accord, ils savent cependant que leur maire a travaillé à limiter les risques et qu'il s'est engagé à ce que ce projet n'ait pas d'incidence négative sur leur compte de taxes. Et ils lui font confiance là-dessus.
Tout comme ils lui font confiance pour faire progresser Québec et la faire rayonner, notamment en créant les conditions pour un retour d'une équipe de la Ligue nationale de hockey dans la capitale.
Et ils conviennent qu'une entreprise comme Quebecor Media a les moyens de rendre profitable ce retour largement espéré des hockeyeurs professionnels à Québec.
Ceci étant, il ne suffit pas qu'une solide majorité de citoyens soient favorables à un dossier pour le rendre souhaitable, conforme aux lois et exempt de risques indus.
C'est d'autant plus vrai que dans ce cas-ci, des gens compétents et de bonne foi sont convaincus qu'il s'agit là d'un accord illégal doublé d'une mauvaise affaire.
Comment trancher alors, sans que la conclusion ne soit pour autant repoussée aux calendes grecques?
Il faut se souvenir que les villes sont des créatures de l'État québécois. Elles agissent sur délégation de pouvoirs, en vertu de lois et de balises élaborées par le gouvernement du Québec. Il y a surveillance de leurs actions et des instances sont en place pour imposer des sanctions en cas d'incartade.
Alors, si le gouvernement au pouvoir et le principal parti d'opposition font la même lecture de l'entente que celle du maire, de son conseil et d'une solide majorité de contribuables, il y a là un ajout non négligeable de légitimité.
Or, non seulement une large majorité des élus de l'Assemblée nationale voient-ils déjà le dossier d'un oeil favorable, mais ils ont sagement convenu de prendre le temps de le soumettre à l'examen d'une commission parlementaire, où tous les éléments pourront être analysés, et les protagonistes pertinents entendus.
Les élus feront sans doute leur travail de vérification avec sérieux, car ils porteront l'ultime responsabilité de ce dossier. C'est d'autant plus plausible que le maire de Québec n'a pas que des admirateurs chez les députés.
Le véritable enjeu de cette commission : vérifier que l'entente entre la Ville de Québec et Pierre Karl Péladeau n'est pas le marché de dupes que certains y décèlent, et surtout s'assurer que les protections sont là pour que les citoyens de Québec ne fassent pas les frais d'une mauvaise surprise en cours de route.
Or, si ce travail d'examen qui devrait avoir lieu dans les prochains jours s'avère concluant et favorable au projet du maire Labeaume, les députés qui conserveront des objections devront alors sérieusement se demander s'il est raisonnable et pertinent de repousser le vote à l'automne comme le règlement le leur permet.
Maintenant ou plus tard, leur opposition sera de toute manière inscrite, mais ne changerait rien à la nouvelle donne, soit la légalité officialisée de la démarche de la Ville et celle de l'entente avec Quebecor Media.


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